Visites : Alacatel et Sitram Les hôtels capsules La photo de la semaine
Cartes
Japon
Chine
Chine Est
Le contexte japonais
Après deux siècles et demi de fermeture, l'ère Meiji, en 1868, propulse le Japon dans les temps modernes. La défaite de la seconde guerre mondiale marque les esprits, mais le Japon se ressaisit et construit une société égalitaire, à cheval sur la civilisation occidentale et ses systèmes traditionnels de valeur. Sa culture est notamment marquée par la notion de groupe et par une langue très poétique. L'empereur est le symbole de l'Etat et de l'unité du peuple mais n'a aucun pouvoir politique.
Le drapeau : |
Economie :
|
Jusqu'au milieu du XIVème siècle, la Chine fut à la pointe de la technologie, inventant le papier, l'imprimerie, la poudre à canon, la boussole magnétique, la sériculture et la porcelaine. Depuis le milieu du XIXème, le pays est marqué par les conflits : les occidentaux, la Russie, les japonais et une guerre civile. En 1949, Mao Zedong, à la tête du parti communiste, fonde la république populaire de Chine. Il organisera ensuite une révolution culturelle de 1966 à 1975. Malgré de violentes répressions en 1989 (Tien an Men), et des droits de l'homme parfois bafoués (Tibet), la Chine s'ouvre progressivement sur l'extérieur. |
Géographie : Dans ce pays aussi vaste que l'Europe entière, et le plus peuplé du monde (1,3 milliard) les montagnes occupent les 2 /3 du territoire. La densité est légèrement supérieure à celle de la France (127 hab/Km2 contre 108). En 1979, des lois limitèrent le nombre d'enfants à un par couple marié. Cependant, la croissance démographique reste plus de deux fois supérieure à celle de la France. |
![]() |
A Kyoto, notre surprise a été grande de découvrir un pays religieux, mais aussi une culture extrêmement riche, où chaque élément, construction ou acte a une signification. Cette concentration de monuments en fait la capitale culturelle du Japon. L'harmonie avec le milieu environnant est ici essentielle. En se promenant dans un temple, on découvre d'abord une certaine exaltation de la nature, avec des jardins étudiés, de nombreux plans d'eau. De même, les temples ne sont pas construits au hasard. La géomancie, art de placer harmonieusement une habitation dans la nature, a toujours été pratiquée (cela leur vient de Chine). Si les japonais sont les champions des transports en commun, c'est bien pour éviter toute pollution et respecter dame nature!
![]() |
Notre fidèle tente, après une bonne nuit dans un jardin public au coeur de Nagasaki. |
![]() |
Shanghaï dans la "brume" : une forêt de buildings qui a poussé en quatre ans. |
Nous nous rendons ainsi dans le quartier des antiquaires, à la recherche d'objets d'art. Nous en profitons pour visiter une vieille demeure, qu'un riche commerçant avait construit pour ses concubines. On sent là aussi une profonde harmonie avec la nature. On passe de pavillons en pavillons, à travers des petits chemins où en enjambant des petites mares. On se trouve nez à nez avec des dizaines d'espèces de banzaïs. Sur les toits des petits pavillons, des dragons, des personnages excentriques. Inutile de vous dire que tout ceci a un sens pour les chinois. En revanche, avant de bien comprendre, il faut vraiment s'accrocher, car la culture chinoise est si riche, qu'on ne l'approche pas facilement. Il est cependant choquant de voir cet ensemble harmonieux au milieu de tous ces HLM des années 60 très mal entretenus. On voit là que le communisme et la révolution culturelle ont fait quelques ravages.
