Journal du 30 décembre


Inde II



Sommaire

    Le contexte     Le journal de route     Travail des enfants

    Coups de coeur     Rencontre     Negociations     La photo de la semaine




Cartes

                          Inde              Inde du Nord




Le contexte indien

Depuis 2500 av. J.-C., l'Inde a maintenu la même civilisation, en dépit de périodes d'invasion et d'assimilation répétées de la part des pays proches (Asie centrale) ou lointains (Angleterre). En 1947, après 90 ans de domination anglaise, l'Inde accède à l'indépendance, et le Pakistan et le futur Bangladesh se séparent de l'empire. Aujourd'hui, le système de caste continue de dominer la société et la vie politique indienne, bien que les indiens soient nombreux à remettre en cause la rigidité de son ordre social.
Géographie :
L'Inde est un lieu de diversité, des chaînes himalayennes au nord jusqu'à des plages bordées de palmiers au sud. Les villes de Bombay et Calcutta, les deux premières du pays, sont remplies d'une population vivant dans une anarchie industrielle, tandis que Bangalore est en train de devenir la Silicon Valley indienne.

Economie :
Après 50 ans d'indépendance, l'Inde a presque atteint l'autosuffisance industrielle. Cependant, elle continue à dépendre considérablement des importations de pétrole. La classe moyenne du pays est en pleine expansion, même si une grande partie de la main-d'œuvre nationale continue à vivre dans la pauvreté. 70 % des indiens environ vivent encore de l'agriculture, et 55 % du sol indien est cultivable.
Population :
940 millions, deuxième densité au monde. 80 % de la population vit dans des zones rurales.
Langues :
Hindi, Anglais. 75 langues parlées et 16 officielles.
Religion :
Hindouisme, Islam, Christianisme, Bouddhisme, Jaïnisme, Judaïsme, Sikhisme.
Anecdote :
L'industrie cinématographique indienne, Bollywood ( Bombay + Hollywood), produit plus de films en un mois que n'en produit l'industrie américaine en une année.








Journal de route


De Bénarès à Delhi



Résisterons-nous à l'absorption indienne…(suspense) ?

Nous quittons Bénarès par tapis, avec quelques tresses dans les cheveux, la barbiche, un poil de vache, quelques grammes de bouse, et en souvenir, des étoffes de vraie fausse soie. Ca y est, l'Inde nous a absorbé (slouptch ! !). Le temps de descendre de notre tapis, de prendre un rickshaw, un train et nous redescendons vite les pieds sur terre. La pollution et les transports précaires nous rappellent que vivre en Inde est une autre histoire. Les lieux traversés contrastent avec une situation matérielle souvent très pauvre. Mais l'Inde n'en a que faire. Le pays se nourrit de sa spiritualité, avec les limites que cela suppose. A Khajuraho, l'étape qui suit Bénarès, les hommes vivent de quelques roupies par jour. Du moins, c'est ce qu'ils nous disent. Et nous ne savons jamais trop quoi penser. Les rapports entre touristes et locaux sont tellement falsifiés qu'on a toujours du mal a savoir où se trouve la vérité. Ou alors il faut avoir la patience et le temps de rester plus longtemps dans un endroit.



Dans un train, nous rencontrons un héros de l'indépendance…

Entre Khajuraho et Agra, nous rencontrons un compagnon de Gandhi et Nerhu.
Les meilleures rencontres se font généralement pendant les temps de transport. Dans un train, nous rencontrons ainsi un vieux moine hindou vêtu d'un sari orange, les quelques disciples qui l'accompagnent portent la même tunique. Encore un homme d'une caste différente avec une fonction religieuse bien précise. Il y en a tellement qu'il est très dur de les identifier. L'homme est un héros, il a chassé les anglais hors du territoire, et surtout, il a été un proche de Gandhi et de Nerhu. Nous engageons la conversation et découvrons que lui aussi a voyagé un peu (Singapour). Cependant c'est notre présence qui éveille sa curiosité. Il nous pose des questions sur la France, etc.… Son voisin nous offre des cacahuètes (ça, c'est trop sympa), bref, le compartiment prend vie et nous savourons ces instants d'échange avec les indiens.



