Journal du 10 novembre


Cambodge



Sommaire

    Le contexte     Le journal de route     Krousar Tmey

    Angkor     La rencontre     Pour un sourire d'enfant

    Micro crédit     La photo de la semaine




Cartes

                          Cambodge




Le contexte cambodgien

Le royaume Khmer atteint son apogée culturelle et militaire entre le 9ème et le 15ème siècle et rayonne sur toute l'Asie du Sud-Est. Protectorat français pendant près de 75 ans, le Cambodge obtient son indépendance en 1953. En 1975, Pol Pot et les communistes marchent sur Phnom Penh et provoquent la mort d'1 700 000 personnes. En 1979, une invasion vietnamienne permet l'éviction de Pol Pot, mais se poursuit par 10 ans d'occupation. En 1993 ont eu lieu les premières élections " démocratiques ", et les récentes élections de juillet 98 ont été favorables au premier ministre Hun Sen. Mais des jeux de pouvoir paralysent le pays qui n'a pas de gouvernement depuis 4 mois. Le roi Sihanouk reste un puissant symbole pour l'ensemble du peuple cambodgien.

Géographie :
D'une superficie de 176 500 km2 (1/3 de la France), le pays est traversé du Nord au Sud par le fleuve Mékong. Les trois quarts du pays se composent de plaines entourant le grand lac Tonlê Sap. Il y règne un climat tropical très favorable aux cultures.
Economie :
Sous le régime communiste des khmers rouges, le Cambodge est devenu l'une des nations les moins développées du monde. Aujourd'hui, 80% de la main d'œuvre travaille dans une agriculture de subsistance. La plus précieuse ressource naturelle reste le bois.
Population :
10 400 000 habitants, dont 90% de khmers. Mais aussi des chinois, des vietnamiens…
Langues :
Khmer. Mais beaucoup parlent le français, surtout à Phnom Penh.
Religion :
Bouddhisme theraveda (95%) et hindouisme, islam.
Anecdote :
Le fleuve Tonlê Sap ne coule pas toujours dans la même direction. Durant la saison sèche, il sort du lac qui porte le même nom. Mais pendant la saison des pluies, les eaux en crue inversent son cours.








Journal de route


Au pays des Khmers…



Nous passons de l'Asie jaune à l'Asie brune…

Dans les rues de Saïgon, à 4 heures du matin, en attendant l'hypothétique bus pour Phnom Penh.
A 4 heure du matin, nous attendons un bus dans les rues désertes de Saïgon. 7 heures, le bus annoncé n'est toujours pas là ! ! Il faut se résoudre à prendre un taxi pour la frontière avec le regret de ne pas avoir retrouvé nos informateurs de la veille…histoire de mettre les choses au clair ! ! Nous arrivons dans un pays qui a beaucoup souffert ces 20 dernières années et dont le contexte politique reste assez instable. Nous passons brusquement de l'Asie jaune à l'Asie brune. Le contraste est particulièrement saisissant, entre les peuples du Vietnam, influencés par la Chine et le peuple khmer, d'origine indienne. Les décors changent : la tradition khmer influence chaque construction. Les maisons aux couleurs vives reposent sur des pilotis, sans doute pour ne pas avoir à souffrir de l'humidité et des marres d'eau qui précèdent chaque habitation. C'est aussi un moyen de se protéger contre d'éventuels prédateurs. A l'horizon, les rizières saccadées du Vietnam laissent place à d'immenses plaines entrecoupées de quelques cocotiers. Les couleurs se font plus éclatantes et les verts plus cinglants. La variété d'arbres est également impressionnante, mais n'est-ce pas la principale richesse du pays ? Mais le Cambodge reste un pays très pauvre, et les enfants jouent souvent nus ou habillés de quelques bouts de tissus rapiécés. Les cambodgiens sont d'un accueil très chaleureux et les contacts sont tout naturels. Les enfants se précipitent même pour être photographiés ! (Christian, alias Robert Moisneau, photographe officiel de la mairie de Boue-sur-glaise, commune de 87 habitants située dans la Creuse, en sait quelque chose !). Peu habitués à voir des touristes, ils n'en restent pas moins prêts à nous aider, grâce à quoi nous arrivons à Phnom Penh sans trop d'encombres.



