Journal du 30 juin
Equateur, Colombie



Sommaire

    Journal de route     Le Valdocco     Albergue

    L'autre Colombie     La peur de la semaine     La photo de la semaine




Dans l'ordre, voici les légendes de nos photos :

1/ Place de la Mairie, à Quito.
2/ La ville de Bogota.
3/ Jeunes du Valdocco, en plein travail.
4/ Enfants cancéreux de l'Albergue.
5/ Au coeur de la forêt colombienne.




Journal de route


De l'Equateur...



Prisonniers d'une nature touffue et luxuriante...

En remontant vers le Nord de l'Amérique latine, nous découvrons une zone totalement différente de l'Altiplano. Dans un vieux bus, nous nous engageons sur des routes, parfois chemins boueux, prisonniers d'une nature touffue et luxuriante. L'humidité et la moiteur ambiante décuplent la chaleur tropicale. Seul quelques cabanes de bois construites sur pilotis bordent les voies. Le reste est très difficilement pénétrable. Ces maisons, de bois ou de briques, avec quelques tôles, rustiques et à moitié achevées, réflètent toute la misère émanant d'un pays comme l'Equateur. Dans les campagnes la vie est très rude. Et une fois de plus, en arrivant à Quito, nous constatons comme trop souvent en Amérique du Sud, que la ville attire comme un aimant le pays entier. Les paysans s'entassent dans des quartiers bidonvilles. Bogota, en Colombie, est particulièrement frappant à ce niveau.

A Quito, nous nous promenons dans le vieux quartier colonial. Beaucoup d'églises construites par les Jésuites, San Fransisco, etc, dont l'une des plus belles et plus célèbres du continent : celle de la compagnie de Jésus. Un chef d'oeuvre de l'art baroque. Pas moins de sept tonnes d'or ont été nécessaire pour sa réalisation! Sur les plafonds, nous retrouvons des soleils sculptés. Un curieux mélange de christiannisme et de croyances Incas.
En flânant sur les hauteurs, nous contemplons la ville toute en longueur, entourée de deux chaînes de montagnes volcaniques. L'Equateur est en effet le pays où l'on trouve le plus de volcans, parfois encore en activité.
Nous nous rendons également au lieu dit "La mitad del mundo". C'est là que le scientifique La Condamine et son équipe ont situé le passage de la ligne séparant le globe en deux. Il se trouve que leur calcul s'est avéré exact à quelques dizaines de mètres près! Nous ne résistons pas à l'envie de nous faire photographier un pied dans l'hémisphère Nord et l'autre dans l'hémisphère Sud.
Les marchés de la ville révèlent aussi quelques trésors. Des artisans vous proposent des vêtements en laine de Lama, des chemises indiennes, et de véritables Panama pour les amateurs de chapeaux.
Quelques jours, c'est finalement peu pour découvrir une grande ville et un pays. Mais il ne s'agissait là que d'une étape avant la Colombie.


... à la Colombie.



Contrôle de police à 4h du matin...

C'est que le trajet est long entre Quito et Bogota. Trente heures de bus, çà a de quoi vous refroidir... Les paysages, des gorges, des cascades, nous font vite oublier la distance. Tout comme ce contrôle de police à 4h30 du matin : tout le monde dehors, fouille individuelle,... Eh oui, nous sommes désormais dans un pays en plein conflit interne, entre la guérilla, les narcotraficants, les groupes d'autodéfense et les paramilitaires, difficile de s'y retrouver pour le gouvernement, si bien qu'il tente de contrôler la situation.
Une fois à Bogota, on nous dira que nous avons eu beaucoup de chance de ne pas nous faire arréter par la guérilla, car c'est une chose courante sur ce trajet.
La guérilla enlève pour demander des rançons et se financer. Soit 2000 enlèvements par an, sans compter les quelques 30 000 morts! Nous plongerons pleinement dans le quotidien Colombien au lendemain de notre arrivée,. De notre logement, nous aperçevons un cadavre dans la cour voisine! Un homme qui a été tué la veille. Nous sommes littéralement refroidis par cette vision. Mais rien n'y fait, après quelques jours passés ici, nous avons la conviction que la Colombie, c'est autre chose que la violence quotidienne et la drogue (à retrouver dans "L'autre Colombie").


Bogota a connu une croissance exponentielle...

Bogota a connu une croissance exponentielle ces dernières années. Non seulement la ville attire en elle-même, mais beaucoup de paysans ont aussi quitté les campagnes à cause de l'insécurité qui y règne. Environ six millions de personnes vivent ici, souvent agglutinées dans des quartiers populaires. Des lieux où parfois même la police ou l'armée n'osent pénétrer (La guérilla est aux portes de la capitale et dans la périphérie!). C'est à travers des associations que nous aurons l'occasion de nous plonger dans cette difficile réalité.
Car vous pouvez rester dans le Nord de Bogota, les beaux quartiers, et repartir en vous disant : quel pays riche, plein de ressources! Ce qui est vrai par ailleurs ne doit pas éclipser les autres facettes de la Colombie. Dans une nation où la population est très jeune, les enfants sont les premières victimes de la violence et de la misère. Voilà pourquoi nous irons rencontrer beaucoup d'associations s'occupant de la jeunesse.

