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Inde
Inde du Nord-Est
Le contexte indien
Depuis 2500 av. J.-C., l'Inde a maintenu la même civilisation, en dépit de périodes d'invasion et d'assimilation répétées de la part des pays proches (Asie centrale) ou lointains (Angleterre). En 1947, après 90 ans de domination anglaise, l'Inde accède à l'indépendance, et le Pakistan et le futur Bangladesh se séparent de l'empire. Aujourd'hui, le système de caste continue de dominer la société et la vie politique indienne, bien que les indiens soient nombreux à remettre en cause la rigidité de son ordre social.
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Economie :
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L'Inde est un pays fascinant. Dès le passage de la frontière, nous ne résistons pas à la magie du pays. Lors de notre premier kilomètre en terre indienne, de notre rickshaw (transport typiquement indien), nous apercevons un charmeur de serpent, des vaches sacrées en travers des routes et des voies de chemin de fer, des marchés étalés en pleine rue, des tailleurs œuvrant à l'aide de vieilles machines à coudre, des petits artisans et beaucoup de gens vivant dans la rue. Nous ne savons plus où donner de la tête. Pour se rendre à Calcutta, notre première étape, nous utilisons le train. En Inde, c'est le moyen de transport par excellence. Et croyez nous, cela vaut le déplacement ! Entre les vendeurs ambulants, les odeurs émanant des vieux wagons, la densité de voyageurs et les arrêts incessants, le dépaysement est total. Les gares sont également des lieux spéciaux. A Calcutta, ce n'est pas un lieu de passage, mais une place vivante. La vie s'y déroule comme dans le reste de la ville. Il y a là des marchants de toutes sortes, des tailleurs, des coiffeurs armés d'une simple paire de ciseaux, des dortoirs entiers organisés sur les quais et dans le hall. Beaucoup de mendiants et d'enfants des rues se retrouvent également ici pour organiser leur survie. Devant le hall, des minuscules boutiques (1 à 2 mètres cubes) proposent des objets aussi étranges qu'inutiles, pourtant les propriétaires arrivent à en vivre. Allez comprendre…
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Calcutta, 13 millions d'habitants, est la deuxième ville d'Inde, et la circulation est un enfer. |
Voilà ce qui est surprenant à Calcutta : voir ces mélanges, ces contrastes, inimaginables dans beaucoup de pays, mais ici bien réels. On ne retrouve rien de commun ou de ce qui nous est familier. Tout à une saveur indienne, comme si ce pays absorbait tout ce qu'il importe de gré ou de force. Même les touristes s'habillent à la manière indienne pendant leur séjour tandis que beaucoup cherchent à vivre à l'heure indienne. Aucun des pays traversés jusque là n'offraient à ceux qui y venaient une telle fascination. Nous en apprenons beaucoup sur les castes, ce système rigide et ancestral qui régie la vie sociale en Inde. Aujourd'hui, les intouchables (les parias, les impurs) existent toujours, tandis que d'autres castes gardent jalousement leur tradition, comme celle qui consiste à se faire dévorer par les vautours après leur mort ! Bénarès, la ville sainte, ne fait que confirmer nos impressions sur l'Inde. Plus encore, elle nous ouvre sur le côté sacral de l'Inde. Elle dévoile l'influence que peut avoir la religion sur ce peuple et toutes les autres traditions qui régissent la vie quotidienne. Il faudrait une vie pour en faire le tour et les comprendre…
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A Varanasi, un joueur de flutte sur les bord du Gange. |
Bénarès, par d'autres côtés, c'est aussi la capitale indienne de la soie. Dans une boutique, nous faisons la connaissance de Raju, un " gentil " (comprenez voleur) vendeur de soie. Raju est de ceux pour qui l'argent ne signifie rien. Il affirme à qui veut bien l'entendre, " qu'il veut rester en bon terme avec les clients, et que seul le bonheur de ce dernier l'intéresse ". En somme, Raju nous confie : " ce qui compte pour moi, c'est d'avoir un cœur pur… ". Raju est vraiment un personnage formidable et devant ce beau discours, nous ne résistons pas à l'envie de lui acheter une ou deux étoffes. D'âpres négociations s'engagent. Petit à petit, un sourire carnassier vient fendre un visage de requin et remplace la face angélique de celui qui nous invita si gratuitement à partager une tasse de thé. 4 heures plus tard, après avoir baissés les prix au point de se faire traiter " d'horribles touristes avides d'argent, d'impurs ", étant accusé de le faire vendre à perte, nous repartons chargés de quelques foulards. Nous apprendrons deux jours plus tard qu'il ne s'agit pas de soie. L'Inde a parfois des accents amères, alors si vous allez à Bénarès, n'oubliez pas, si vous acheter chez Raju, pas de sentiments !