Phnom Penh, une ville à échelle humaine…

Phnom Penh, nous donne l'impression d'une ville du tiers monde. Les détritus, les rues en terre et la poussière omniprésente nous rappellent parfois l'Afrique. Quelques artères de la ville sont goudronnées, mais le reste n'est que chemins de terre chaotiques. On ne trouve pas d'immeubles importants et beaucoup de constructions sont dégradées. Mais c'est une ville à échelle humaine où il est agréable de se promener à vélo. Nous retrouvons cependant un phénomène commun à toute ville asiatique : la circulation est grouillante et les permis de conduire (si tant est qu'ils existent), ont été obtenus dans des pochettes surprises ou des cadeaux bonux.



Nous sentons les tensions politiques au quotidien…

On sent aussi une situation tendue. Il n'y a pas un carrefour sans policiers en alerte. Sans gouvernement depuis 4 mois, le Cambodge est plutôt un pays miné par la corruption, qui a du mal à renaître de ses cendres. Comment un si joli pays, autrefois si lumineux, a pu en arriver là ? Il suffit de regarder quelques années en arrière, et de se remémorer le passage d'un certain Pol Pot, applaudi à l'époque par quelques brillants intellectuels français…Quand on voit ce qu'il laisse en héritage ! Plus généralement, beaucoup de gens regrettent le manque d'initiative générale et l'absence de toute volonté d'entreprendre.



Un pays encore très rural…

Après quelques jours dans la capitale, nous partons vers le Nord du pays. Et à 20 dans un pick-up, s'il vous plaît ! L'état des routes est pitoyable. On retrouve les pistes africaines, mais sans Cindy, avec un certain pincement au cœur. Nous croisons un pays encore très rural. Dans les rizières, nous croisons moult bœufs tirant des herses en bois. Les enfants comme les vieillards sont souriants, prennent leur labeur à cœur. Le génocide, le rude contact avec la terre, sont autant d'épreuves qui pourtant ne les découragent pas. Et même si certaines générations sont encore profondément marquées, nous sommes touchés par ce peuple qui a conservé son âme. Nous avons en tout cas la chance d'arriver à Siem Reap pour la fête des eaux, un événement national au cours duquel des courses de bateau à rame sont organisées. Le roi n'étant pas là, nous ratons les magnifiques régates qui se déroulent habituellement dans les douves du temple d'Angkor Vat. Nous nous rattrapons par la visite des temples d'Angkor (voir l'article ci-dessous).



Sur le grand lac, nous croisons de véritables villages flottants…

Sur le Tonlé Sap, l'immense lac réservoir du Cambodge.
Le lendemain, nous prenons une petite embarcation vers Battambang. La traversée du grand lac Tonlê Sap, point central du Cambodge, nous offre un spectacle assez rare. Nous croisons de véritables villages flottants où chaque maison, construite en bois et en chaume, repose sur un radeau. Des villages coupés du reste du monde…Nous quittons le fleuve principal pour s'engager dans un véritable couloir de mangrove large de 2 mètres où notre frêle embarcation file à 20 nœuds. A Battambang, nous comprenons que la situation dans le nord et l'ouest du pays est encore plus tendue qu'à Phnom Penh. Les ex Khmers rouges reconvertis en brigands ne sont pas loin et les attaques routières sont fréquentes.



Les villes frontières, des endroits toujours peu sûrs…

Les histoires les plus délicates viennent cependant des villes de Sisophon et de Poïpet (la ville frontière avec la Thaïlande). On y croise des véhicules blindés et chacun ou presque se promène avec sa Kalachnikov. Une semaine avant notre passage, un douanier a sauté sur une mine antichar. De même, un membre d'une ONG, revenant de Thaïlande, trouve la ville de Poïpet déserte…Le bruit courait que la ville devait être attaquée une heure après. Bref, le climat n'est pas évident et la pauvreté encore plus criante. Combien d'unijambistes avons-nous croisé sur notre route? Sans compter les mendiants et les jeunes enfants transportant des sacs de plusieurs kilos pour une bouchée de pain. Ce passage de la frontière Cambodge-Thaïlande draine une forte misère et la sécurité n'y est pas garantie…En attendant la Thaïlande !



