Journal du 20 novembre


Thaïlande




Cette édition du Hopetour journal est malheureusement bien pauvre en photos, et nous vous privons (une fois n'est pas coutume) de la joie habituelle que vous procure notre album photo. Vous en découvrirez les raisons dans "la tuile de la semaine". Nous vous suggérons donc de vous reporter aux albums du Vietnam et du Cambodge qui pour des raisons techiques sont parus avec un (très) léger retard.


Sommaire

    Le contexte     Le journal de route     Enfants du Mékong

    La rencontre     Fountain of Life     La tuile de la semaine




Cartes

                          Thaïlande




Le contexte thaïlandais

Le royaume de Thaïlande, jadis appelé Siam, n'a jamais été colonisé. En 1932, fut instaurée une monarchie constitutionnelle. Après la seconde guerre mondiale et l'occupation japonaise, la Thaïlande fut gouvernée par un pouvoir militaire. Après une série de coups d'état, le pays connu une longue période de stabilité à partir de 1981. Les élections démocratiques de 1988 mirent de coté les militaires, avant leur retour en 1991 et la réinstauration d'un pouvoir civil à partir de 1992.
Géographie :
D'une superficie de 517 000 km2 (presque celle de la France), situé au cœur de l'Asie du Sud-Est, le pays enserre le golfe de Thaïlande avec ses 1500 km de côtes. Au nord, les grandes plaines rejoignent le plateau de Khorat.

Economie :
La Thaïlande est l'une des puissances économiques du Sud-Est asiatique. L'agriculture, base traditionnelle de l'économie cède aujourd'hui le pas à l'industrialisation : les biens manufacturés totalisent 85% des exportations. Avant la crise, le taux de croissance annuel avoisinait 8%. Cependant pour continuer à attirer des investisseurs étrangers, la modernisation des infrastructures est indispensable, tout comme l'est la formation d'une main-d'œuvre qualifiée.
Population :
59 millions d'habitants, dont 85% de thaïs. Mais aussi d'autres ethnies, des chinois, des malais…
Langues :
Thaï. Mais beaucoup parlent anglais.
Religion :
Bouddhisme Theraveda, islam.
Anecdote :
Le nouvel an thaï est célébré en avril et correspond symboliquement à une purification des péchés. Les jeunes gens se chargent d'arroser les passants et les véhicules à l'aide de tuyaux d'arrosage ou de sceaux d'eau.








Journal de route


La Thaïlande



Un changement brutal de bonne augure… ?

Le changement entre Poïpet (côté cambodgien) et Aranyaprathet (côté thaïlandais) est brutal. Routes goudronnées, infrastructures modernes et curieusement , vie moins chère en Thaïlande. En somme, nous nous demandons bien ce que nous réserve ce royaume… Allons-nous y retrouver tout ce qui fait le charme de l'Asie, ou au contraire un pays occidentalisé ?



Bangkok ville moderne…

Dès notre arrivée à Bangkok, nous pouvons goûter à l'une des joies locales : les embouteillages. Pourtant, ce ne sont pas les larges avenues qui manquent. Mais un flot ininterrompu de voitures, de taxis et de bus remplacent vélos et motos. Au cœur de la ville, les somptueux immeubles d'affaires, les riches centres commerciaux, les grosses voitures, l'activisme général et la précipitation nous plonge dans l'ambiance d'une grande capitale.



Une ville de contrastes…

Chaque pays possède son transport original : en Thaïlande existe le célèbre Tuktuk, dont le nom provient du bruit caractéristique de son petit moteur 2 temps.
Au premier abord, nous trouvons une ville grouillante, vrombissante, qui s'agite et ne dort jamais. Les trottoirs défoncés sur lesquels travaillent de nombreux rothken (vendeurs ambulants) et les transports pittoresques (tuktuk) viennent contraster avec tout ce luxe et ces signes de réussite. Vous pouvez dans la même rue sortir d'un magnifique magasin, croiser un marché de fleurs et vous retrouver dix mètres plus loin dans un semi-bidonville !Bangkok, c'est surtout cela : une métropole de 6 millions d'habitants, une gigantesque fourmilière bourrée de contrastes.



On y retrouve cependant les charmes de l'Asie…

En se plongeant plus profondément dans la ville, nous retrouvons la moiteur ambiante des villes asiatiques, les odeurs mélangées et les petites ruelles humides. Des petites ruelles dans lesquelles la vie se passent pour beaucoup dehors. Imaginez aussi notre hallucination lorsque circulant dans les rues à dix heures du soir, nous croisons un éléphant sur un grand boulevard. Il y a des moments presque irréels dans la " cité des anges " ! Comme le dit si joliment Maud, belle et brillante coordinatrice d'enfants du Mékong : " C'est la cité des démons où par tous les diables, les dieux sont tombés sur la tête ! ". Cité des démons, c'est le nom qu'on peut lui donner lorsque vous traînez dans certains quartiers peu enthousiasmants où la prostitution a pignon sur rue. Des endroits qui n'existeraient pas si les asiatiques n'étaient pas eux-mêmes des gros clients pour ces trafics. Combien de personnes avons-nous entendu dire qu'il fallait casser le mythe des charters d'occidentaux débarquant dans ce pays ?