Agra, ville superbe et propice à l'arnaque…

A Agra, nous allons bien évidemment visiter le Taj Mahal, monument à l'architecture si parfaite (voir article). Nous pouvons même y admirer les indiennes venues se faire prendre en photo devant le monument dans des pauses digne des romans photos les plus kitsch. Beaucoup de familles viennent également admirer le monument et l'on trouve là un concentré des différentes castes indiennes. Agra est en tout cas le lieu le plus touristique d'Inde. Pourtant, la ville n'est pas trop dénaturée, comme c'est le cas dans d'autres pays. Le soir , dans notre misérable guest house, nous sympathisons avec un designer de tapis. Il a déjà voyagé en Europe pour son métier et nous parle de Toulouse, Nice…Petit à petit, nous lui demandons des renseignements sur les nombreuses spécialités d'Agra. En réalité, les bonnes affaires sont rares dans la ville et Agra est devenu la capitale de l'arnaque touristique. On trouve de faux tapis de soies, de laines, des fausses pierres, etc. C'est ce même homme qui nous apprendra que nos étoffes de soies sont des fausses. Inutile de vous décrire la tête de Nicolas à cet instant…Il s'est juré de les faire manger à Raju, notre cher vendeur de Bénarès, l'homme au cœur pur.

Chacun a repris sa place, mais Loïc ne peut que féliciter son conducteur pour la qualité de ses mollets.
Nous apaiserons notre colère en pédalant à la place de nos trois conducteurs de rickshaw. Des blancs qui pédalent et des indiens dans la carriole, du jamais vu en Inde.



Delhi, ville recensant les contradictions de l'Inde moderne…

Arrivé à Delhi, les décors changent. La capitale de l'Inde est une ville de 12 millions d'habitants bien plus grouillante que les autres. Elle est aussi sensiblement différente. On se promène dans une ville plus moderne, avec plus d'espace et plus d'ordre. C'est également la ville de la grande bourgeoisie et des grands commerces, dont beaucoup sont concentrés autour de la grande place Connaught. Les différents monuments de la ville révèlent l'influence des peuples venus coloniser la région. Que ce soit les moghols, les turcs ou les anglais. Le plus marquant dans la ville, c'est l'opposition entre New Delhi et Old Delhi. Ceci permet de retrouver en une grande cité les charmes et les contradictions de l'Inde moderne. Mais pour vous dire à quel point l'Inde résiste à l'occidentalisme, il suffit de voir l'échec de Mac Donald ici. Car auparavant, à part au pays basque et grâce à des méthodes assez radicales (mais efficaces contre la multinationale), aucun pays traversé n'a résisté à l'invasion du clown. Merci à l'Inde de nous montrer la voie à suivre…










Travail des enfants


Centre of concern for child labour



A travers l'Inde, dans beaucoup de villes traversées, nous sommes surpris de voir la quantité d'enfants travaillant. Nous passons devant des ateliers, nous recevons des sourires, mais derrière cette façade, nous imaginons mal les souffrances cachées. Dans quelques mètres cubes, des jeunes de 8 ans et plus, envoyés par leurs parents, triment pour gagner quelques roupies. Beaucoup d'entre eux n'auront connu, durant leur jeunesse, que les grincements des vieilles machines à coudre ou les chaleurs suffocantes des mines, usines de tapis et verreries.
A Delhi, nous allons rencontrer un indien, Joseph Garcia, ancien journaliste qui aujourd'hui dirige l'association " Centre of concern for child labour ". Cet homme a laissé tomber son travail pour s'engager dans la lutte contre l'enfance exploitée. Encore une fois, nous tombons sur un homme au destin peu commun. Un homme qui a entrepris une action sans attendre de retour que le bonheur de ces enfants. Joseph nous raconte son histoire…

Quand elle ne travaille pas pour ses parents, cette petite fille joue dans les rues d'Agra.
" Alors que j'étais journaliste, certains ouvrages occidentaux m'interpellaient beaucoup. Notamment les romans de Charles Dickens ou d'Emile Zola, dans lesquels il était conté les horreurs de la révolution industrielle. En Décembre 1984, une usine de gaz toxiques a explosé à Bophal. Je suis aussitôt parti pour aider les secouristes, identifier les morts. Il y avait là de nombreux enfants orphelins. D'autres, qui avaient respiré des fumées très toxiques, présentaient des troubles mentaux. J'ai fait une liste que j'ai donné au gouvernement pour qu'il aide ces enfants, au cas par cas. C'est à la suite de cela, en 1985, que je décide de fonder avec d'autres personnes l'association. "

Concrètement, quelles ont été vos actions depuis cette date ?