Un pays vraiment attachant

Le tableau pourrait paraître un peu noir, pourtant ce pays nous a marqué par la magnificence de ses paysages, l'éclat et la variété de ses couleurs naturelles et de ses habitations. Nous y avons senti une harmonie et une unité rare à travers sa géographie, ses paysages et l'homogénéité de ce peuple khmer. Les contacts personnels que nous avons pu nouer nous ont appris à aimer le courage et la gaieté des cambodgiens. Nous avons également été éblouis par la richesse et l'étendue de la culture et de la civilisation khmère, qui a rayonné sur cette partie de l'Asie pendant de nombreuses années. Comme vous avez pu le constater, ce pays nous a touché et nous aimerions vraiment y retourner.




Krousar Tmey


Première fondation d'aide à l'enfance cambodgienne défavorisée

Nous arrivons à La Casa, petit restaurant de Phnom Penh, quartier général de l'association Krousar Thmey. Nous avons rendez-vous avec Benoît Duchâteau-Arminjon, le fondateur de cette association. 32 ans, d'un accueil sympathique, " Benito " est un homme pressé, efficace et n'est pas du genre à mâcher ses mots. Mais derrière le manager, nous découvrons un homme qui a consacré une partie de sa vie à l'enfance cambodgienne. Il y a 7 ans, quittant Bangkok et une carrière prometteuse au sein du groupe Accor, il décide de consacrer un an à enseigner dans les camps de réfugiés cambodgiens. Puis placé au centre des opérations de rapatriement en 1991, il décide de fonder une association au service de l'enfance cambodgienne.



"Nouvelle famille"

Krousar Thmey, en khmer " Nouvelle Famille ", est aujourd'hui la première fondation d'aide à l'enfance cambodgienne défavorisée. Pour Benito, la règle est claire : tous les projets sont menés pour les cambodgiens, par des cambodgiens. Krousar Thmey emploie en effet 160 cambodgiens, directeurs d'établissements, professeurs, éducateurs (tous ont été longuement formés, avec au moins une fois un séjour en Thaïlande ou aux Philippines). Seuls quelques volontaires européens assurent la comptabilité, la logistique et la communication. Avec plus de 3 Millions de francs de budget, et grâce à une gestion rigoureuse, Krousar Thmey est une fondation qui rayonne formidablement sur l'ensemble du Cambodge.



Une impressionante variété de programmes

Nico pris d'assaut par les enfants du village Krousar Thmey de Poïpet, à la frontière avec la Thaïlande.
Dynamisée par l'enthousiasme et l'efficacité redoutable de Benito, Krousar Thmey développe une variété de programmes impressionnante.

Le premier volet concerne la protection de l'enfance :
Il existe plusieurs centres d'accueil et de protection où les enfants des rues, orphelins ou exploités retrouvent une " nouvelle famille ". Ces centres aux vocations diverses sont ouverts aux enfants des alentours qui peuvent profiter des activités proposées.
A Sihanoukville, sur la côte sud, Krousar Thmey offre la possibilité aux enfants des rues de se former aux métiers de la mer, grâce aux 2 chalutiers de l'association.
A Poïpet, ville frontalière avec la Thaïlande, où règnent une pauvreté et une insécurité terribles, Krousar Thmey a construit un village de 25 maisons qui accueille des femmes seules, sans ressources, avec de nombreux enfants à charge.

Le deuxième volet est un soutien à l'éducation et à la scolarisation :
Actuellement, Krousar Thmey a 500 enfants pris en charge en totalité et en envoie près de 2000 à l'école.
Outre le parrainage et l'ouverture de nombreuses écoles en milieu rural, Krousar Thmey a lancé des écoles pour enfants aveugles ou sourds.

