Journal du 20 juillet
Haïti



Sommaire

    Journal de route     La cité soleil     Accueil des orphelins

    Coopération à Cap Haïtien     La photo de la semaine




Dans l'ordre, voici les légendes de nos photos :

1/ Un "taptap", le moyen de transport haïtien.
2/ Une rue de Cap Haïtien.
3/ Une petite fille de la "cité soleil".
4/ Un des petits protégés des Lepoutre.
5/ Un des quartiers de Cap Haïtien.
6/ Dans les "mornes" du nord de l'île.
7/ Sous le soleil des Caraïbes.




Journal de route


A la découverte de l'île.



Un parfum d'Afrique...

Entre la Colombie et les Etats-Unis, vous devinez tous ce qui nous a attiré comme un aimant...Les Caraïbes! Quelques îles de rêves au milieu d'une mer transparente, des cocotiers et du sable blanc comme couverture. Nous choisissons Haïti comme destination pour un séjour toujours trop bref dans ce genre d'endroit. La perle noire des antilles, île si montagneuse, va nous réserver bien des surprises. Premier choc à l'aéroport de Port-au-Prince. Nous revenons quelques mois en arrière avec la ferme impression d'être en terre africaine. D'innombrables personnes amassées devant l'aéroport, des taxis brousses rouillés et une pauvreté qui ne peut s'ignorer tant elle est dramatique. Près de deux millions de personnes vivent dans la capitale, dans des conditions souvent inhumaines. La saleté, les odeurs répugnantes, les eaux stagnantes, la faim, tel est le quotidien de bon nombre d'haïtiens. Les maisons sont parfois de briques, parfois faites de tôles rapiécés. Dans tous les cas, l'eau et l'électricité ne sont pas choses courantes (ouaf!). Nous voulons en connaître plus sur ce pays, qui a pour nous un avantage. C'est que les habitants parlent français.



C'est l'un des premiers pays à avoir acquis son indépendance...

L'histoire de ce pays est riche, depuis 1804, date où ce peuple d'anciens esclaves chassent les Français. C'est l'un des tous premiers à avoir acquis son indépendance. Mais nous sentons que le souvenir de l'esclavage passe de génération en génération : beaucoup de gens nous disent que les haïtiens sont peu sûrs d'eux. Nous remarquons qu'ils se méfient un peu des étrangers (les "blancs"). Les quelques étapes du développement économique ont été ratées, alors que le voisin, Saint-Domingue (l'autre moitié de l'île), est beaucoup plus riche. Il est cependant vrai qu'Haïti a un relief moins favorable, mais on se pôse forcément la question pourquoi l'un et pas l'autre? Toujours est-il qu'à notre époque, la stabilité politique fait cruellement défaut (il n'y a pas de premier ministre depuis un an!). Un homme nous avoue même que le pays tient aujourd'hui en grande partie grâce aux haïtiens vivant aux Etats-Unis et au Canada. Cette diaspora envoie de l'argent régulièrement à leur famille.

Après quelques jours à Port-au-Prince, nous commençons à nous plonger un peu plus dans l'atmosphère des Caraïbes. Nous essayons de comprendre le créole, dérivé du Français. Nous posons également des questions sur les rites Vaudou, toujours en pratique et si mystérieux. Enfin, en se promenant dans certains quartiers, nous apercevons quelques magnifiques maisons coloniales. En bois, toute en hauteur, le toit très pointu, et des façades sculptées avec minutie. Un soir, nous nous rendons à un concert de musique créole dans l'une de ces vieilles bâtisses. Une ambiance extraordinaire et un rythme chaleureux. Nous dansons avec les haïtiennes sans nous arrêter, emportés par le tempo (demandez à Loïc...). Et puis bien sûr nous étions rivés sur un évènement interplanétaire : la coupe du monde. C'est en rentrant d'une visite, que nous surprenons la ville entière dehors, avec des hurlements hystériques, des gens se roulant par terre, etc... C'est juste que le Brésil avait gagné en demi-finale. Une ferveur populaire aussi grande qu'au Brésil même! Enfin, inutile de vous dire que le jour de la finale, la déception était dans toute l'île. Et si nous sommes sortis pour faire un petit tour, c'est bien que cette victoire est historique, car nous étions bien seul!



Destination Cap Haïtien...