" En 1986, nous avons fait pression sur le gouvernement pour signer une convention sur l'enfance, afin qu'on lui reconnaisse des droits. Car en Inde, ce n'était pas gagné. Des employeurs disaient par exemple : "  s'ils sont pauvres, c'est normal qu'ils travaillent comme cela ". En fait, nous nous sommes aperçus qu'il y avait un travail énorme à faire pour changer les mentalités. C'est pourquoi en 1989, nous débutons un programme d'éducation et de sensibilisation. Nos trois buts sont : mettre les enfants à l'école, organiser des cours de soutien pour les plus faibles, faire pression sur le gouvernement pour rendre l'école obligatoire. "

Cela a-t-il porté ses fruits ?

" Non, peu d'enfants venaient. Il faut dire que les employeurs les décourageaient et que les parents ne suivaient pas. Il nous fallait démontrer en quoi il était avantageux de mettre ses enfants à l'école plutôt que de les envoyer travailler. Un jour, en me promenant dans un quartier pauvre, je trouve un jeune de 35 ans souffrant, malade, qui paraissait plutôt avoir 65-70 ans. Je lui ai demandé ce qui n'allait pas, et petit à petit, il m'a avoué qu'il avait commencé à travailler à 8 ans, dans une usine. Il avait respiré toute sa jeunesse des gaz nocifs et aujourd'hui, il ne pouvait plus travailler. J'ai alors eu l'idée de le faire témoigner devant les parents, pour qu'ils comprennent ce qui risque d'arriver à leurs enfants s'ils ne prennent pas garde. Cela a eu l'effet d'une bombe, surtout lorsque l'homme a dit qu'il dépensait deux fois plus d'argent qu'il n'en avait gagné pour se soigner ! Je crois que ce jour a été celui du grand déclic. "

Et maintenant, où en êtes-vous ?

" Depuis 2 ans, nous utilisons de plus en plus les médias pour faire des campagnes. C'est un moyen de promouvoir au maximum la responsabilité parentale. Nous demandons également au gouvernement de faire voter des lois pour punir les employeurs, et dans certains cas, nous vérifions même si les employeurs sont bien jugés…Notre action s'est donc réorienté vers la prévention. Mais aussi sur le travail des filles. Car elles sont plus maltraitées que les hommes, et si on les sort de là, plus tard, elles accepteront difficilement qu'on envoie leurs enfants travailler au fond des mines. Vous savez, dans l'Inde, selon les chiffres officiels, il y a 12 millions d'enfants exploités. D'autres études parlent de 44 millions… ! Rien que sur Delhi, ville de 12 millions d'habitants, on en compte 1 million. A nous seul (27 personnes à Delhi et un réseau de 400 à travers le pays), nous ne pouvons endiguer ce flux, il faut donc penser dès maintenant à l'avenir. "

L'avenir justement, comment le voyez-vous ?

" Nous rencontrons évidemment des difficultés. Par exemple, personne ne voulait louer de bureaux à notre association, les employeurs refusaient de nous recevoir pour nos enquêtes. Le plus grave était certainement d'entendre des personnes nous dire : " Oh, vous savez, lutter contre le travail des enfants, c'est une idée étrangère, ici c'est normal ". L'espérance prend cependant le pas sur ces obstacles épisodiques. Notre mouvement se multiplie à travers le pays, l'UNICEF nous soutient et des parents de certaines communautés réagissent en demandant : " Pourquoi nos enfants n'ont-ils pas le droit à l'éducation ? ". Et pour moi, le plus beau des signes d'espérance, c'est d'entendre un mère me dire çà… "

Une question plus personnelle…Qu'est-ce qui vous a poussé à entreprendre tout ceci ?