Le troisième volet se consacre au développement culturel et artistique :
Par des expositions, des cours de danse et de musique traditionnelle, des ateliers, des théâtres d'ombres,… Krousar Thmey permet à des milliers d'enfants de développer leur sens créatif et artistique, en les faisant redécouvrir la richesse de leur patrimoine culturel. Une exposition sur la culture khmère a par exemple été vue par près de 120 000 enfants dans les différentes provinces. Voici comment " la mémoire dormante des musées peut devenir la mémoire vivante d'un pays qui aspire à renaître… "



L'esprit de Krousar Thmey :

Krousar Thmey est une ONG gérée comme une entreprise. Mais sans but lucratif bien sûr, et avec des salaires proposées moins attractifs que dans beaucoup d'entreprises. Pour assurer la relève et éviter " les consommateurs d'humanitaire ", Benito a voulu créer un véritable esprit familial, clef de voûte de la fondation. Comme en France où il est resté très attaché à la vie et à l'ambiance de sa grande famille, il veut offrir la même chance à ces enfants défavorisés. Pour ce faire, tous les deux ans, quelques cambodgiens organisent une grande manifestation réunissant les membres, enfants de l'association, et même les anciens ! Trois jours de rencontres sportives et de fêtes pendant lesquels se forgent " l'esprit Krousar Thmey ". Benito nous avoue ainsi que " les choses ne se font pas avec beaucoup d'argent " voir même que " trop d'argent dénature l'humanitaire ". En réalité, " l'humanitaire, c'est tout simplement un peu d'argent et beaucoup de coups de pieds au cul " !
De plus, dans chaque programme, des employés des ministères font parti de l'encadrement. Cela crée un lien entre le monde politique et Krousar Thmey pour sensibiliser les responsables, leur montrer des réalisations simples et concrètes et … faire avancer les choses!



L'école pour enfants aveugles de Battambang

Cours de déplacement dans l'école pour enfants aveugles de Battambang.
A Battambang, nous avons découvert l'école pour enfants aveugles. Nous pénétrons dans un joli jardin fleuri et bien entretenu, qu'encadrent des bâtiments harmonieux à l'architecture traditionnelle. Une quarantaine d'enfants viennent ici chaque jour pour suivre leur scolarité.

Nous rencontrons Sarak, le professeur de " mobilité et orientation ". C'est un homme très calme et assez pince sans rire, qui nous explique son métier avec passion. Son rôle consiste à enseigner aux enfants à se déplacer avec ou sans canne, dans l'inconnu ou sur des trajets mémorisés. Il est impressionnant de voir ses élèves se diriger avec aisance et sans appréhension à travers l'école.
Dans la classe de niveau 3, nous rencontrons Yôn, une jeune femme qui travaillait il y a encore deux ans dans une école " classique " avant d'être embauchée par Krousar Thmey. Elle a été formée à la pédagogie pour aveugles, a appris le Braille et l'enseigne maintenant aux 10 élèves de sa classe.
Un peu plus loin nous entendons de la musique, nous approchons et découvrons 7 enfants qui jouent ensemble une musique traditionnelle. Innocemment, nous demandons où est l'enseignant, et réalisons qu'il est tout simplement au milieu d'eux, accompagnant les enfants avec sa viole. Lui aussi est aveugle.
Nous décidons alors d'enregistrer leur musique. L'un des enfants touchant de ses doigts l'ordinateur en prends alors conscience, son visage s'illumine et il s'empresse de transmettre sa découverte à ses camarades.
Cet endroit respire la sérénité et ces enfants expriment une immense joie à pouvoir apprendre comme les autres, à pouvoir communiquer, se déplacer…