Nous partons un matin de bonne heure pour le Nord de l'île. Notre destination est Cap Haïtien, la deuxième ville du pays. Nous devons y rencontrer deux jeunes et dynamiques coopérants français, ainsi qu'une infirmière travaillant dans les mornes (montagnes haïtiennes). Les quelques deux cents kilomètres séparant Cap Haïtien de Port-au-Prince se font en...6 heures. Il n'y a qu'à voir le bus que nous prenons et l'état de la route. Nous tenons à plus de 70 dans un bus normalement fait pour une trentaine!!! Avec la chaleur, les secousses, le manque de place (maintenant Nico est blindé, mais alors vraiment prêt à tout voir!!), c'est l'enfer. Nous traversons des montagnes pratiquement du début jusqu'à la fin. Et pour ce qui est de la prudence, le chauffeur ne connaît visiblement pas ce terme. Nous arrivons enfin et soulagés à Cap Haïtien. Là aussi, nous découvrons des taudis et des bidonvilles sans nom. Mais la vie à Cap Haïtien est beaucoup plus agréable qu'à Port au Prince, moins grand, moins grouillant, plus accueillant. Nous nous rendons ensuite dans les montagnes. Des villages parfois coupés du monde. Des lieux inaccessibles, même en 4*4. Ces vallées impénétrables sont également recouverte d'une nature verdoyante et très variée. Que de plantes différentes! Utilisées notamment pour la médecine et les usages traditionnels. Sur l'unique route, nous croisons des villageois, chapeau de paille sur la tête pour se protéger du soleil et traînant un âne chargé. Nous croisons aussi la joie, la simplicité et la tranquilité émanant de ces endroits retirés. En revenant à Port-au-Prince, pour aller célébrer le 14 Juillet, nous nous arrêtons pour une brève baignade. Et nous tenons à vous confirmer une chose: l'eau est belle et bien transparente, le sable blanc, les cocotiers nombreux, l'eau à une température idéale, les fruits regorgent de jus...On s'y fait très vite!




La cité soleil




Nous découvrons les bas fonds de la misère...

Peu après notre arrivée, nous allons à la rencontre de soeurs de Saint-Vincent -de-Paul travaillant au milieu du quartier le plus effroyable de Port-au-Prince : la cité soleil. Nous découvrons les bas fonds de la misère, l'inimaginable. Sur une partie de la ville, vivent entassées 400 000 personnes. Les maisons s'alignent, parfois en brique, souvent en tôle ou en bois. De la boue, des eaux stagnantes et des ordures entassées... Nous sommes frappés par la saleté et les odeurs fétides qui émanent de toute part. Les enfants gambadent dans cet univers apocalyptique, escaladant les monceaux d'immondices, ou pataugeant dans l'eau noire des "égouts".Un tableau bien loin du nom "la perle des Caraïbes", une tâche dans un décor paradisiaque. Mais la réalité est là, étalée sous nos yeux et nous restons figés, le coeur serré, tant nous sommes décontenancés par cette misère. Qu'est-ce que la vie pour ces gens là? Un fossé nous sépare, un océan!



Une véritable "chaîne du développement...

Dans ces conditions, les soeurs ont développé plusieurs centres, et notamment un centre d'accueil et de lutte contre la malnitrition. Ici, elles accueillent les bébés malnutris, et s'en occupent. Pendant ce temps là, les mères travaillent dans une pièce voisine, et apprennent la broderie, la couture, fabriquent des cartes postales..., plein de petits objets artisanaux qui une fois vendus permettent de faire vivre le centre. Il y a également une école où les enfants plus agés vont suivre des cours. Et enfin un dispensaire permet de soigner les familles du quartier. Cet ensemble forme une véritable "chaîne du développement". En prennant les enfants dés le plus jeune age, en luttant contre la malnutrition, puis en les plaçant à l'école, les soeurs leur offre un moyen pour sortir de la misère. En parallèle, les mères se forment et participent au fonctionnement du centre, par leur travail et leur disponibilité.
Nous avons vu toute ces mamans, qui ont parfois 12 ou 14 ans, travailler ensemble dans de petits ateliers, fières de nous montrer ce qu'elles faisaient. Nous avons vu ces petits bébés, parfois complètement rachitiques, comme cette petite Lovely (ce n'est pas elle sur la photo), 9 mois, mais qui en paraissait 10 jours, toute petite, toute frêle, et qui me serrait l'index dans sa petite main en me fixant de longue minute avec un regard terriblement adulte. Un regard qui en disait long sur ce qu'à 9 mois elle avait déjà vécu et souffert. Certains ont même déjà des visages de vieux, c'est à la fois impressionnant et bouleversant.