Notre première impression : ce pays rompt complètement avec le Japon sur certains aspects. Ici, la famille est reine et l'individu existe en dehors de la notion de groupe. Nous avons par exemple la chance d'assister à la fête de la lune. C'est le moment où les chinois se retrouvent en famille, puis sortent dans la rue pour faire la fête. En revanche, avec la politique de l'enfant unique, plus ou moins bien suivi selon les régions, la cellule familiale risque de traverser une sacrée crise. Obsédée par l'argent et très gâtée, cette nouvelle génération risque d'oublier certaines choses élémentaires. Mais ils s'adapteront ! Civilisation existante depuis plus de cinq mille ans, il est vrai que les Chinois ont toujours su s'adapter aux moindres situations. Et aujourd'hui encore, il faut venir en Chine pour comprendre que concilier communisme et une ouverture plus libérale de l'économie n'est pas pour eux un problème. De même, un chinois, monsieur Beda, nous fait remarquer que son pays s'est toujours très peu interrogé sur les thèmes de la politique, de la religion, du sens de la vie, etc , contrairement à l'Europe. C'est que les chinois, par essence, recherche d'abord ce qui est bon pour eux, ce qui leur permettra de survivre et pas la vérité. Ils prennent les choses comme elles viennent. D'où cet extraordinaire pragmatisme qui fait l'admiration de nombreux étrangers. Pour résumer, la Chine nous était complètement inconnue. Le plus inconnu de tous les pays traversés jusqu'à présent, mais loin d'être le moins passionnant.
" Hiroshima crie, Nagasaki prie ", cette phrase populaire au Japon prends tout son sens dans l'histoire religieuse de cette ville. En 1549, Saint François Xavier débarque au Japon. Il y provoquera des conversions en masse, dont quelques seigneurs japonais. Cette religion remettant en cause des principes sacrés du shintoïsme dont le maître est l'empereur, les dirigeants y voient un mal venu de l'occident. Dés lors, la chasse au chrétien commence. En 1597, à Nagasaki, 26 martyrs vont être persécutés (23 hommes et 3 enfants). Ils durent traverser le pays en portant leur croix avant d'être crucifiés. Cet " exemple " ne fera cependant que raffermir la foi des autres chrétiens qui virent leurs martyrs chanter du haut de leur croix. Sous le règne de la dynastie des Togukawa (environ 1600-1850), le christianisme est totalement interdit ! Afin de ne pas se faire repérer, les chrétiens adoraient alors la statuette d'une femme bouddha portant un enfant dans ses bras. Pour eux, c'était la vierge Marie. Parfois même, ils gravaient une croix au dos de la divinité.
Nagasaki
Après la bombe, " Hiroshima crie, Nagasaki prie "
Terre Chrétienne depuis des siècles
La religion a ainsi perduré pendant 250 ans, sans prêtre et dans la clandestinité... fait certainement unique dans l'histoire du christianisme. Au milieu du XIXème siècle, alors que l'ère Meiji redonnait sa place aux religions, le père Petitjean part pour évangéliser ce pays que tout le monde croyait déchristianisé. A Nagasaki, et à sa grande surprise, des femmes viennent le voir un jour pour lui demander : " représentez vous la religion des trois blancheurs ? L'aube du prêtre, la vierge immaculée et l'hostie ?". Il restait bel et bien des chrétiens sur l'île !
La bombe, " c'est la fin du monde… "
![]() |
Nagasaki quelques jours après l'explosion de la bombe A : le désert nucléaire... (archives). |
L'objectif premier n'était pas Nagasaki, mais un petit port, situé à quelques kilomètres. Or la météo et les nuages rendent impossible le largage de la bombe. Un problème technique de l'avion oblige alors le pilote à raccourcir son temps de vol et à se diriger vers l'objectif de remplacement : Nagasaki ! La bombe y est tombée par hasard au milieu de Urakami, le quartier catholique. Cet enchaînement de coïncidences, et la foi qui l'anime, conduira Takashi Nagaï (habitant d'Urakami) à transformer cette intolérable souffrance en espérance pour tous les habitants de sa ville.