Des écoles pour handicapés : une révolution

Mais cette école a une histoire. Car si dans les camps de réfugiés les enfants aveugles allaient en classe, après le rapatriement, ceci est devenu impossible : au Cambodge, il n'existait aucune structure pour ces enfants . C'est Wana, enfant aveugle qui lance un jour a Benito : " Pourquoi je ne vais plus à l'école ? ". Trouvant injuste de laisser un enfant pouvant jouer au foot et étant premier de classe sans école, Benito fonde les premières écoles pour enfants aveugles et enfants sourds au Cambodge. Avec Neang Phalla, une ancienne professeur des camps qui a quitté son nouveau travail pourtant mieux payé, il fait traduire le khmer en Braille et apprendre le langage des signes. Et quand une femme lui dit un jour : " Ah, Krousar Thmey…, c'est vous qui faites parler les sourds… ", cela prouve que les mentalités changent. Qu'un enfant sourd ou aveugle peut aller à l'école et même être premier de classe dans une école " classique ". Et ça, c'est une véritable révolution dans un pays ou l'handicapé est tout juste considéré comme un être humain!




Angkor


La huitième merveille du monde



Pour nous consoler d'avoir manqué la fête de l'eau, nous allons visiter le site d'Angkor. Cet ensemble archéologique du Cambodge occidental est la huitième merveille du monde. Situé à l'emplacement d'une ancienne capitale des rois khmers, les premiers temples d'Angkor furent construits en 889 par celui que vous connaissez tous…Yasovarman 1er. En réalité, le site s'étend sur plusieurs kilomètres carrés et est composé d'innombrables monuments, au symbolisme architectural très poussé et ornés de riches décors sculptés. La précision et la minutie de l'art khmer sont en tout cas assez étonnantes.

Le plus remarquable ensemble est Angkor Thom, véritable ville fortifiée. L'entrée est marquée par quatre portes répartis aux quatre points cardinaux. Dans cet ensemble, le temple du Bayon est celui qui suscite le plus de passion, peut-être à cause du ballet de visages de ses tours sanctuaires. Il est considéré comme le panthéon abritant les divinités honorées dans tout l'empire ! Le sanctuaire central du temple étant bien évidemment réservé à Bouddha. Ces sculptures si diverses et si fines sont réparties dans de véritables labyrinthes de couloirs cahoteux et obscurs. Des escaliers acrobatiques (le giron des marches mesure 10 centimètres pour une hauteur de 48 cm !) font déboucher sur des terrasses verdies par l'inlassable travail de la mousson. D'autres temples, comme le Baphuon, sont en cours de restauration par l'école française d'extrême orient. Pas très loin, le temple Phimeanakas est plus modeste par sa taille, mais nous a causé une belle frayeur. L'admirant, nous entendons un vacarme à quelques mètres de nous. Un serpent arboricole vient de tomber de son arbre, il s'agit de l'un des plus venimeux ! A trois mètres près, nous le prenions sur la tête !

Le temple d'Angkor Vat, l'un des joyaux les mieux conservés de l'architecture khmère.
Remis de nos petites émotions et après un rapide coup d'œil sur le " bain royal " (une piscine de plus de 50 mètres de long sur 25 de large !), nous partons découvrir l'extraordinaire terrasse des éléphants. Un ensemble de plusieurs centaines de mètres de long dont les murs sont garnis de sculptures du beau pachyderme. Les trompes se détachent même des murs et donnent l'impression qu'il y a trois dimensions. Dans le temple de Ta Prohm, les fromagers viennent enserrer les sanctuaires de leurs puissantes racines. Il est considéré comme le temple romantique, car la divinité principale (" perfection de la sagesse ") est la mère du roi. Conservé volontairement en l'état, on y retrouve sans trop de peine l'émotion des premiers découvreurs d'Angkor. Mais le plus parfait, le plus harmonieux, le plus équilibré des temples est celui d'Angkor Vat. Il est en tout cas très dur de décrire Angkor Vat sans en trahir la beauté. Pour y accéder, il faut d'abord traverser des douves larges de 200 mètres. Après avoir passé le gopura (" porte de temple ") aux cinq passages, la perspective sur le temple principal est fabuleuse, surtout ce matin, lorsque le temple se confond avec la brume et que le soleil vient timidement se refléter sur sa pierre rougeâtre. Une immense allée de dalles mène au temple principal. Ses bas-reliefs sont composés de centaines de mètres de sculptures sur 2 mètres de hauteur! Elles retracent des batailles entre chams et khmers, mais aussi des scènes de la vie quotidienne ou le roi Sûryavarman sur son trône entouré de ses ministres. On y aperçoit également des guerriers à dos d'éléphants comme des femmes sculpturales, ce qui ne nous laisse pas insensible. Comme dans chaque temple, chaque pièce raconte une épopée ou est dédiée à un Dieu. Quand vous savez que le temple principal d'Angkor Vat fait 200 mètres sur 200 et a des galeries sur plusieurs étages… C'est tout simplement prodigieux et même dur de trouver un mur sans une sculpture!
Le soir, nous admirons le coucher de soleil depuis le temple de Phom Bakhèng. Perché sur une colline, il domine la plaine. C'est de là que nous apercevons le crépuscule recouvrir Angkor Vat, dans un jeu de couleurs féeriques.