Dans un autre quartier, toujours grâce aux soeurs, un orphelinat permet à des jeunes de trouver des conditions de vie plus décentes. Dans l'orphelinat, les âges sont plus avançés, mais les besoins sont tout aussi intenses. Besoins de trouver de la chaleur humaine, une famille. Pour la structure, un grand bâtiment abrite des dortoirs, avec environ une dizaine de personnes à chaque fois. Sur les murs, des peintures pour égayer les lieux. Sans ces soeurs, tous ces enfants finiraient dans la rue!
Un travail formidable, mais le problème, c'est qu'ici, il faudrait des dizainnes d'endroits de ce type, avec des personnes aussi merveilleuses, joyeuses et charitables que ces soeurs! Et une fois de plus, leur joie, leur simplicité et leur espérance nous ont marqué. Dans la cité soleil, l'espérance passe en grande partie par elles et par ce type de structures!




Accueil des orphelins




A Cap Haïtien, nous avons rencontré un couple de Français qui ont décidé de donner de leur temps et de leur énergie en venant assister une religieuse américaine qui a construit une école et un orphelinat. Il faut dire que les besoins sont énormes. Il n'y a qu'à regarder les demandes qu'ils reçoivent pour comprendre qu'à Haïti, pays surpeuplé (8 millions d'habitants sur quelques dizaines de milliers de kilomètres carrés), les enfants sont encore des victimes qui pâtissent de la situation sans comprendre et sans pouvoir réagir.
A la périphérie de la ville, dans une grande maison, ils accueillent une trentaine d'orphelins, de 1 à 9 ans. Ils en ont 18 pour l'instant. Nous avons été impressionné par le simple dévouement de monsieur et madame Lepoutre, par la pure charité qui les pousse dans cette voie. Quelques détails terribles mais ô combien vrais nous ont frappés. Comme le fait que la maison soit trop "luxueuse" pour ces enfants parce qu'il y avait du carrelage tout simple au sol!!! Comme nous dit Monsieur Lepoutre : "quand on voit ce qu'ils vont affronter plus tard, il ne faut pas qu'il s'habituent à vivre dans une maison trop luxueuse". On a le coeur serré en entendant ceci, mais on a forcément le coeur attendri devant ces enfants. Ceux-ci reçoivent parfois la visite d'un parent, moment de joie pour tous! L'espérance, ici, c'était de voir ces deux personnes se dévouer pour tous ces enfants, en leur redonnant la chaleur, l'amour et la stabilité d'une famille. Nous sommes repartis en nous disant que pour en arriver là, il faut avoir une foi profonde! Sans cela, tout paraît plus difficile, voir insurmontable.




Coopération à Cap Haïtien




Les jeunes sont également très nombreux à travers le monde à donner de leur temps. Toujours à Cap Haïtien, nous avons rencontré des coopérants et une infirmière française.
Valery et Cyrille travaillent tous les deux comme professeur de mathématique à l'université, mais ils ont également chacun une mission complémentaire.Valery, qui travaille pour la Caritas, est chargé de remettre sur pied une ancienne fabrique de parpaings. Il a donc peu à peu fait construire des batiments, fait réparer les machines, et la fabrique devrait commencer en Août.
Cyril, lui, travaille au Bureau Diocésain d'Education, qui a en charge tous les établissements d'enseignement de la région. Il a reçu une machine pour imprimer, et a monté une petite imprimerie qui répond aux besoins des établissements de toute la zone, tout en développant une activité commerciale de plus en plus importante.

Anne, elle est infirmière. Depuis presque deux ans, elle habite le village de Grande Rivière, dans les mornes, à 1h30 du Cap. Avec la coopération de Sandra, institutrice, elles ont pour mission de seconder une soeur qui lutte depuis des années contre la malnutrition et pour la promotion de la femme dans ces régions montagneuses. La difficulté dans les mornes, c'est qu'il n'y a pas de villages, ni de hameaux. Les habitations sont très isolées. Il faut à chaque fois plusieurs heures de marche pour rejoindre une chapelle où elle donnent RDV aux femmes du secteur. Leur travail : pesée des enfants, conseil et formation des mamans pour lutter contre la malnutrition, et rassemblement des femmes en groupes de travail pour leur permettre de s'organiser sur le plan économique, par le biais de coopératives, ... Depuis deux ans qu'elles accomplissent cette mission sociale, elle ont dévellopé des liens très forts avec ces familles des mornes, et le départ risque d'être dur.




La photo de la semaine





Sous le soleil des Caraïbes...





N'oubliez pas l' album photo...




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