Pattaya, " le plus grand bordel du monde… "

Voici le secret d'un petit déjeuner tonifiant constitué de scorpions et de sauterelles...
Pattaya, notre prochaine destination, est célèbre pour son tourisme sexuel. Il est loin le temps où la petite station balnéaire présentait un visage authentique, à l'image de ses bungalows en bord de mer. Aujourd'hui, on ne trouve que des buildings bétonnés, des occidentaux, des jeunes thaïlandaises et " le plus grand bordel du monde ". Venus des quatre coins de la planète, des hommes viennent passer 1 mois, parfois 6 mois et entretiennent des filles pendant leur séjour. Bref, c'est un lieu malsain, où la gêne n'existe pas et l'argent règle les rapports. Ici, vous êtes presque anormal si vous ne rentrez pas dans le moule ! Le plus dommage, c'est que le site ne manque pas de charme : la mer calme, le sable fin, les palmiers. On ne peut vous avouer que nous ne résistons pas à faire une après-midi de catamaran et un petit tour en scooter des mers, histoire de faire un peu de sport (pour être en forme et pour la bonne continuation du voyage, nous avons jugé ceci indispensable). Le soir, nous errons dans la ville et choisissons de goûter à l'une des spécialités locales : les grillades de scorpions et de sauterelles (nous avons laissé les cafards grillés de côté). Délicieux et croustillants sous la dent, ces insectes sont à goûter absolument pour succomber aux charmes culinaires de l'Asie…











Enfants du Mékong




Dans une petite maison au centre de Bangkok, nous sommes accueillis par deux jeunes et charmantes françaises. Clémence Pajot est volontaire depuis 1 an. Elle passe le flambeau à Maud Lhuillier qui va apprendre son rôle pendant 2 mois. Autour d'une table en bambou, bien installés dans des coussins, nous sirotons du lait de Coco en posant nos questions.



Les deux objectifs d'EdM

Enfants du Mékong aide l'enfance du Sud-Est asiatique gràce à des parrainages.
 Enfants du Mékong (EdM) est une association dont l'objectif est d'apporter une aide morale et matérielle aux enfants d'Asie du Sud-Est. " Il y a deux objectifs, nous explique Maud : l'un en Asie du Sud-Est, l'autre en France. En Asie EdM soutien les enfants démunis du Laos, Thaïlande, Cambodge, Vietnam et Philippines, par des parrainages de familles françaises, belge et suisse. 40 000 enfants bénéficient actuellement de cette aide, dont l'un des objectifs est de leur permettre de suivre une scolarité régulière. En France, EdM accueille dans des foyers, des jeunes issus des pays d'Asie du Sud-Est. Une centaine de jeunes de 15 à 25 ans sont ainsi hébergés et reçoivent une formation, soit en vue de leur insertion en Europe, soit en vue de leur retour dans leur pays d'origine. "



Et sur le terrain ?

Clémence nous explique maintenant les actions sur le terrain : " EdM soutien des programmes d'aide à l'enfance. Le plus souvent, ces programmes sont des initiatives locales pour lesquelles EdM apporte des financements et propose des volontaires. Dans ces écoles, foyers, cantines scolaires, les enfants reçoivent des lettres personnalisées de leur parrain ainsi qu'une somme de 135 FF mensuelle (réparti souvent pour plusieurs enfants), afin de financer les études et les besoins de subsistance de la famille. "
Le fonctionnement d'EdM repose sur un système de parrainages. Dans ces écoles, foyers, villages et familles, des enfants sont parrainés par des européens. L'échange se compose d'un soutien financier mensuel et d'une relation épistolaire régulière. Souvent, une véritable relation affective s'établit entre l'enfant et son parrain. Cette somme de 135 FF mensuelle (réparti souvent pour plusieurs enfants), permet de financer les études et les besoins de subsistance de la famille.



Et les volontaires, que font-ils ?

