Doctor Dog Conférence St Vincent de Paul La photo de la semaine
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Chine
Chine Sud
Le contexte hongkongais
Au 18ème siècle, l'Angleterre fonde une grande partie de son commerce avec l'Inde sur l'opium. Le produit transitait par Hong Kong avant d'atteindre la Chine. Cette dernière refuse ce commerce et une guerre éclate. Hong Kong est alors cédé à l'Angleterre (traité de Najing en 1842) pour 99ans. Ce n'est finalement qu'en 1997 que la Chine reprend le contrôle de l'île. Celle-ci garde cependant un statut spécifique pendant encore 50 ans.
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La Chine nous fascine et nous regrettons de ne pas consacrer plus de temps à ce pays, notamment pour nouer des contacts plus profonds avec les chinois. Après Shanghaï, pour nous rendre à Hong Kong, nous choisissons de voyager en train. Les trente heures passées sur la banquette seront l'occasion de communiquer avec des chinois ruraux…Notre arrivée dans le wagon provoque en tout cas quelques rires. Des étrangers qui choisissent la classe populaire, la plus inconfortable et la plus peuplée, qu'est-ce qui leur est passé par la tête ? Pour notre part, le constat est simple : les banquettes sont toutes occupées et les filets à bagage débordent…que faire ? Notre trou, tout naturellement, en réclamant nos réservations et en frayant une place pour nos sacs à dos. En s'imposant, nous gagnons en quelques sorte l'estime des gens. Le train démarre, et rapidement, après avoir provoqué quelques exclamations et sourires , nous devenons des voyageurs anodins. C'est un point qui nous frappe. On se sent d'égal à égal avec eux, comme eux avec nous. Notre échange n'en sera que plus riche !
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Ramassage des ordures après 30 heures de train. Ils crachent et jettent tout par terre, c'est une innomable porcherie... |
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Vue générale de la partie nord de Hong Kong Island : une forêt de tours sans le moindre espace. |
Pourtant certaines rues contrastent avec ces dorures. Le climat use beaucoup les façades et celles-ci décrépissent vite. De même, en dehors de l'île d'origine, on trouve des rangées d'immeubles fades à souhait. Des parcs entiers de cages à lapin. On apprend en discutant avec des expatriés, que beaucoup de chinois vivent dans des conditions modestes, mais possèdent la dernière Mercédès… Les signes de réussite sont primordiaux et on n'hésite pas à étaler, même si derrière, tout ne suit pas.
La ville, artificielle, possède tout de même un côté pittoresque : les tramways à doubles étages ! Nous empruntons un funiculaire tout aussi pittoresque pour escalader un rocher et nous rendre à Victoria Peak. De là haut, la vue d'ensemble donne à Hong Kong beaucoup plus de charme. On trouve plus d'harmonie entre ces immenses rochers et ces immeubles à l'architecture diverse. Nous redescendons à pied de l'autre côté du rocher (petite balade) et nous comprenons alors que Hong Kong n'est pas une ville, mais l'addition de nombreuses îles et villages. Nous nous rendons à Aberdeen, dans le sud, où le port offre une belle concentration de sampans, ces bateaux typiquement chinois. On y trouve également quelques maisons plus typiquement chinoises et sur la route qui y mène, des plages bordées par les montagnes. Dans le village suivant , Stanley, nous nous engouffrons dans un petit marché. Le temple de la contrefaçon ! On y trouve des chemises Lacoste pour trois francs six sous, des marques comme Pierre Cardin…Et beaucoup de touristes venus y faire quelques fructueuses courses. Hong Kong étonne lorsqu'on en a une vue plus globale et qu'on ne reste pas plongé dans ses rues étroites. Le site recèle une multitude de petits coins oubliés, de villages plus typiques, sur des îles éloignées. On peut passer de l'ultramoderne au plus traditionnel en changeant d'île. On ne reste de toute façon pas indifférent devant autant de contrastes, et c'est aussi ça le charme de Hong Kong !