Takashi Nagaï
Le "Gandhi" japonais
![]() |
TaKashi Nagaï quelques semaines avant sa mort, entouré de ses deux enfants (archives). |
De ces martyrs de cette terre brûlée, Takashi Nagaï tire une formidable leçon d'espérance, là où d'autres se retrouvent dans une impasse. Sa compassion est totale devant ce spectacle désolant et absurde, lui qui a perdu sa femme dans l'explosion. Il voit pourtant émaner de chaque survivant les sentiments les plus beaux, ce qu'il y a de plus grand et de plus noble dans l'homme. Par-dessus le fléau, tout humblement, il exhorte ses compatriotes à l'espérance, sacrifiant ses journées pour soigner les rescapés. Il sent le mal s'éloigner du coeur de chacun ! Comme si Nagasaki avait été un sacrifice de la part de tous ses habitants. Une phrase résume assez bien sa pensée, qui reste très difficile à suivre tant qu'on a pas lu le livre : " le sang des martyrs est la semence des chrétiens "Choquant ? Pourtant, des gens viennent le voir de tout le pays, l'empereur se déplace en personne et petit à petit, c'est tout le Japon qui en fait un héros. Il vivra encore huit ans après la bombe, mourant d'une leucémie qui le fait souffrir terriblement, mais tout son temps est consacré au témoignage, à l'écriture et aux innombrables visites qu'il reçoit. Ses livres, au nombre d'une dizaine, sont des best-sellers, et redonnent courage à un pays anéanti par l'horreur.
![]() |
Makoto Nagaï, (le fils de Takashi) que nous avons eu la chance et l'honneur de rencontrer. |
Les rencontres s'enchaînent, et ne se ressemblent pas. Et à Shanghaï, nous avons été mis en contact avec deux hommes, chacun responsable d'une joint venture (JV) franco- chinoise. Une joint venture, c'est l'association de deux entreprises ayant pour objet la réalisation d'un projet commun. Jusqu'à maintenant, une entreprise étrangère qui voulait s'implanter en Chine, devait obligatoirement passer par ce type de structure : créer une société avec un partenaire chinois.
La visite de ces deux usines nous a permis de comprendre un peu comment travaillent les chinois, et comment travailler avec eux. Car la Chine est un vaste marché, mais qu'il est dur de pénétrer, et de nombreux échecs sont là pour en témoigner.
![]() |
Mr Dussausse nous explique le gainage d'un cable coaxial pour télévision. |
Sa première attitude fut l'observation. Basique vous direz-vous, mais rarement mise en pratique, et nombre de JV se sont plantées car on avait chercher à plaquer un management et une organisation à l'européenne ou a l'américaine sans observer, et adapter. Seul français dans la JV, il s'aperçut rapidement que le personnel ne faisait pas confiance au patron venu de l'étranger. Mais un événement changea ce climat tendu.
Bien qu'équipés de machines françaises, il arrivait que celles-ci tombent en panne. Ne sachant pas les réparer, les chinois appelaient systématiquement la France pour se faire guider à distance, et passaient pour des guignols.
Lors de l'une de ces pannes, Mr Dussausse fit un pari : " Non les gars, cette fois-ci on n'appelle pas la France. Vous allez encore passer pour des nuls, alors que vous pouvez y arriver tous seuls. Tant pis, l'usine ne tournera pas tant que vous n'aurez pas trouvé. " Pari risqué, car pendant 5 jours, toute l'usine fut arrêtée, les clients commençaient à grogner, et le personnel attendait. Enfin, le responsable de la maintenance arriva un jour en courant : " Ca y est Jean-Paul, on a réussi, c'est réparé (en chinois) ! ! " Depuis ce jour là, en voyant que leur patron avait pris le risque de leur faire confiance, qu'il les avait revalorisés vis à vis des français, une confiance sans failles s'est établie.
Après la confiance, indispensable, le deuxième point de changement fut l'organisation. Mr Dussausse débarqua au sein d'une organisation très hiérarchisée et cloisonnée. Après avoir longuement réfléchi à la manière d'organiser son affaire, il mit en place un nouveau système. Par une réorganisation de l'organigramme et des fonctions de l'entreprise, il est parvenu à donner plus de responsabilités à ses employés tout en les obligeant à travailler ensembles. Pour chaque étape de fabrication, des objectifs sont fixés et des primes accordées en fonction des résultats.
Enfin, nous dit-il, toute la difficulté est de parvenir à contrôler, à déléguer, et à communiquer sans leur faire perdre la face. Il faut donc savoir taper du poing sur la table, tout en prenant bien garde qu'ils ne soient pas perdants.
![]() |
Mr Wlodarek devant un robot polisseur de casseroles. |
![]() |
Loïc dans une des "chambres de l'hôtel", tente d'expliquer au propriétaire que Nicolas ne tiendra pas... |