Journal du 20 mars
Espagne / Maroc

 



Sommaire

    Journal de route     Energies renouvelables     Coup de coeur

     La tuile      La photo de la semaine      Le gag de la semaine




Dans l'ordre, voici les légendes de nos photos :

1/ Christian, Loïc et Nicolas 5mn avant le départ.
2/ L'alcazar des rois Catholiques à Cordoue.
3/ Nico, satisfaisant son appétit en chapardant des oranges.
4/ Etoffes fraîchement teintées séchant dans la médina.
5/ Centre de Développement des Energies Renouvelables.
6/ Place Jemaa El Fna à Marrakech.
7/ Petit village andalou perdu dans la montagne.




Journal de route




Le troisième départ sera le bon:

Par une grise après midi d'hiver, une 104 blanche quitte les Champs Elysées. A son bord, deux jeunes voyageurs, Loïc et Nicolas. Direction l'Espagne. Mais, quelques oublis obligent, seul le 3ème départ sera le bon...Ce sont vraiment les premiers pas qui comptent et qui coûtent, et la Porte d'Orléans passée rien ne semble plus pouvoir nous arrêter.
Bilbao n'est plus très loin dans notre tête, mais à la Porte d'Orléans justement, quelqu'un ne l'entend pas de cette oreille. C'est Cindy (nom donné à celle qui doit nous transporter jusqu'à Niamey) qui fait déjà des siennes. Pour plus de détails, allez-voir à La tuile.

Notre première étape s'appelle "Mer", charmante petite bourgade des alentours de Blois. On y dénombre au maximum 10 000 âmes et surtout un garagiste Peugeot capable de réparer Cindy, dont le moteur chauffe décidément beaucoup trop (Nous vous épargnerons comme premier "signe d'espérance" le sentiment qui nous a animé à la vue de ce garage). Le lendemain, ou plutôt après 300km et 2000 F de moins ( mais un radiateur tout neuf capable de nous faire traverser le désert de long en large), nous repartons vers... Bilbao. En effet, cette fois l'étape est atteinte.

L'Espagne:

Bilbao nous réserve également quelques surprises... Notre réservoir est vide et nous avons oublié la clé de celui-ci dans une station du Nord de Bordeaux (Nico faisait le plein). Direction un garagiste Peugeot pour la troisième fois en trois jours. La réponse est on ne peut plus claire : La 104 est un modèle très peu importé, donc pas évident de trouver une pièce de rechange... Pourtant, par une chance inespérée, nous trouvons à 5 mètres de notre logement un détaillant de pièces automobiles qui retrouve dans des stocks invendus datant des années 80, un bouchon pour réservoir de 104!!! Fou, fou, fou!!! On n'en croit pas nos yeux, pourtant 10 mn plus tard, l'entrée de notre réservoir est de nouveau gardée.
Prochaine étape Cordoue en Espagne, ses palmiers, sa mosquée-cathédrale... Oh joie la route se fait sans encombre! Nous allons profiter de cette étape pour étoffer notre reportage photo.

Nous commençons à comprendre que nous sommes partis pour longtemps. L'Andalousie nous dépayse totalement, les champs d'Oliviers à perte de vue, la terre ôcre rouge et surtout une forte chaleur, ce à quoi nous ne sommes pas habitués en France à cette époque. Maintenant, partout où nous passons, c'est l'inconnu. Après une brève visite de la ville, quelques photos, nous partons préparer l'étape de demain. Il s'agit d'arriver le plus tôt possible au Maroc. Nous n'aurons fait que traverser l'Adalousie, avec la promesse d'y revenir un jour.
A Gibraltar, le premier souci est de profiter de la détaxe. Nous faisons le plein et remplissons discrètement un bidon de 25 litres d'essence, économies budgétaires obligent. Une fois remplie, nous nous apercevons que le bidon est troué. Devant tout le monde, nous transvasons l'essence dans un autre bidon, avec une discrétion assurée... Se pose alors le problème de la douane : à savoir comment deux jeunes, dans une vieille voiture pleine à craquer, rentrés; une heure plus tôt, peuvent-ils ne pas attirer l'attention des douaniers? On s'attend déjà à une fouille de A à Z. Mais c'est sans compter sur l'innocence qui émane de nos deux petites bouilles. Le douanier ne s'y trompe pas, quelques questions et il nous laisse passer, ouf! Reste maintenant à trouver un lieu où dormir. Nous nous aventurons dans un champ perdu, avec le projet de s'endormir en comptant les étoiles. Loïc part alors en éclaireur (pendant que Nico garde courageusement la voiture) et tombe nez à nez avec un troupeau de taureaux... Nous dormirons sur le chemin, devant l'entrée.