Dans le centre de Bogota, encore un quartier colonial. C'est désormais une constante sur ce continent. Mais aussi le magnifique musée de l'or! Une collection inestimable d'objets sculptés par les indiens, de masques, de statues d'homme-guépar, et des émeraudes parfois grosses comme le poing! Nous sommes ressortis de là les yeux remplis de dollars et l'envie folle d'aller faire un tour du côté du fleuve Magdalena, la région des pierres précieuses, de l'or et du pétrole. Mais comme ce rêve ne nous était pas accessible, nous sommes descendus deux jours dans un petit village de la région de la Meta : Fuente de Oro.
Un bourg où un père français a monté une oeuvre formidable (à retrouver dans la rubrique : "le Valdocco"). Alors qu'on nous avait prévenu de nous méfier, de ne pas y aller à cause de la forte insécurité, nous avons été très surpris de trouver un havre de paix! Nous avons été invité par des gens du village à dîner, puis à monter à cheval dans une ferme voisine. Nous nous sommes même promené dans la forêt, traversant des petits coins de paradis. Enfin, deux jours loin de la furie de Bogota pour profiter de l'extraordinaire campagne colombienne, c'est revigorant.






Le Valdocco




Le père Séguin, du diocèse de Rennes, décide après quelques années à Fougères de tenter une expérience de missionnaire. Profitant d'un échange entre son diocèse et celui de Bogota, il part en Colombie, où l'évêque l'envoie dans la province de la Meta.

Résidant à Fuente de Oro, il ne tarde pas à sillonner la campagne. C'est à partir de ce moment qu'il constate les difficultés qu'ont les jeunes à poursuivre leurs études. Pour se rendre à Granada, ville estudiantine la plus proche, les trajets sont très longs, les bus iréguliers, et nombre d'enfants restent chez eux ou vivent dans la rue. Et c'est naturellement vers la guérilla, très présente et forte dans le coin, que se tournent les jeunes. Elle offre de quoi gagner sa vie!
Trouvant des fonds auprès de particuliers et de l'ambassade de France, il crée un centre d'accueil pour jeunes. En un an et demi, plus de 150 jeunes sont venus grossir les rangs du "Valdocco", nom donné au centre d'accueil, en référence à un centre que le père Séguin avait déjà cré à Fougères. Pour que le foyer et l'internat puissent s'autofinancer, cet ancien chef cuisinier à créé un restaurant et une micro-entreprise de fabrication de sacs plastiques. Les bénéfices de ces activités permettent de subvenir au fonctionnement quotidien.
Exemple concret de la réussite du projet, le père a embauché une femme de service, une cuisinière (qu'il conseille avisément...), quatre bibliothécaires... Et entre autres, six jeunes qui s'apprétaient à rejoindre les rangs de la guérilla, et à qui il a confié des responsabilités. En échange, il leur offre l'hébergement et paye leurs études. Si le père rend espérance à tous ces jeunes, les habitants le lui rendent bien. Il n'y a qu'à voir l'affection que tout le monde lui porte ici, l'ayant même protégé un jour, lors d'une action de la guérilla...




El Albergue




La pyramide des âges de la Colombie est très jeune. Et les enfants sont les premiers à souffrir de la pauvreté et de la violence. Notamment les enfants malades, et par exemple, ceux qui sont touchés par le cancer. L'institut de cancérologie et les centres de soins n'existent qu'à Bogota. Un voyage cher pour ceux qui vivent dans les campagnes, d'autant qu'il faut séjourner à Bogota pour des soins complets. C'est un réel problème pour de nombreuses familles qui ne peuvent pas assumer ces importantes dépenses.

Conscientes de cette situation, un groupe de femmes bénévoles ont créé un centre d'accueil à proximité de l'institut de cancérologie. Financé par le club Richelieu, une fondation qui aide plusieurs associations, "L'albergue" reçoit des jeunes de 1 an à 14 ans et les loge le temps qu'ils reçoivent leurs soins. Les mères accompagnent également leur enfant et participent par des travaux à la vie de la maison.
Nous avons été frappé par l'ambiance de joie et la sérennité régnant dans cette maison, alors que la raison de leur présence est douloureuse et que chaque enfant peut mourir d'un jour à l'autre. Le dévouement et le rayonnement des responsables, leur solidarité et leur sourire permanent est extraordinaire, même dans les moments les plus difficiles : lorsqu'un enfant ne revient pas. Ce fut une rencontre pleine d'émotion, et l'espérance qui les anime est presque palpable même avec la maladie et la mort pour quotidien. Pour les jeunes malades, c'est un moyen d'être accompagné durant ces moments difficiles, d'être soutenu et encouragé! Et Dieu sait que c'est important.




