Journal du 10 juillet
Colombie



Sommaire

    Journal de route     La ludothèque     Le centre Jean Bosco     Programme TRAMIL

    L'autre Colombie     Le plaisir de la semaine     La photo de la semaine




Dans l'ordre, voici les légendes de nos photos :

1/ Les quartiers sud de Bogota.
2/ La distribution d'eau dans le quartier "El Paraiso".
3/ Enfants de la ludothèque.
4/ Le centre Juan Bosco.
5/ En plein coeur de Ciudad Bolivar.




Journal de route




Ce même soir, Nico a pu goûter à l'humour colombien...

Dans le dernier épisode de nos passionnantes aventures nous en étions restés à Fuente de Oro, ce petit havre de paix au milieu d'une région contaminée par la guerilla et autres groupes armés. Nous avons pu y rencontrer quelques Colombiens extrèmement accueillants et mesurer ce qu'était la vie dans la campagne colombienne. Une place principale sur laquelle se retrouvent les jeunes le soir. Mais beaucoup de rues vides. Les gens craignent malgré tout une descente de la guerilla ou des paramilitaires et nombre d'entre eux sont armés! Quand aux fermes, les "fincas", elles sont très isolées, loin de tout. Et comme il n'y a pas de transport régulier, les jeunes ne vont pas étudier. Nous avons eu là-bas la chance de recueillir quelques impressions la veille du match de coupe du monde Colombie-Angleterre. Une passion incroyable, peut-être aussi forte qu'au Brésil. De toute façon, les Colombiens sont des gens passionnés. Que ce soit lors des élections ou lors de la victoire de la Colombie contre la Tunisie, tout le monde était dans la rue, mais pour toute la journée, avec batailles de farine, d'eau, ... Un exemple : lorsque la Colombie a battu l'Argentine 5-0, il y a peu, on a rescensé environ 60 morts. Mais pas à cause de la violence, juste parce que la fête était trop arrosée et trop folle!!! Désormais, la vente d'alcool est interdite les jours de match...allez savoir pourquoi. Ce même soir, Nico a même pu goûter l'humour colombien! Un gentil monsieur, en léger état d'ébriété, lui montre un aspect de sa virilité...son revolver. Pour rire, il le lui colle...sur le ventre (un autre l'a eu sur la tête et un autre sur le cou)!!! Ah ah ah, on a bien rigolé, et on ne s'est pas attardé.


Une ancienne mine de sel transformée en cathédrale...

De retour à Bogota, nous nous éloignons dans les alentours pour aller visiter la "cathédrale de sel". Sous une montagne parcourue par des dizaines de galeries, une ancienne mine a été rénovée et transformée en une magnifique église souterraine. Un immense chemin de croix, et, à chaque station, une salle taillée dans le sel. On reconnaît ensuite parfaitement la nef et la structure générale d'une cathédrale. C'est impressionnant de se dire que tout ceci est en sel, à près de 300 mètres de profondeur! Cette oeuvre originale nous change enfin des nombreuses églises de l'époque coloniale rencontrée sur le continent sud-américain. Nous nous devions également d'apprendre la Salsa, la sensuelle danse latine! Nous ne nous faisons pas prier et sortons le samedi soir avec des amis colombiens dans le lieu branché de la capitale : "la zona rosa". Ambiance garantie, mais fermeture des lieux à une heure du matin. Quand à notre apprentissage de la dite danse, vous verrez à notre retour, car ce n'est pas encore cela. Nico écrase les pieds des belles Colombiennes et Loïc revient vite à des airs de techno et des rythmes plus primitifs.


Un tremblement de terre et tout est détruit...

Il manquait tout de même quelquechose pour que l'on comprenne réellement l'atmosphère de Bogota : se plonger dans les quartiers Sud de la ville ,les plus difficiles. Pour rencontrer deux jeunes Français y travaillant, nous nous sommes rendu à Ciudad Bolivar. Ce quartier d'une extrème pauvreté est déroutant. Dans une partie, l'eau potable n'existe pas. On aperçoit en effet une cinquantaine de tonneaux, un par famille, qu'un camion vient remplir d'eau de temps en temps. Les maisons ont très peu de pièces, source d'une grande promiscuité. Elles sont souvent construites en brique de terre cuite, avec un ciment qui n'en est pas vraiment un. Un tremblement de terre et tout est détruit. On ne s'y promène pas la nuit, car les bandes armées font la loi. Bref, des conditions de vie éprouvantes, à des années lumières des quartiers nord. Il faut dire que l'écart entre le luxe du nord, avec entre autre ces magnifiques centres commerciaux, et la pauvreté du sud est particulièrement frappant. La ville est comme coupée en deux, et rares sont les gens du nord qui s'aventurent dans ces quartiers là.




