La rencontre de la semaine


Est-il possible de démissionner heureux pour pouvoir se permettre d'aller jusqu'au bout de ses rêves ?!

Nous rencontrons Hugues et Virginie, mariés depuis plus d'un an, engagés pour monter une structure d'accueil d'enfants des rues avec les pères Salésiens (Don Bosco).

Hopetour : " Pourquoi êtes vous partis pour deux ans à 27 et 29 ans alors que vos carrières vous sourient ? "

-"Depuis notre mariage, nous avons décidé de ne pas commencer “comme tout le monde” par une petite vie trop bien rangée. Nous nous sommes engagés après un bon temps de réflexion. "

Hopetour : " Comment ont réagis vos collègues et patrons ? "

-" Un des moments les plus forts et les plus redoutés lors de cette préparation au voyage à été le jour ou l'on a du annoncer à nos employeurs, notre départ non pas chez les concurrents mais bien à l'étranger… non pas avec un statut d'expatrié mais bien dans le cadre d'un volontariat !
La démarche n'était pas commode, si bien que l'on s'est même interrogé sur l'utilité de l'expliquer “comme tel” à nos responsables.
Contre toute attente en effet, notre projet les enthousiasmait et les touchait à un point tel qu'ils n'hésitèrent pas à nous encourager, tout en s'impliquant personnellement. A titre d'exemple, au cours d'une réunion, le directeur du personnel a félicité notre initiative tout en regrettant ouvertement de n'avoir jamais eu le cran de faire la même chose. 
La société bancaire pour laquelle je travaillais (Hugues) me fit le don d'un PC portable pour faciliter le gestion du projet. Les responsables envoyèrent un mail au personnel (700 personnes) en expliquant notre action et en proposant une collecte de vêtements qu'ils revendraient afin de nous soutenir … La collecte dépassa toutes les espérances (centaines de kilos de vêtements collectés). Le chef du personnel insista pour que l'on envoie régulièrement de nos nouvelles afin qu'il puisse les faire paraître au sein du journal d'entreprise… "

Hopetour : " Et comment expliquez vous cette réaction ? "

-" Ces nombreux témoignages et marques d'affections dans le milieu professionnel nous ont beaucoup marqué par leur grande sincérité ! Nous concrétisions apparemment une chose rêvée par tant et tant de personnes mais si rarement menée à terme…
L'aventure démarrait fort… Nous commencions déjà à être confortés dans le bien fondé de notre rêve fou et à en récolter les premiers fruits …
Nous prenions par ailleurs conscience qu'en cherchant un peu, il y a dans chaque être humain, même chez des " requins " une grande générosité! "




"Pour un sourire d'enfant"


A l'aube, dans une cour d'école, 300 enfants en uniforme assistent solennellement à la levée des couleurs avant d'aller en classe. Quoi de plus normal nous direz vous ? Sans cette école, à la même heure, ces mêmes enfants auraient pris leur sac et leur crochet pour récupérer sur la décharge voisine quelques détritus à revendre. Marie-France et Christian des Pallières ont profité de leur retraite pour monter une école, qui propose à ces enfants une enfance plus normale.