" Quand j'ai vu ces enfants, j'ai pensé à Moïse qui délivre son peuple de l'esclavage. Je me suis demandé si ces enfants étaient condamné à l'esclavage à cause de leur caste, comme les hébreux l'étaient en Egypte… J'ai aussi pensé au Christ qui disait : " laissez venir à moi les enfants ". Le dernier élément était la parabole du bon samaritain. J'aurais pu passer devant ces enfants sans jamais les regarder. "

Joseph Garcia, qui agit porté par sa foi, une foi qui se nourrit de la bible, ne laisse pas indifférent. Le mouvement qu'il a mis en route n'est pas près de s'arrêter, il y aura toujours des hommes pour reprendre le flambeau. C'est sans doute grâce à des hommes comme lui que notre regard sur le monde change.




Coups de coeur de la semaine




Sur la route qui nous mène de Varanasi (Bénarès) à Delhi, deux villes ont retenu notre attention comme celle de tous ceux qui croisent dans les parages : Khajuraho et Agra. Khajuraho pour la renommée de ses temples et sculptures, particulièrement ses sculptures érotiques, et Agra pour l'inestimable Taj Mahal et ses autres forts, mausolées ou palais.



Khajuraho

Sculptures extérieures de l'un des temples hindous de Khajuraho.
Dans ce petit village perdu dans la campagne existaient autrefois 85 temples. Il en reste aujourd'hui 22 qui appartiennent à deux religions, l'hindouisme et le jaïnisme. Ce groupe de temple édifiés entre les IX èmes et XII èmes siècles constitue un ensemble absolument unique par sa cohérence et sa pureté, par la souplesse et la finesse de ses représentations. Plus que l'architecture des temples, c'est le travail de sculpture qui est ici admirable et qui plus est en excellent état de conservation. Toute la surface extérieure des temples est recouverte de panneaux ou de niches sculptés soulignés par de longues frises.

Tous les sujets sont passés en revue : la vie des rois, des reines, des divinités aussi bien que des guerriers. La luxure, la toilette, les réceptions, toutes les cérémonies intimes ou publiques sont évoquées, toujours avec une pointe d'humour, d'ironie ou de dérision. Les monstres ou créatures imaginaires sont en bonne place, mais on remarque également beaucoup de scènes de la vie quotidienne (femme se coiffant ou s'enlevant une épine du pied…).
Quant aux scènes érotiques, qui vous vous en doutez étaient loin d'être notre première préoccupation, elle se référent certainement au célèbre Kama-sutra, traité d'érotologie qui date du IV ème au VII ème siècle. Mais si certaines scènes ou poses entrent dans sa définition (d'après notre guide bien sur, notre connaissance de cet ouvrage étant malheureusement limitée…), d'autres, particulièrement " hard " ont une origine et un message quelque peu obscur. Selon la culture tantrique, les scènes d'amour figurent l'oubli de soi-même, l'abolition du temps et donc le meilleur moyen de méditer. Nous n'en doutons pas, même si certaines scènes (dont nous regrettons de ne pouvoir vous transmettre les photos pour d'évidentes raisons de bienséance…) semblent un peu lointaines d'une simple quiétude méditative.



Taj Mahal

A Agra, le Taj Mahal, l'une des merveilles du monde, construit au milieu du XVII ème siecle par l'empereur moghol Shah Jahan à la mémoire de son épouse.
A quelques heures de Delhi, Agra doit sa grandeur et sa beauté aux empereurs moghols qui en firent leur capitale aux 16 èmes et 17 èmes siècles.
Le Taj Mahal est l'un des monuments les plus célèbres au monde. Prodigieux, inouï, resplendissant… Sur les bords de la rivière Yamina, édifié au milieu d'un ravissant jardin moghol, le Taj Mahal est un fabuleux bijoux de marbre et d'incrustation de pierres précieuses.

