L'autre Colombie La peur de la semaine La photo de la semaine
Dans l'ordre, voici les légendes de nos photos :
1/ Place de la Mairie, à Quito.
2/ La ville de Bogota.
3/ Jeunes du Valdocco, en plein travail.
4/ Enfants cancéreux de l'Albergue.
5/ Au coeur de la forêt colombienne.
En remontant vers le Nord de l'Amérique latine, nous découvrons une zone totalement différente de l'Altiplano. Dans un vieux bus, nous nous engageons sur des routes, parfois chemins boueux, prisonniers d'une nature touffue et luxuriante. L'humidité et la moiteur ambiante décuplent la chaleur tropicale. Seul quelques cabanes de bois construites sur pilotis bordent les voies. Le reste est très difficilement pénétrable. Ces maisons, de bois ou de briques, avec quelques tôles, rustiques et à moitié achevées, réflètent toute la misère émanant d'un pays comme l'Equateur. Dans les campagnes la vie est très rude. Et une fois de plus, en arrivant à Quito, nous constatons comme trop souvent en Amérique du Sud, que la ville attire comme un aimant le pays entier. Les paysans s'entassent dans des quartiers bidonvilles. Bogota, en Colombie, est particulièrement frappant à ce niveau.
A Quito, nous
nous promenons dans le vieux quartier colonial. Beaucoup d'églises construites par les
Jésuites, San Fransisco, etc, dont l'une des plus belles et plus célèbres du continent
: celle de la compagnie de Jésus. Un chef d'oeuvre de l'art baroque. Pas moins de sept
tonnes d'or ont été nécessaire pour sa réalisation! Sur les plafonds, nous retrouvons
des soleils sculptés. Un curieux mélange de christiannisme et de croyances Incas.
En flânant sur les hauteurs, nous contemplons la ville toute en longueur, entourée de
deux chaînes de montagnes volcaniques. L'Equateur est en effet le pays où l'on trouve le
plus de volcans, parfois encore en activité.
Nous nous rendons également au lieu dit "La mitad del mundo". C'est là que le
scientifique La Condamine et son équipe ont situé le passage de la ligne séparant le
globe en deux. Il se trouve que leur calcul s'est avéré exact à quelques dizaines de
mètres près! Nous ne résistons pas à l'envie de nous faire photographier un pied dans
l'hémisphère Nord et l'autre dans l'hémisphère Sud.
Les marchés de la ville révèlent aussi quelques trésors. Des artisans vous proposent
des vêtements en laine de Lama, des chemises indiennes, et de véritables Panama pour les
amateurs de chapeaux.
Quelques jours, c'est finalement peu pour découvrir une grande ville et un pays. Mais il
ne s'agissait là que d'une étape avant la Colombie.
C'est que le trajet est long entre Quito et Bogota. Trente heures de bus, çà a de
quoi vous refroidir... Les paysages, des gorges, des cascades, nous font vite oublier la
distance. Tout comme ce contrôle de police à 4h30 du matin : tout le monde dehors,
fouille individuelle,... Eh oui, nous sommes désormais dans un pays en plein conflit
interne, entre la guérilla, les narcotraficants, les groupes d'autodéfense et les
paramilitaires, difficile de s'y retrouver pour le gouvernement, si bien qu'il tente de
contrôler la situation.
Une fois à Bogota, on nous dira que nous avons eu beaucoup de chance de ne pas nous faire
arréter par la guérilla, car c'est une chose courante sur ce trajet.
La guérilla enlève pour demander des rançons et se financer. Soit 2000 enlèvements par
an, sans compter les quelques 30 000 morts! Nous plongerons pleinement dans le quotidien
Colombien au lendemain de notre arrivée,. De notre logement, nous aperçevons un cadavre
dans la cour voisine! Un homme qui a été tué la veille. Nous sommes littéralement
refroidis par cette vision. Mais rien n'y fait, après quelques jours passés ici, nous
avons la conviction que la Colombie, c'est autre chose que la violence quotidienne et la
drogue (à retrouver dans "L'autre Colombie").
Bogota a connu
une croissance exponentielle ces dernières années. Non seulement la ville attire en
elle-même, mais beaucoup de paysans ont aussi quitté les campagnes à cause de
l'insécurité qui y règne. Environ six millions de personnes vivent ici, souvent
agglutinées dans des quartiers populaires. Des lieux où parfois même la police ou
l'armée n'osent pénétrer (La guérilla est aux portes de la capitale et dans la
périphérie!). C'est à travers des associations que nous aurons l'occasion de nous
plonger dans cette difficile réalité.