Dans la décharge pour gagner sa vie

La vie quotidienne de ces enfants se déroule sur la décharge.
Très jeunes les enfants ramassent les ordures pour les trier et les revendre. " Dans mon sac, il y en a pour 100 riels " nous explique Sophiep. La benne arrive et déverse son chargement. Immédiatement, quelques personnes se ruent pour retourner du crochet ce tas de pourriture. " Tu vois là bas il y a une belle boite de conserve, ça se vend bien ça, mais je n'ai pas le droit d'aller la chercher car je n'ai pas payé de commission au chauffeur de la benne ." Une fois le tas retourné par la pelleteuse, Sophiep va chercher ce qu'il reste. " Le drame, nous explique Christian des Pallières, c'est que souvent, le père de famille envoie ses enfants à la décharge et les bat s'ils n'ont pas gagné assez d'argent. Bien entendu, lui reste à la maison ! "



Les éduquer pour sortir de là

Cette activité de chiffonniers est une solution d'urgence pour ces enfants, mais qu'adviendra-t-il quand ils voudront faire autre chose ? Rien, car ils n'ont aucune formation. Il faut donc leur apporter une éducation. Pour décider les parents à envoyer leurs enfants à l'école, il faut compenser le manque à gagner des enfants qui ne travaillent pas sur la décharge. " On donne juste un peu moins que ce qu'ils gagneraient afin qu'il y ait tout de même une petite démarche de la part des parents " nous explique madame Tong Phorn, qui est chargée de la pédagogie.
Une fois à l'école, il faut pouvoir dispenser une éducation digne de ce nom. L'école des des Pallières se veut une école efficace, pour les plus pauvres. Alors, ils recrutent et forment des enseignants prêts à dispenser une nouvelle pédagogie, moins académique que celle qu'ils ont appris. Il semble que ces efforts payent puisque certains enfants rattrapent 3 niveaux en 1 an et accèdent à des formations professionnelles. Les meilleurs sont envoyés chez Dom Bosco (ils viennent même les chercher), où ils reçoivent une formation professionnelle.



Et des enfants comme les autres

Nous effectuons le tour des classes. Assis sur une natte, les plus jeunes s'appliquent à recopier l'alphabet sur leur ardoise. Notre présence nous vaut quelques sourires, mais bien vite, ils retrouvent leur activité avec une concentration qui nous émerveille. Dans la cour de récréation, les filles jouent à la corde à sauter, les garçons viennent les titiller mais la riposte ne se fait pas attendre. A côté de nous, d'autres enfants révisent leur leçon. Ils ont vraiment soif d'apprendre ! C'est tout simplement extraordinaire de voir ces enfants s'accrocher en classe et travailler durement pour ne pas négliger la chance qui leur est offerte. Et pas aigris ni rancuniers pour un sou, ils affichent un large sourire dés que vous les croiser. Que vous dire de plus, sinon qu'on ressort de ces classes le cœur gonflé à bloc !



Des grand-parents comblés

Christian et Marie-France Despallières au milieu des 300 enfants de leur école.
Les des Pallières n'ont pas peur de l'aventure. Ils étaient déjà partis voyager en camping car avec leurs 4 enfants pendant 1 an. Leurs enfants sont grands maintenant et la carrière de Christian chez IBM est loin derrière lui. C'est au forum d'Agen qu'il prend la décision de partir au Cambodge comme coordinateur d'une association, et ce en 3 semaines ! Peu de temps après, l'union européenne arrête de financer l'association (1995). C'est alors que les des Pallières décident de fonder leur propre fondation : " Pour un sourire d'enfant ". A la rentrée 1995, ils viennent en France et expliquent leur projet. Et dés Mai 1996, ils ouvrent leur première classe. Elle compte 10 enfants. A la fin de l'année, il en auront 120 ! Pour n'accueillir que les enfants dans le besoin, ils font des enquêtes de pauvreté, vont chercher les enfants à la décharge ou reçoivent ceux qui viennent d'eux-mêmes. Depuis la création de "Pour un sourire d'enfant ", chaque année, ils font une tournée de 3 mois en France pour témoigner et récolter des fonds ! !
" Et quand nous voyons tous ces enfants, qui crient, qui rient, qui nous appellent " Papy, Mamy " on se dit que nous sommes comblés ".