Le Taj Mahal a été construit par l'empereur Shah Jahan, de1631 à 1653, à la mémoire de son épouse décédée. Aucun architecte du royaume ne fut capable d'ériger un projet à la dimension de la douleur du roi. Celui-ci aurait alors convoqué l'architecte perse le plus célèbre et tué sa fiancée. Comprenant alors la terrible douleur du sultan, l'architecte fut capable d'imaginer le Taj Mahal.
En pénétrant par la porte sud, on débouche subitement sur une magnifique perspective : un somptueux jardin au centre duquel un long bassin fleuri mène jusqu'au Taj Mahal lui-même. Le bâtiment principal prend place sur une terrasse de marbre, et à chaque coin, un minaret délimite la plateforme. L'édifice est orné de versets du Coran, rappelant l'origine moghole de la dynastie. A l'intérieur, on ne peut qu'admirer les sculptures sur marbre incrustées de pierres précieuses et semi-précieuses (rubis, jade, agate, corail, onyx, lapis-lazuli…) composant un ensemble floral de tulipes, lotus, … A l'intérieur comme à l'extérieur, on est touché par la plénitude et la beauté parfaite de l'architecture comme par la richesse et la variété inégalable des incrustations. Mais les photos en diront beaucoup plus long que n'importe quelle description.







La rencontre de la semaine


Les Sikhs



Les Sikhs se caractérisent par leur barbe et le turban sans lequel ils ne peuvent sortir de chez eux.
Dans Delhi, nous croisons beaucoup d'hommes à la longue barbe, coiffés d'un turban…Bizarre. Ces hommes d'affaires, chauffeurs de taxis, commerçants sont-ils membres d'une secte ou lancent-ils une nouvelle mode ? Ni l'un ni l'autre, ce sont tout simplement des " Sikhs ". Mais, au fait, qu'est-ce qu'un Sikh ?

Les Sikhs sont certainement la communauté la plus originale de l'Inde. Ils sont environ 15 millions, solidaires, entreprenants et présents dans tous les domaines de l'économie. En somme, ils représentent une certaine élite. On en retrouve également beaucoup à l'extérieur du pays, que ce soit à Londres, à New-York…Ce sont eux, les hommes coiffés d'un turban, dont la barbe, souvent très longue, est retenue dans un petit filet.
L'origine de leur communauté remonte au 15ème siècle, lorsqu'un Guru Nânak, reprochant à l'hindouisme son système de caste et son ritualisme, créa une nouvelle religion : le sikhisme, étrange synthèse entre l'Islam et l'Hindouisme. Dans cette religion, les livres sacrés sont l'Adi Granth et le Guru Granth Sabib. Le fondateur est célébré chaque année par tous les sikhs, en Novembre. Persécutés, les sikhs passèrent petit à petit à une foi militante, en créant l'ordre militaire des khâlsa (les élus de dieu, rien que ça…). Dans cet ordre militaire, les membres obéissent à la règle des 5 K (Kronenbourg, Kama-sutra… ?). Mais au fait, que sont ces 5 K ?

1. Ils doivent laisser pousser leurs poils : Kesh
2. Ils placent un peigne d'ivoire ou de bois dans leur chignon : Kangha
3. Ils portent un bracelet d'argent à leur poignet droit : Kara
4. Ils doivent porter un caleçon court : Kacca (boudin)
5. Ils portent toujours sur eux un poignard : Kirpan

Ils ne doivent ni boire du vin, ni fumer, ni manger de la viande égorgée selon le rite musulman, bref, un français devient très difficilement sikh. Leur plus bel exploit est d'avoir infligé une lourde défaite aux anglais en 1849.




Negociations


Tapis et cuir



Il est bien difficile de passer à Agra sans être emmené de force par les rickshaws dans les magasins de produits artisanaux.
- Tu vois " Baba ", viens dans ce magasin, juste pour regarder, parce que si j'emmène des clients dans son magasin, le patron me donne une carte, et ensuite, pour Noël, en fonction du nombre de cartes, il me donne des vêtements.
- Ok mon ami, on y va, mais juste pour regarder et pour que tu puisses avoir des cadeaux à Noël!

Il faut croire que le système n'est pas si bête car après 5 magasins, il nous prend une formidable envie d'acheter un tapis… Ah, ces marchands de tapis. Les tapis de laine sont superbes, 400 nœuds au centimètre carré, des couleurs magnifiques. En plus, nous sommes surs qu'ils ne sont pas synthétiques car une cigarette ne les brûle pas. Un tapis de 4 mètres sur 6 à un prix défiant toute concurrence, c'est une véritable aubaine.