Sept heures trente, devant la maison mère, j'hésite à pousser la porte… Que vais-je bien pouvoir faire à part traîner dans les pattes de ces sœurs dévouées aux pauvres… A huit heures, me voilà à l'hôpital Brem Dan, vêtu d'un tablier, une batte à la main en train de laver le linge des patients. A côté, le linge bout dans une marmite, un vieil indien entretien le feu de bois. La salle des hommes accueille 200 malades couchés dans des lits métalliques. Chacun s'affaire, sœurs ou volontaires, tout le monde participe. Un groupe de japonais rince le linge avec une énergie et une ténacité qui m'impressionne.
Les patients attendent sous le préau, le temps d'un grand nettoyage du matin. L'odeur est âcre, mais disparaîtra vite après les seaux et l'énergie des volontaires. Les lits sont changés, puis tout ces hommes, vieillards et jeunes garçons, peuvent gagner leur coin propre et calme. Derrière un paravent, Felippe, panse les escarres et les plaies. Quelques cris de douleur, puis les patients semblent soulagés.
A la lingerie, le travail est épuisant et l'eau de rinçage reste sale. " On fait le maximum " me dit la sœur, c'est toujours mieux que rien. Il pourrait y avoir une machine ou plus de lessive ? Non, la seule richesse de cet hôpital, c'est le travail et la participation de chacun. Ici, on prie avec les mains. Les patients de l'hôpital sont les plus pauvres. Certains volontaires se révoltent car les sœurs ne cherchent pas à tout prix à guérir les malades. Ce n'est pas leur vocation. Elles tentent seulement de donner un abris et des soins de première nécessité à des malades qui seraient autrement dans la rue, sans personne pour les regarder.
Christophe, un canadien volontaire depuis 1 mois m'encourage à changer d'activité. " Va voir les patients, ils adorent qu'on les masse ". Jamal est allongé par terre, il est tétraplégique. Son ami, en meilleure forme, lui prête ses genoux comme oreiller. Il s'occupe de lui et l'accompagne. " Fais lui un massage s'il te plaît ? " me fait-il comprendre avec ses mains. Les mains, les pieds, les épaules, crispé, il se détend et sourit. Il faut dire que ces deux là ne manquent pas de simplicité et de gaieté.
Dans les centres de mère Thérésa (il y en a 50 en Inde), on peut venir aider 1 jour, 1 semaine, 1 an. Indiens, japonais, italiens, chiliens, français, américains, toutes les nationalités et toutes les religions se rassemblent. Chacun est utile et peut se joindre aux dizaines de volontaires qui dans chaque centre font la lessive, la vaisselle, donnent à manger ou pansent. Chacun peut parler ou se tenir tout simplement au chevet d'un malade, chacun selon ses dons, sa sensibilité. Par contre, on ne chaume pas. Ju-dee est coréenne, elle a lu le livre d'un volontaire qui a passé un an à Calcutta. Touchée, elle prend 5 mois de ses vacances pour aider elle aussi et ne regrette pas.
Soeurs de la charité
L'hôpital et le mouroir des Sœurs de la Charité
Comment ne pas se rendre chez les sœurs de mère Thérésa à Calcutta, la capitale de la charité ! Nous sommes si proche de celle qui a touché les pauvres et le monde, que Christian ne peut s'empêcher de passer quelques jours dans un dispensaire et au mouroir.
Il y a toujours quelque chose à faire…
Aider les pauvres dans la pauvreté…
Un contact simple mais…
" Pani, Pani ", Georges apporte un verre d'eau avec un sourire simple et généreux. Le vieil homme lui dit merci de ses grands yeux brillants. Georges lui tient la main, lui parle, se rend présent… Deux heures plus tard le vieil homme mourra en ayant été regardé comme un homme, ailleurs que sur le trottoir d'une rue de Calcutta.