Clémence et Maud, l'ancienne et la nouvelle coordinatrice d'EDM à Bangkok.
Maud et Clémence ont un rôle de coordinatrices. Basées à Bangkok, elles suivent régulièrement les différents projets de province et ceux du Laos. Elles font le lien entre ces projets et l'association en France. "Par exemple, en allant visiter les programmes du Laos, on a dû apporter l'argent des projets en petites coupures, caché sur nos ventre, devant les yeux ahuris des douaniers qui nous croyaient enceintes " nous raconte Clémence. Le principal travail des coordinatrices consiste également à gérer les parrainages : liste des enfants, motivation des projets, traductions des lettres, envoi. C'est environ 780 parrainages qu'il faut gérer ! Il y a également d'autres volontaires envoyés dans des projets comme les 5 filles de " Foutain of Life " que nous avons rencontrées (voir article suivant).




La rencontre de la semaine


Samneang



Nous rencontrons Samneang, une jeunes femme frêle et douce. Trop modeste pour se mettre en avant, ses amis nous racontent son histoire. Nous découvrons une femme déterminée et courageuse. Malgré sa vie cassée, elle reste droite et aide les autres, son exemple nous fascine…



Victime du génocide khmer…

Samneang, jeune cambodgienne qui a vécu dans les camps de réfugiés et qui s'occupe maintenant des enfants cambodgiens.
Samneang est née au Cambodge en 1969. Elle grandit à Poïpet, à la frontière thaïlandaise, puis à Sisophon. Fille d'un paysan et d'une infirmière, Samneang a reçu une éducation rigoureuse emprunte de politesse et de respect pour son prochain.
En 1973, les khmers rouges envahissent la région de Poïpet et les soldats brûlent son village. Très vite, la vie de Samneang, comme celle de 6 millions de cambodgiens, bascule dans l'horreur d'une guerre civile sans nom.
Les khmers rouges qui contrôlent l'ensemble du pays à partir de 1975 imposent un régime extrêmement sévère. Les écoles sont fermées, les enfants séparés de leurs parents dès l'âge de 5 ans et regroupés dans des camps de travail. La nourriture leur est distribuée en très faible quantité. Les cambodgiens meurent de faim et de maladie. Le génocide commence, Samneang y perd ses parents.
A 17 ans, elle fuit le régime vietnamien mis en place après la défaite des khmers rouges et choisit de se réfugier en Thaïlande. En entrant dans un camps de réfugiés, elle espère avant tout pouvoir manger à sa faim et étudier. Samneang passe 2 ans dans le camps de Site II, où 170 000 réfugiés attendent que l'on décide de leur sort. Elle apprend l'anglais et le thaï puis choisit de s'enfuir car il n'y a pas d'avenir dans les camps. Sans papiers, elle se réfugie à Pattaya où elle connaît une cousine éloignée. Elle y restera 7 ans. Sa force de caractère lui permet de ne pas tomber dans la facilité de la prostitution. Elle rencontre notamment Barbara, une volontaire suisse qui lui apprend l'anglais, et Claire, bénévole à Pattaya puis coordinatrice à Bangkok, devenue une de ses amie proche et fidèle.
Samneang retourne pour la première fois au Cambodge en Août 1996, où elle retrouve ses amis, ses frères et sa sœur. Elle travaille pour l'association Enfants du Mékong pendant plus de 10 mois à Sisophon. Effrayée par l'instabilité permanente dans son pays et désireuse de travailler en Thaïlande afin de pouvoir aider sa famille, elle repartira légalement pour la Thaïlande en mai 1997.



Mais sa vie l'a rendue profondément proche des déracinés…

Marquée par son histoire, elle décide de travailler au service des enfants cambodgiens retenus dans les prisons. Bien souvent les travailleurs clandestins sont jetés en prison avec toute leur famille avant d'être expulsés. L'attente peut-être longue… Elle donne des cours à ces enfants qui ne peuvent plus aller à l'école, elle joue avec eux. Dans bien des cas, Samneang place les enfants dans la fondation Krousar Thmey (voir journal du Cambodge). Elle cherche à ce qu'ils puissent avoir une enfance comme les autres, afin sans doute de leur éviter ce qu'elle a vécu elle même…
Quel plaisir de rencontrer une jeune femme aussi charmante et dévouée, nous direz vous ? Eh bien, grâce à l'association " Enfants du Mékong ", Samneang va passer 1 an en France (à Tours) pour étudier le français et sans doute pour recevoir enfin ce qu'elle n'a pas cessé de donner. Peut-être aurez vous la chance de la rencontrer… Pour notre part, nous nous réjouissons de la revoir dès notre retour en France !




Fountain of Life




A Pattaya, l'espérance a un nom : " Fountain of life "

Nous passons quelques jours dans ce centre d'accueil pour prostitués afin de mieux cerner l'esprit de la maison. Nous y sommes reçus par les " pattayettes ", surnom donné aux volontaires qui viennent pour un an dispenser des cours d'anglais et de français. Bérangère, l'une d'entre elle, nous explique comment elle en est arrivé là : " C'est tout d'abord le désir de donner un an pour soi et pour les autres… Et puis ici, en tant que volontaire, vous devez vous-même financer votre année. J'ai donc pour cela cherché des bourses et fait appel à ma famille ou à des amis ". La motivation pour venir ici est donc requise, ce qui garantie l'investissement total des volontaires.