Bon, que fait-on ? A cet instant, un indien vient discuter avec nous, nous lui demandons sa profession…. Designer pour tapis.
- Incroyable, hé bien, que pensez vous de ce magasin, nous aimerions y acheter des tapis !
- Ecoutez, moi je ne donne pas de conseils mais ce magasin vend des tapis synthétiques. Il vous a fait le coup de la cigarette ? Aujourd'hui on fait des synthétiques qui ne brûlent pas avec une cigarette. Mais avez vous une autre adresse ? Non, je ne donne pas d'adresses, éventuellement celle-ci où je suis sûr qu'ils vendent de vrais tapis de laine.
C'est génial. Il ajoute :
- Si vous voulez, demain, ramenez-moi un tapis de votre magasin, je vous dirai si il est vrai, sinon, vous le rendez et vous irez chez celui que je vous conseille.
- Ok, merci et a demain !

Notre conseil se réunit… Il est vraiment sympa ce gars. Oui, mais comment savoir si ce n'est pas une nouvelle arnaque, vraiment bien montée ce coup-ci ? N'est-il pas en train de nous endormir pour nous diriger vers l'un de ses copains ?
Voilà ce que nous allons faire : on va prendre 1 tapis dans chacun des deux magasins, et on inverse. Il pensera que le tapis de son concurrent est celui de son ami et vice-versa. On verra bien si il nous dit la vérité sur la qualité des tapis…
Quel stratagème… Malheureusement nous n'aurons pas le temps de le mettre en pratique le lendemain, nous ne saurons jamais le fin mot de l'histoire…

Et le cuir ? Même topo. Une veste en cuir intéresse Loïc, certainement pour aller jouer au kékou sur sa prochaine Harley Davidson avec Jonnhy, son pote de toujours. Bref, nous voilà en pleine négociation en partant bien entendu du principe que le prix est exorbitant : 3750 Ruppies.
-" Mais voyons, mon ami, vous n'y pensez pas, nous achetons cette veste pour 1500 Ruppies maximum. "
-" Quoi, mais tu m'assassine nous répond le commerçant, mon prix de revient, c'est 3000 Ruppies ! Allez, assieds toi et prend un thé. "
A notre tour :
- " Voyons tu n'est pas sérieux, ton prix de revient ne peut pas être de 3000 ruppies. Regarde, je connais le prix d'une vache, c'est 4000 Rupies une vache, moins 25 Ruppies le kilo de viande, il nous reste 250 ruppies pour le cuir (et encore, je compte pas les tripes et la cervelle). Aller, on dit que le traitement coûte le double, ça te fait une peau de 3 mètres carrés à 500 Ruppies. Tu as besoin de 1,8 mètres carrés pour la coupe. La coupe, c'est… disons le double de celle d'une chemise, c'est à dire, 200 Ruppies. Ça nous fait un blouson à 500 Ruppies en prix de revient à la production. Ici, les artisans ne se font pas un max de marge, tu ne l'as pas acheté à plus de 700 Ruppies. Maintenant, si tu le vends à 1500 Ruppies, tu te fait plus de 115% de bénéfice. Tu est content, moi aussi, y a pas de problème. "
- " Mais non, pour un blouson, le cuir ça coûte 10 Ruppies le décimètre carré et on a besoin de 3 mètres carrés ! "
- " Tiens, c'est bizarre répondons nous, 10 Ruppies le décimètre, ça fait une pièce de cuir à 3000 Ruppies, comment tu arrive à un prix de revient à 3000 Ruppies pour tout le blouson ? " Ca y est, on le tient, son raisonnement ne tient pas debout. Il sait que nous connaissons le prix, on arrive à descendre à 1800 Ruppies mais nous ne l'achèterons pas…
" Au fait, Christian, comment tu connais le poid d'une vache ? " " J'en sais rien moi du poids d'une vache "…




La photo de la semaine






Le Taj Mahal au milieu de son parc.





N'oubliez pas l' album photo...

Coordonnées des personnes rencontrées



Liste