Les volontaires…
A 13 heures, une sœur me demande de partir avec les autres volontaires. C'est la fin de notre journée. Elles ne veulent pas nous tuer au travail. Elle ne veulent pas non plus que l'on se culpabilise en se rendant responsables des malades. Sagesse des sœurs.
Le soir, ceux qui le désirent se retrouvent devant le saint sacrement. Remettre le mystère de cette souffrance, parfois sa révolte…
Une goutte d'eau dans un océan ? Une goutte d'eau qui redonne courage…
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Nicolas s'est improvisé professeur pour les enfants de Future Hope |
Voilà une initiative à échelle humaine, remarquable dans tous ses aspects, assurant à chacun de ses enfants une enfance heureuse et équilibrée, entre l'enseignement dispensé, le sport et les activités culturelles !
Benares, ville sainte
Varanasi
Bienvenue dans la plus grande salle de bains du monde !
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A Varanasi, bains dans le Gange, le fleuve sacré. |
Bénarès est une ville qui nous a émus. Nous y avons rencontré un monde à part, l'essence de l'Inde. Ici, le vent de la vie, de la mort, le souffle de la spiritualité s'engouffrent dans les ruelles, nous collent à la peau, s'insinuent dans nos vêtements, s'immiscent dans notre esprit. On ne peut échapper à cette force, à ce pouvoir d'attraction.
La vieille ville de Varanasi, est située sur la rive occidentale du Gange et s'étend, à partir des ghats (marches ou paliers au bord d'une rivière) de la berge, le long de ruelles étroites et tortueuses. Elles sont trop étroites pour être parcourues autrement qu'à pied et les maisons élevées font saillie au-dessus des allées pittoresques mais peu entretenus. C'est un endroit fascinant. Quel bonheur de se perdre dans cet enchevêtrements de passages, de cours, d'impasses, de sombres venelles ou de portes dérobées, pour finalement se retrouver invariablement sur les bords du Gange. A chaque pas ou presque, il faut se blottir dans une anfractuosité pour laisser le passage aux vaches sacrées, quand elle ne déboulent pas brusquement au détour d'une ruelle, manquant de vous réduire en pâté.
Sur les bords du fleuve sacré règne une vie grouillante, une multitude d'indiens s'activent, pratiquant une variété inouïe de petits métiers à l'objet parfois obscur. Chaque matin, de nombreux indiens viennent faire leurs ablutions rituelles, au milieu des vendeurs de souvenirs ou des propriétaires de barques qui cherchent à attirer le touriste par tous les moyens. On y croise des gourous, des sadhus (hommes engagés dans la quête spirituelle) parcourant les berges, dénudés, maculés d'une poussière blanche, cheveux et barbe emmêlés ; des masseurs (malheureusement pas de masseuses) en pagaille vous proposent leurs services, et pour y avoir goutté, nous pouvons vous dire que ça vaut vraiment le coup.
Mais Bénarès est aussi la ville de la mort. Le vœu le plus cher de chaque hindou est que son âme monte au ciel lors de ses funérailles par la grâce du feu. Et Bénarès est un lieu particulièrement propice pour échapper grâce à Civa au cercle sans fin des renaissances et accéder directement au stade suprême, le nirvanâ. Voilà pourquoi il n'est pas rare de rencontrer des vieillards, assis sur le bord du Gange et attendant leur mort prochaine. Il y a aussi de grands funérariums (feux de camp), où les familles pauvres peuvent venir brûler leurs défunts, et le veiller durant une semaine avant d'abandonner ses restes au fil du Gange.
A la tombée de la nuit, nous avons la chance d'assister à une cérémonie sacrée en l'honneur du Gange. Sur les marches d'un ghat, un prêtre hindou tourné vers le fleuve procède à toutes sorte d'incantations. Maniant des torches enflammées, des vases d'eau sacrée ou des fleurs, il est accompagné par les tambours et les rythmes scandés par la foule. Pour chaque fidèle c'est l'occasion de confier au Gange une petite bougie flottante en mémoire d'un proche.
La photo de la semaine
Coucher de soleil sur le Gange.