Il existe une élite formée dans ces établissements...

Nous descendons ensuite dans le sud-ouest de la Colombie, vers Cali. Nous renouons avec un climat plus tropical, alors que Bogota, à près de 2400 mètres d'altitude, est plus tempéré. C'est la région des grandes vallées, près de la côte atlantique. Une ville sans grand intérêt, sauf qu'aux dires de tous les Colombiens, Cali concentre les plus belles filles du pays (et c'est pas loin d'être vrai!!). Une jolie place centrale et quelques beaux bâtiments, mais nous ne sommes pas restés assez longtemps pour en découvrir davantage. En revanche, des universités, des centres de recherche...Il faut dire qu'en Colombie, le système universitaire marche bien et que le niveau est très bon. Il existe une élite formée dans ces établissements, pour le plus grand bien du pays. Mais cette formation reste malheureusement réservée à quelques uns.





La ludothèque


Tout enfant qui ne joue pas, a soit une épine dans le pied, soit il l'a dans le coeur"



La Colombie est un pays jeune, et la jeunesse est particulièrement touchée par la pauvreté, la violence, ... Pour sortir les enfants des rues, il faut commencer le combat dés le plus jeune âge. Par l'instauration de crèches ou de ludothèques, les enfants peuvent développer leur psychomotricité au plus tôt. C'est dans l'un des quartiers les plus démunis de Bogota, "El Paraiso" (lieu où l'eau potable n'existe pas), que nous avons rencontré une ludothèque tenue par deux colombiennes et créée à l'initiative d'une française. Financée par l'association "Mission enfance", ce centre accueille les enfants du quartier, dans le but de leur fournir un espace de vie et de jeu. Tout est né du triste constat qu'ici les plus jeunes traînaient toute la journée à ne rien faire (ils n'avaient pas de lieu où se réunir), avaient de réelles carences psychomotrices et même parfois travaillaient! Un labeur dur et physique pour un âge de 4 à 10 ans! Comment entrevoir l'avenir en débutant de cette manière?

A El Paraiso, il se trouve que la femme de l'ancien président de la Colombie avait fait don de plusieurs dizaines de jouets au quartier. Or ceux-ci dormaient dans un coin sans que personne ne s'en charge. Les adultes ne comprennaient pas le besoin qu'a l'enfant de jouer, puisqu'eux-mêmes n'étaient pas passés par là! A partir de ces quelques jouets et d'un petit local, l'association "niños del paraiso" a été créée,et nous avons pu constater que l'engouement est désormais important. Une cantine a été créée et on apprend aux enfants les notions d'hygiènes de base. Les enfants peuvent rester ici quelques heures à jouer et participer aux activités, sous la surveillance de deux éducatrices. Il se dégage une joie innefable de cet endroit où désormais les enfants peuvent trouver des conditions plus normales pour grandir. D'après plusieurs témoignages, nous nous sommes rendus compte que cette initiative répondait à une réelle carence dans le développement de ces enfants. Comment imaginer un enfant sans le moindre jeu ou jouet?




Centre Jean Bosco




Dans un des autres quartiers les plus terribles de Bogota, Ciudad Bolivar, on constate environ 300 morts par an! Là aussi la pauvreté est étalée au grand jour. Mais au coeur du quartier se trouve un immense centre moderne. C'est le centre Juan Bosco, construit à l'initiative d'un père Colombien, et qui s'occupe de la formation. Ils essayent tout simplement de réaliser les objectifs fondamentaux et spécifiques de l'ordre Salésien : se sentir intimement solidaire avec le monde et son histoire, ouvert à la culture des peuples et à leurs nécessités. Les jeunes démunis et en danger apprennent ici des métiers simples mais ô combien utiles pour vivre. Un atelier de couture, avec une cinquantaine de machines, un atelier de mécanique automobile, un d'électricité et d'électronique, un centre d'apprentissage de l'informatique, etc... Mais également des terrains de sport, et d'autres projets en cours. Un ensemble qui permet à ceux qui le désirent de venir s'initier, en échange d'une participation financière, à leur futur gagne-pain. L'objectif est véritablement de proposer aux jeunes du quartier un centre d'échange et de formation professionelle, culturelle, sportive,...
Pour eux, c'est une opportunité unique. Personne ne viendrait jusqu'à eux sans ceci. Et partir étudier au centre de la ville est trop onéreux. Une fois de plus, sans ce collège, ce serait la rue et les bandes armées. Leur participation financière, qui reste très modique, est un moyen d'impliquer chacun. Car quand les gens ne font pas partie prenante du projet (financièrement ou autrement) il n'a pour eux aucune valeur, et c'est l'échec assuré.