Banque rurale de micro-crédit




Un ancien de Contigo…

Nous avons la chance de rencontrer à Phnom Penh un ancien de Contigo (cf journal du Chili) travaillant toujours dans le micro-crédit. Frédéric Chastenet s'est engagé avec le GRET et apporte son savoir-faire à l'Ennatien Moulethan Tchomebat (EMT), nom de l'organisme octroyant des prêts sur les 5 provinces du Sud cambodgien.



Non à l'assistance technique, oui au capital !

A l'origine, le programme ressemblait plus à une assistance technique en développant de nouveaux fours pour la fabrication du sucre de palme(20 à 30% des paysans en vivent). Or le constat après cette coopération technique, c'est que les paysans ont besoin de capital. D'où la mise en place d'un programme de micro-crédit adapté aux exigences du monde rural…



Fonctionner avec les exigences du monde rural…

Le cycle d'emprunt est calqué sur le cycle agricole, soit une période de 10 mois, avec un taux de 4% mensuels. De même la sélection et l'octroi des prêts se fait par village (environ 250 personnes), qui prend alors le nom de " caisse ". Voici ce qui se passe lorsqu'un village veut emprunter :
Un agent de crédit (obligatoirement un cambodgien), employé d'EMT, enquête sur le village. Il rencontre le chef, réunit ceux qui désirent emprunter (maximum 80 personnes/village), forme des groupes de 5 personnes et passe dans chaque famille expliquer toutes les formalités. C'est lui le véritable lien entre le village et EMT. Il a également la charge de récolter les intérêts à la fin de chaque mois, ainsi que le capital à la fin du cycle. Le remboursement du capital se fait in fine, car c'est seulement au moment de la vente de sa récolte que le paysan retrouve son investissement. Le montant des emprunts est libre, mais la moyenne se situe autour de 2 000 000 riels (2800FF).



Un principe qui fonctionne ?

Actuellement, avec cette formule, EMT atteint un taux de remboursement de 100%. Frédéric nous confie que les paysans cambodgiens sont consciencieux et qu'il n'y a pas de problèmes de vol. D'autre part, au sein des groupes, les gens sont solidaires et cautions les uns des autres. Et au sein d'un même village, tous ces petits groupes sont solidaires et cautions entre eux! Aucun membre du village ne peut contracter de nouveau prêt tant que tout les clients du village n'ont pas remboursé. Quant au travail des agents de caisse, une direction de l'inspection (5 personnes), en vérifie tous les niveaux de travail. De même, un trésorier par province est chargé de préparer le trésorerie et de la faire remonter vers Phnom Penh.



L'avenir d'EMT

EMT a pour vocation de devenir complètement cambodgien à partir de juillet 2000. C'est une convention qui a été signée avec le principal bailleur de fond, l'Etat français. Pour le moment, avec une formation régulière et soutenue du personnel de la banque, le seul risque est de voir partir certains employés dans des grandes entreprises étrangères. Beaucoup de cambodgiens d'EMT sont parfaitement autonomes et ont de grosses responsabilités dans des tâches opérationnelles (comme les 90 responsables de caisse). En ce qui concerne les finances, pour un dollar prêté, EMT en dépense 0,2 en frais de fonctionnement. Ce qui amène les en-cours à 80% de l'actif bilan ! Et autrefois, si de l'argent devait être réinjecté pour financer le déficit, aujourd'hui, l'équilibre est atteint : les produits égalent les charges. Seule une augmentation de capital doit être financée par un apport extérieur. L'objectif, avant de passer la main, est désormais de décentraliser dans chaque région la comptabilité des caisses afin d'éviter de se retrouver chaque Samedi au siège avec des millions de riels en petites coupures...




La photo de la semaine






Alain Delon est satisfait de vous présenter l'un de ses meilleurs rôles...





N'oubliez pas l' album photo...

Coordonnées des personnes rencontrées



Liste