L'autre colombie




Nous n'avions qu'une seule image de ce pays...

La Colombie. Comme tous ceux sans doute qui n'y sont jamais allés, nous n'avions qu'une seule image de ce pays, celle que nous transmet la presse : violence et narcotraffic. Un pays enthousiasmant donc, mais que nous voulions malgré tout découvrir car il fait partie de ceux d'Amérique Latine que nous connaissons le moins.
Et maintenant que nous y sommes, il serait tout à fait injuste et malhonnête de vous dresser un tableau noir de la Colombie. Certes, la violence est là, avec ses statistiques effrayantes. Mais derrière ces simples chiffres se cachent une toute autre réalité.

Nous avons été emmerveillés par l'accueil de ces gens là. Le peuple colombien est particulièrement chaleureux, ouvert et tolérant, et ils nous ont apparus comme les plus attachants d'Amérique Latine. L'immense majorité de la population ne pose pas le moindre problème, mais un certain nombre de groupes armés, issus de la guerre civile, sèment l'insécurité dans le pays, ce qui n'est pas pour déplaire aux narco-trafiquants. Et si la situation n'est pas toujours très sure, il ne s'agit pas non plus de tomber dans une panique sécuritaire. Nous avons voyagé en bus dans plusieurs régions de Colombie, et parmi celles où la guérilla est particulièrement active, sans qu'il ne nous soit rien arrivé.



Des habitants accueillants et attachants.

Nous avons donc été conquis par les colombiens, et les colombiennes bien sûr, qui sont sans aucun doute parmi les plus belles femmes du monde. La responsable d'une association nous faisait remarquer que ce sont des gens particulièrement généreux. Et si la répartition des richesses est très disparate, la classe riche contribue volontiers au développement du pays par l'intermédiaire d'associations d'aide aux plus défavorisés. Ils sont également très soucieux de l'image de leur pays au niveau international, et la réputation actuelle de la Colombie les affecte profondément.
Nous avons aussi traversé des paysages réellement superbes et extrèmement variés. La Colombie possède un climat tempéré mais sans saisons, particulièrement favorable à toute forme de végétation : d'immenses cultures de café, de bananes, ... des champs à flanc de montagnes, entrecoupés de gorges impressionantes, tandis que des nappes nuageuses s'accrochent aux sommets. La Colombie est un pays riche et possède de nombreuses ressources naturelles : or, émeraudes, pétrole, charbon, en plus d'un immense potentiel agricole.

C'est donc un pays splendide, au climat très agréable. Les habitants sont sympathiques et accueillants et nous avons été séduit par la Colombie même si la situation reste très compliquée.




La peur de la semaine




Nous sommes au terminal de bus de Quito, avant de prendre notre car pour la Colombie. Nicolas est parti changer un billet, et Loïc reste garder les sacs. Comme toujours, il s'agit d'être vigilant, car les sud-américains sont vraiment des spécialistes du vol.
Voici le témoignage vibrant d'un futur grand reporter chez Picsou magazine, comme si vous y étiez. Acrochez vos ceintures :

Soudainement, je sens quelqu'un qui me tape sur l'épaule. Surpris, je me retourne à moitié. Un homme d'une quarantaine d'années, "costard cravate", me montre 3 billets par terre, comme si je venais de les perdre. Je lui dis que ce n'est pas à moi, mais une femme arrive, et je me tourne un peu plus. Je ramasse les billets en lui demandant s'ils sont à elle, puis soudainement, je pige, je me retourne, et le sac contenant l'ordinateur, le modem, ... a disparu. Et pourtant, la scène n'a pas duré plus de quelques secondes.
Evidemment, plus personne, et je n'ai pas vu le complice qui a piqué le sac. Mais en courrant sur 10 mètres, je parviens à rattraper celui qui avait laché les billets, et qui, dés qu'il me voit, essaye de se dissimuler. Je l'attrape par le col, en commençant à le secouer, quand je m'apperçois que j'ai laissé les autres sacs tous seuls. Dur dilemne!! Je lâche ma proie pour mettre les sacs à l'abri dans un bureau, et je reprends ma chasse, mais cette fois-ci, il a vraiment disparu.
Mais un vieux vendeur de cacahuettes me fait signe, et derrière un pilier me montre un grand sacs abandonné, et dedans, j'y retrouve notre précieux sac. Un vrai miracle!! Le complice, sans doute effrayé de voir que son comparse avait été rattrapé, a abandonné le sac avec son butin. Nous avons vraiment eu une chance inouïe de le retrouver, avec en prime 3 US$.




La photo de la semaine






Au coeur de la forêt colombienne.





N'oubliez pas l' album photo...




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