On traverse généralement la Chine en ne communiquant que par dessin ou par gestes tant la langue nous est étrangère. Nous avons heureusement rencontré monsieur Beda, chinois parlant parfaitement le français. Nous en avons profité pour lui poser mille questions sur l'empire du milieu. Cet homme de 40ans, marié, travaille pour le diocèse de Shanghaï. Il a auparavant passé 4 ans à Lyon pour étudier la théologie, sur les conseils d'une religieuse. Sa famille l'a également vivement encouragé à partir, et ce, juste après les événements de Tien An Men. Après de longues complications administratives, monsieur Beda, qui apprenait le français en plus de son métier, rejoint la France.
Pourquoi la théologie (il est le premier étudiant chinois à étudier la théologie en France…) ? La discussion s'engage et nous apprenons que sa famille est catholique depuis plus de 300 ans ! Il commence à nous raconter l'histoire des chrétiens de Chine… Avant les années 1950, le christianisme est une religion essentiellement étrangère. On trouvait cependant quelques chrétiens chinois : des paysans-pêcheurs, mais qu'intéressaient surtout les soupes populaires. Quelques intellectuels et commerçants, qui avaient voyagé en occident et des familles converties par les jésuites. La révolution communiste de 1949 ne change pas grand chose, la liberté de culte étant respecté. 5 ans plus tard, en 1954, l'église se range du côté de l'ONU pendant la guerre de Corée. Le gouvernement n'accepte pas cette situation et cherche une solution …pragmatique. Il crée alors une association patriotique au sein de l'église, pour que les chrétiens soient chinois avant d'être chrétiens. Si quelques prêtres suivent Pékin, une majorité décident de rester fidèle à Rome, estimant également que l'église est universelle. Cette décision entraîne un schisme : désormais, en Chine, il y a l'église officielle et l'église clandestine. Ceux qui choisissent la clandestinité sont persécutés sans répit, envoyés dans des camps de rééducation. Un oncle de monsieur Beda, Zhang, un jésuite, a passé 28 ans dans un camp ! Sa grand-mère, 4 ans ! Des familles entières ont été détruites, et dispersées dans ces mêmes camps !
Le conflit entre les deux églises restent encore assez ouvert. Par exemple, la grand-mère de monsieur Beda a tellement souffert pour ne pas renier sa foi qu'elle est outragée de voir certains s'engager dans l'église officielle. Elle ne changera que le jour où le pape reconnaîtra l'église officielle. Et ce n'est pas près d'arriver, car l'église officielle n'a plus sa mission de prophète. Ses messages comme ses prises de position ne doivent également pas s'opposer aux orientations de Pékin. Par exemple, l'avortement, fortement préconisé dans le cadre du planning familiale, ne peut pas être contesté par l'église officielle. Aujourd'hui, il existe encore des messes clandestines et en y assistant, on risque une condamnation. L'église de Chine a eu ses martyrs et certaines plaies sont encore ouvertes. Le pragmatisme chinois trouve là ses limites. Quand à monsieur Beda, il travaille de tout son cœur pour réconcilier les deux églises, ayant choisi d'appartenir par nécessité à l'église officielle (pour faire vivre sa famille, il ne peut pas prendre le risque de se faire arrêter), mais son cœur est à Rome.
Les propriétaires de chiens, volontaires comme Jenny, viennent le dimanche à l'hôpital pour rencontrer les malades. Son Golden Retriever distribue des baiser baveux aux patients dont certains n'ont jamais souri avant…
"Avec les patients, nous avons un sujet de discussion spontané. On parle de Jolly, puis, au bout d'un moment, se sentant en confiance, ils parlent un peu plus d'eux même. " Confie Jenny. Heureusement, les gros chiens savent qu'ils ne doivent pas sauter sur les gens. Par contre un petit Docteur Dog va se blottir sur les genoux d'une grand mère où sauter dans les bras d'un vieillard plus vaillant.