Pour financer le projet, les coopérations espagnoles, belges et d'autres fonds européens se sont associés. A cela s'ajoutent les ventes du centre. Car l'objectif est l'autofinancement, grâce à des accords avec des entreprises auxquelles le centre fournit des pièces automobiles, des vêtements... Les plus grands problèmes rencontrés sont les lenteurs administratives pour les permis de construire, la difficulté à trouver des financements pour achever l'ensemble. Mais également des machines-outils que même les professeurs ne maîtrisent pas complètement, tant celles-ci sont à la pointe de la modernité. Espérons que tout sera achevé rapidement pour que ce rayon devienne un soleil au milieu du quartier.




Programme TRAMIL




C'est à Cali que nous avons pris connaissance de ce programme original. Monté notamment par un scientifique français travaillant pour l'Orstom et la faculté de Cali, ce programme consiste à valider l'efficacité des plantes utilisées dans la médecine traditionnelle des pays de la zone Caraïbe. C'est-à-dire vérifier que les plantes ont une efficacité réelle sur les maladies qu'elles sont sensé guérir.
Pour les Colombiens les plus démunis, ceci signifie un accès très facile à une médecine à moindre coût. L'objectif est donc de trier les simples croyances des plantes réellement efficaces. Ceci permet à chacun de rester en accord avec des traditions et des utilisations parfois centenaires. C'est également un programme de recherche-action qui pourra être un outil de formation pour les médecins, pharmaciens et le personnel de santé en général. La force de ce programme, qui a trouvé son origine dans la régoin des Caraïbes, c'est de partager les résultats entre les différents pays! Inutile de vous dire qu'internet a été pour eux un accélérateur déterminant!




L'autre colombie




Nous désirons continuer avec notre rubrique sur un pays qui nous a beaucoup séduit. La Colombie est une nation très difficile à saisir. C'est un pays de paradoxes et de contrastes. Par exemple, les colombiens sont très attachants, mais ont parfois une drôle de notion de la justice...C'est à dire que comme l'Etat ne remplit pas son rôle, chacun fait sa propre justice. La classe aisée peut paraître solidaire de certaines situations dramatiques du pays, mais vit la plupart du temps dans son cocoon luxueux du nord de Bogota, sans même connaître les conditions de vie dans des quartiers comme Ciudad Bolivar...

En revanche, chose certaine, le potentiel du pays est énorme. Surtout au niveau économique. Avec une meilleure organisation et une réforme agraire, la Colombie pourrait développer un secteur agricole parmi les plus riches et les plus performants du monde. Nous avons déja parlé des ressources naturelles qui sont loin d'être exploitées comme elles le devraient. Enfin, sur le plan touristique, le pays possède une variété de paysages et de climats que l'on ne retrouve nulle part ailleurs sur le continent. Une façade sur le Pacifique, et une autre sur la mer des Caraïbes; de grandes plaines et des régions montagneuses; et encore beaucoup d'avantages qui intéressent en ce moment les grands groupes hôteliers.
Nous retrouvons également ici un important développement économique, une industrie nationale performante, même si la misère est extrèmement présente. C'est la répartition des richesses (spécialement faible) qui est particulièrement frappante dans ce pays. La corruption et la pesanteur administrative semblent être de gros freins au développement, mais la Colombie possède tous les atouts pour suivre un développement fulgurant. On pressent que tout cet énorme potentiel est sur le point de se découvrir, mais qu'il manque seulement le petit coup de pouce politique. C'est à dire le gouvernement qui parviendra à établir la paix et à éliminer la corruption. Quand la Colombie se réconciliera...




Le plaisir de la semaine



C'est un plaisir un peu particulier et que ceux qui ont déjà vécu à l'étranger comprendront plus facilement. Depuis notre départ, nous avons découvert de nombreuses spécialités culinaires. Que ce soit en Afrique ou en Amérique du Sud. Mais malgré de délicieuses découvertes, il nous manquait cruellement un bon camembert avec un petit verre de rouge, bons français que nous sommes... Un fait incompréhensible pour 100% des gens rencontrés, puisque pour eux , le fromage français, se résume à une odeur de pieds et de moisi insuportable! Outrage!
Et cette semaine, nous avons eu la chance de faire la connaissance de la propriétaire du meilleur restaurant français de Bogota : le Bilboquet (le genre de rencontre inespérée). Et nous avons été invité pour un succulent déjeuner, avec bien sûr du camembert et du bon Bordeaux!!! De quoi refaire le plein pour quelques temps. Nous pouvons en tout cas vous affirmer une chose : la gastronomie française reste de loin la meilleure par rapport à tout ce que nous avons rencontré. Profitez-en!




La photo de la semaine





Les maisons de Ciudad Bolivar, dans le sud de Bogota.





N'oubliez pas l' album photo...




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