Car vous pouvez rester dans le Nord de Bogota, les beaux quartiers, et repartir en vous
disant : quel pays riche, plein de ressources! Ce qui est vrai par ailleurs ne doit pas
éclipser les autres facettes de la Colombie. Dans une nation où la population est très
jeune, les enfants sont les premières victimes de la violence et de la misère. Voilà
pourquoi nous irons rencontrer beaucoup d'associations s'occupant de la jeunesse.
Dans le centre de Bogota, encore un quartier colonial. C'est désormais une constante
sur ce continent. Mais aussi le magnifique musée de l'or! Une collection inestimable
d'objets sculptés par les indiens, de masques, de statues d'homme-guépar, et des
émeraudes parfois grosses comme le poing! Nous sommes ressortis de là les yeux remplis
de dollars et l'envie folle d'aller faire un tour du côté du fleuve Magdalena, la
région des pierres précieuses, de l'or et du pétrole. Mais comme ce rêve ne nous
était pas accessible, nous sommes descendus deux jours dans un petit village de la
région de la Meta : Fuente de Oro.
Un bourg où un père français a monté une oeuvre formidable (à retrouver dans la
rubrique : "le Valdocco"). Alors qu'on nous avait prévenu de nous méfier, de
ne pas y aller à cause de la forte insécurité, nous avons été très surpris de
trouver un havre de paix! Nous avons été invité par des gens du village à dîner, puis
à monter à cheval dans une ferme voisine. Nous nous sommes même promené dans la
forêt, traversant des petits coins de paradis. Enfin, deux jours loin de la furie de
Bogota pour profiter de l'extraordinaire campagne colombienne, c'est revigorant.
Résidant à Fuente de Oro, il ne tarde pas à sillonner la campagne. C'est à partir de
ce moment qu'il constate les difficultés qu'ont les jeunes à poursuivre leurs études.
Pour se rendre à Granada, ville estudiantine la plus proche, les trajets sont très
longs, les bus iréguliers, et nombre d'enfants restent chez eux ou vivent dans la rue. Et
c'est naturellement vers la guérilla, très présente et forte dans le coin, que se
tournent les jeunes. Elle offre de quoi gagner sa vie!
Trouvant des fonds auprès de particuliers et de l'ambassade de France, il crée un centre
d'accueil pour jeunes. En un an et demi, plus de 150 jeunes sont venus grossir les rangs
du "Valdocco", nom donné au centre d'accueil, en référence à un centre que
le père Séguin avait déjà cré à Fougères. Pour que le foyer et l'internat puissent
s'autofinancer, cet ancien chef cuisinier à créé un restaurant et une micro-entreprise
de fabrication de sacs plastiques. Les bénéfices de ces activités permettent de
subvenir au fonctionnement quotidien.
Exemple concret de la réussite du projet, le père a embauché une femme de service, une
cuisinière (qu'il conseille avisément...), quatre bibliothécaires... Et entre autres,
six jeunes qui s'apprétaient à rejoindre les rangs de la guérilla, et à qui il a
confié des responsabilités. En échange, il leur offre l'hébergement et paye leurs
études. Si le père rend espérance à tous ces jeunes, les habitants le lui rendent
bien. Il n'y a qu'à voir l'affection que tout le monde lui porte ici, l'ayant même
protégé un jour, lors d'une action de la guérilla...
Conscientes de cette situation, un groupe de femmes bénévoles ont créé un centre
d'accueil à proximité de l'institut de cancérologie. Financé par le club Richelieu,
une fondation qui aide plusieurs associations, "L'albergue" reçoit des jeunes
de 1 an à 14 ans et les loge le temps qu'ils reçoivent leurs soins. Les mères
accompagnent également leur enfant et participent par des travaux à la vie de la maison.
Nous avons été frappé par l'ambiance de joie et la sérennité régnant dans cette
maison, alors que la raison de leur présence est douloureuse et que chaque enfant peut
mourir d'un jour à l'autre. Le dévouement et le rayonnement des responsables, leur
solidarité et leur sourire permanent est extraordinaire, même dans les moments les plus
difficiles : lorsqu'un enfant ne revient pas. Ce fut une rencontre pleine d'émotion, et
l'espérance qui les anime est presque palpable même avec la maladie et la mort pour
quotidien. Pour les jeunes malades, c'est un moyen d'être accompagné durant ces moments
difficiles, d'être soutenu et encouragé! Et Dieu sait que c'est important.