Plus loin, dans la chambre des enfants, on surprend une discussion d'une intensité émotionnelle poignante :
" Hé ho, Coco, viens essayer cette croquette, elle est très bonne ! ", " Ca suffit, Bao, si tu continues, tu vas devenir trop gros ! ", " Dis moi Tenny, tu ne sens pas très bon aujourd'hui, est-ce qu'il a pris sa douche ce matin ? ". L'ambiance est simple et joviale, c'est la visite de la semaine.
Le Docteur Woo Da qui connaît bien le programme " Doctor Dog " dit sans hésiter que les chiens ont des effets très bénéfiques sur la santé des patients. Souvent, ils en oublient leur solitude, leurs souffrances. Pourquoi ne pas en profiter ?
C'est aussi l'avis de Jill Robinson, une expatriée de Hong Kong qui est à l'origine du programme. Son souhait serait de développer le concept dans d'autres pays (comme c'est la cas aux Philippines), alors, avis aux amateurs…
On imagine Hong Kong comme une grande ville commerciale et moderne. C'est vrai ! Mais Hong Kong héberge aussi des personnes démunies, des réfugiés politiques et des personnes âgées… Alors, les " gens de la ville " viennent les aider ! John Lee travaille chez Digital mais depuis 10 ans il va rencontrer régulièrement trois personnes âgées, auxquelles il apporte un petit cadeau et de son temps. John Lee se sent concerné par les gens de son pays qui n'ont pas autant de chance que lui, alors il s'est engagé comme vice-président auprès de la conférence St Vincent de Paul, tout en exerçant son activité professionnelle. Il y a 22 groupes de volontaires qui se retrouvent tous les mois afin de définir des actions dans leur quartier. Ce sont 300 membres qui s'engagent en fonction de leurs disponibilités.
La rencontre de la semaine
Mr Beda
Une rencontre peu ordinaire…
Nous découvrons l'histoire des chrétiens de Chine…
Les plaies ne sont toujours pas refermées…
Doctor Dog
Ce sont les chiens qui visitent les patients
Et pourquoi pas un baiser baveux pour commencer ?
Pour ces malades psychiatrique qui ont des difficultés à communiquer avec les autres, les chiens peuvent casser ces barrière et encourager à la communication.
Les médecins sont formels, il faut continuer !
La conférence Saint Vincent de Paul
Du temps libre avec et pour les autres
Apporter des aides concrètes, en plus des visites…
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Famille d'immigrés chinois à Hong kong, entourés par quelques membres de la Société Saint Vincent de Paul. |
Nous suivons les 5 membres de l'équipe de direction. Ils ont tous consacré leur jour de congé national pour nous présenter leurs actions. Après un petit brunch typiquement hongkongais, nous quittons les quartier d'affaire à bord d'un tramway à deux étages. Au passage, nous profitons de la visite guidée de John Lee, très alerte sur les prouesses technologiques de cette ville moderne. Puis nous accédons aux quartiers plus pauvres (peu différents de nos HLM), délabrés, devant lesquels des enfants jouent au tourniquet. Au troisième étage, une vieille femme nous attend devant ses plantes vertes. Sans parler cantonnais, nous comprenons assez vite que Saï est heureuse de recevoir la visite de 8 galants messieurs. Son visage est rayonnant. Elle nous présente les photos des enfants qu'elle gardait jadis pour dépanner ses voisines. Ils sont déjà grands maintenant. Elle nous raconte aussi la terrible période de l'invasion de Hong Kong par les Japonais en 1945. Joseph lui donne quelques oranges pour améliorer son ordinaire. " Ah, ça tombe bien, je vais pouvoir en donner à ma voisine. " nous dit-elle avec un air espiègle. Cette femme n'a jamais déménagé, mais avant, elle cultivait son terrain dans la montagne, au même endroit. Hong Kong s'est construit sur un pic rocheux, c'est à peine croyable.
Heureusement, le gouvernement soutien les personnes âgées, les malades et les immigrés en leur offrant des repas par exemple. Bien entendu, cela ne suffit pas toujours. Il existe un système social similaire au nôtre mais incomparable à celui de la Chine… Reste à savoir comment va s'opérer la transition.
La photo de la semaine
Dans le port d'Aberdeen, une vieille femme regarde passer les sampans.