Dans le petit immeuble, nous traversons les étages à la rencontre des élèves, des filles travaillant surtout la nuit... Elles viennent apprendre l'anglais et le français avec les 11 pattayettes (5 françaises, 5 belges et une hollandaise). Nous entrons dans la classe de français : éclats de rires et excitation générale. Visiblement notre présence crée l'événement car les garçons sont rarement admis dans le centre. Après le cour, une thaïlandaise nous explique le regard lumineux : " Vous savez, j'apprend l'anglais parce que " mon mari " parle l'anglais. Il travaille en Afrique et vient me voir tous les trois mois. Je devrais bientôt le rejoindre là-bas ". Beaucoup d'entre elles courent après un tel rêve. Mais à se promener dans les rues de Pattaya, vous comprenez vite que ces filles sont plus prises comme des objets qu'autre chose. D'autant plus que lorsqu'elles ne parlent que le Thaï, les dialogues avec leur client ne sont même pas possibles ! Et quand on sait que des gens les " entretiennent " pour 1 mois, voir 6 mois ou un an, la communication reste limitée. Leur apprendre l'anglais, c'est un moyen de créer au moins un dialogue entre elles et les clients. Redonner une touche d'humanité à ce qui ne l'est pas.



A l'origine : sister Michelle

Dans le premier centre, nous rencontrons la fondatrice de " Fountain of life ", sister Michelle. D'origine malaysienne, elle est arrivée ici il y a quelques années et s'est mise au service des prostituées. Elles nous confie humblement que " son but n'est pas de changer tout ça. Je voudrais, mais je n'ai pas les moyens de lutter contre une telle organisation. Je cherche à redonner à ces femmes un peu de dignité et de chaleur humaine, c'est tout ". Car le centre Fountain of life est là avant tout pour ça. Plus que des cours d'anglais ou de français, les élèves viennent chercher un réconfort, un endroit où elles sont traitées en être humain, avec la dignité qui leur est due ! C'est aussi un moyen d'occuper des journées vides en apprenant une langue. C'est ce qui leur permettra peut-être de travailler dans un hôtel ou un restaurant et d'échapper à l'enfer de la prostitution.

Les pattayettes nous confient qu'elles se sentent réellement utiles ici. Au quotidien, elles apportent leur soutien et permettent aux élèves de se confier, de trouver en elles une sœur, voire une mère ! Elles avouent que par certains moments, c'est vraiment dur de toujours vivre au milieu d'un tel spectacle. Et surtout de voir l'image que renvoie l'occident à Pattaya…" Il y a des moments où nous avons honte vis à vis de ces filles ". Mais en réalité, Pattaya est un lieu où la désespérance se trouve autant du côté des filles que du côté des étrangers.




La tuile de la semaine


Adieu Kodak

Bangkok, 20h30. Depuis plusieurs heures déjà, la nuit s'est abattue sur la ville lorsque notre bus arrive enfin au terminal Ekamaï. Après ces deux longues journées passées à Pataya, nous avons hâte de retrouver la magnifique maison où nous sommes logés, avec une soirée tranquille en perspective.
Mais Bangkok est une gigantesque métropole et il nous reste encore 1 heure de bus local pour rejoindre notre douche. Dans une cohue digne des heures de pointe, nous hélons le 38. Une fois dans le bus, nous dénichons quelques places éparses et, paisiblement installés, à moitié somnolents, nous attendons béatement notre arrêt.
Mais au moment de descendre, Christian, jusque là gardien de notre précieux appareil numérique Kodak, est soudain pris d'un doute atroce. " Pu…. ! ! Le numérique ? ! ! Et merde, (et j'en passe !) on se l'est fait piqué ! ! "
Et voilà comment après plus de 8 mois de voyage, nous affrontons avec douleur notre première disparition. Ce merveilleux bijou de la technologie Kodak, que nous avions choyé, bichonné, nettoyé… pour vous transmettre ses plus beaux clichés nous a lâchement abandonné. Sans compter toutes les photos de Thaïlande dont seul notre voleur pourra profiter.
Mais que sponsor Kodak se rassure, car sponsor Gras Savoye nous assure. Et par bonheur, nous sommes à Bangkok. Si bien que dés le lendemain nous avons acquis un nouveau Kodak DC 50. Le même, mais tout neuf ! !




Coordonnées des personnes rencontrées



Liste