La Colombie. Comme tous ceux sans doute qui n'y sont jamais allés, nous n'avions
qu'une seule image de ce pays, celle que nous transmet la presse : violence et
narcotraffic. Un pays enthousiasmant donc, mais que nous voulions malgré tout découvrir
car il fait partie de ceux d'Amérique Latine que nous connaissons le moins.
Et maintenant que nous y sommes, il serait tout à fait injuste et malhonnête de vous
dresser un tableau noir de la Colombie. Certes, la violence est là, avec ses statistiques
effrayantes. Mais derrière ces simples chiffres se cachent une toute autre réalité.
Nous avons été emmerveillés par l'accueil de ces gens là. Le peuple colombien est particulièrement chaleureux, ouvert et tolérant, et ils nous ont apparus comme les plus attachants d'Amérique Latine. L'immense majorité de la population ne pose pas le moindre problème, mais un certain nombre de groupes armés, issus de la guerre civile, sèment l'insécurité dans le pays, ce qui n'est pas pour déplaire aux narco-trafiquants. Et si la situation n'est pas toujours très sure, il ne s'agit pas non plus de tomber dans une panique sécuritaire. Nous avons voyagé en bus dans plusieurs régions de Colombie, et parmi celles où la guérilla est particulièrement active, sans qu'il ne nous soit rien arrivé.
Nous avons donc été conquis par les colombiens, et les colombiennes bien sûr, qui
sont sans aucun doute parmi les plus belles femmes du monde. La responsable d'une
association nous faisait remarquer que ce sont des gens particulièrement généreux. Et
si la répartition des richesses est très disparate, la classe riche contribue volontiers
au développement du pays par l'intermédiaire d'associations d'aide aux plus
défavorisés. Ils sont également très soucieux de l'image de leur pays au niveau
international, et la réputation actuelle de la Colombie les affecte profondément.
Nous avons aussi traversé des paysages réellement superbes et extrèmement variés. La
Colombie possède un climat tempéré mais sans saisons, particulièrement favorable à
toute forme de végétation : d'immenses cultures de café, de bananes, ... des champs à
flanc de montagnes, entrecoupés de gorges impressionantes, tandis que des nappes
nuageuses s'accrochent aux sommets. La Colombie est un pays riche et possède de
nombreuses ressources naturelles : or, émeraudes, pétrole, charbon, en plus d'un immense
potentiel agricole.
C'est donc un pays splendide, au climat très agréable. Les habitants
sont sympathiques et accueillants et nous avons été séduit par la Colombie même si la
situation reste très compliquée.
Soudainement, je sens quelqu'un qui me tape sur l'épaule. Surpris, je
me retourne à moitié. Un homme d'une quarantaine d'années, "costard cravate",
me montre 3 billets par terre, comme si je venais de les perdre. Je lui dis que ce n'est
pas à moi, mais une femme arrive, et je me tourne un peu plus. Je ramasse les billets en
lui demandant s'ils sont à elle, puis soudainement, je pige, je me retourne, et le sac
contenant l'ordinateur, le modem, ... a disparu. Et pourtant, la scène n'a pas duré plus
de quelques secondes.
Evidemment, plus personne, et je n'ai pas vu le complice qui a piqué le sac. Mais en
courrant sur 10 mètres, je parviens à rattraper celui qui avait laché les billets, et
qui, dés qu'il me voit, essaye de se dissimuler. Je l'attrape par le col, en commençant
à le secouer, quand je m'apperçois que j'ai laissé les autres sacs tous seuls. Dur
dilemne!! Je lâche ma proie pour mettre les sacs à l'abri dans un bureau, et je reprends
ma chasse, mais cette fois-ci, il a vraiment disparu.
Mais un vieux vendeur de cacahuettes me fait signe, et derrière un pilier me montre un
grand sacs abandonné, et dedans, j'y retrouve notre précieux sac. Un vrai miracle!! Le
complice, sans doute effrayé de voir que son comparse avait été rattrapé, a abandonné
le sac avec son butin. Nous avons vraiment eu une chance inouïe de le retrouver, avec en
prime 3 US$.