Le Maroc



Le Maroc : après avoir acheté nos billets 10 600 Ptas + 10 F + un paquet de cigarette (au lieu de 11 825 Ptas), nous nous embarquons pour Ceuta. A Tanger, nous découvrons vraiment le Maroc, une ville grouillante, des femmes voilées (dommage car celles qui ne le portent pas valent vraiment le détour...), des ânes tirant des charrues en plein boulevard, des hommes qui font de rien un métier. Nous longeons alors la côte jusqu'à Casablanca. Le paysage est magnifique et la route dangeureuse. Il s'agit d'éviter les troupeaux de moutons qui traversent l'autoroute! De même nous sommes frappés de voir ces personnes asisses le long de la route, à attendre, sans bouger. Nous en avions également rencontrés beaucoup dans les montagnes entre Ceuta et Tanger, parfois loin de toute habitation et de tout village. Que font-ils, qu'attendent-ils? Mystère...
Casablanca nous déçoit beaucoup. La ville est très polluée, sale, loin de l'image que l'on s'en faisait. Les CSNE chez qui nous logeons nous expliquent que cette ville concentre 50 à 60% du PIB industriel du Maroc. Pas étonnant lorsqu'on voit la taille du port. De même des villes limitrophes, autrefois résidentielles, se sont effaçées au profit de raffineries, industries chimiques...Nous comprenons vite que Casablanca n'a pas grand intérêt et que mieux vaut filer sur Marrakech, qui elle sera à la hauteur de nos espérances.

Marrakech est fidèle à son image. Elle est la transition entre les portes du grand Sud et le Haut-Atlas. Les maisons roses, entourées de palmiers, d'orangers, de citronniers et autres arbres fruitiers, la verdure des prairies, avec comme toile de fond les montagnes enneigées du Haut-Atlas et un ciel bleu azur : un décor des mille et une nuits... La ville est à taille humaine, sans pollution, avec une forte animation. Le souk est ici un modèle du genre. D'un côté les teinturiers, les tanneurs, de l'autre les vendeurs de babouche, de plats en cuivre, de tapis, de lampes... On trouve de tout! Nous nous égarons pendant deux heures et demi dans ce labyrinthe de petites ruelles, en se fondant dans la foule. Inutile de vous dire que nous tombons sous le charme de cette ville qui ressemble à un quartier rassemblant une grande famille. Les individus ne sont pas anonymes comme dans les villes occidentales. Sur la place, on discute de tout, les problèmes des uns, les besoins des autres, rien ne semble confidentiel. Nous sommes accueillis par un couple de jeunes français, particulièrement chaleureux, qui nous font rapidement découvrir les bons plans.

Cependant nous n'oublions pas qu'il ne s'agit ici que d'une façade. La prospérité d'une nature généreuse et abondante ne signifie pas forcément prospérité pour les hommes. La misère sévit encore dans tout le pays (le Maroc possède un taux d'alphabétisation parmi les plus bas des pays Arabes). Le développement à marche forcé (avec l'espoir d'améliorations des conditions de vie); fait une première victime de taille, l'environnement. Après un premier contact avec le pays ,voilà un sujet que nous décidons d'approfondir. C'est une association de coopérants (un centre d'énergie renouvelable), doublé d'un diner avec des Marocains qui nous permettra de s'imprégner de la culture locale pour mieux cerner le fonctionnement d'un peuple millénaire : les Berbères. Passionnant! Comment préserver l'environnement, décupler les sources d'énergie pour faciliter un développement tout en respectant la culture locale?




Les énergies renouvelables




Nous avons rencontré à Marrakech un organisme passionnant par ses multiples initiatives : le Centre de Développement des Energies Renouvelables. Cet organisme a pour but d'étudier et de mettre au point des procédés pour créer et récupérer de l'énergie. Ils cherchent également à améliorer des techniques utilisés par les Berbères. Marc Wauthelet, un talentueux ingénieur chargé des problèmes de biomasse, nous organise une visite. Nous découvrons alors comment créer de l'énergie à partir d'un tas de fumier, d'eaux usées, en utilisant les gazs (méthane, carbone,...) qui s'en dégagent... Soit comment utiliser la moindre source d'énergie. Pour le Maroc, ceci est d' une importance capitale. Le bois est par exemple la deuxième source d'énergie du pays après le pétrole et sa rentabilité est très faible : les particuliers l'utilisent massivement. D'où une déforestation sauvage alors que les forêts ne représentent que 8% de la surface du pays!
Pour endiguer ce phénomène, le centre a mis au point un four à pain (principale utilisation des ménages) permettant une économie de 50% de bois. Pour les femmes, ceci représente également une diminution des trajets pour trouver du bois, et pour le couple une économie de dizaines de Dirhams. De plus, la technique de cuisson traditionnelle est respectée. Les Hammams (bains maures) sont l'autre grand consommateur. Les 2400 hammams du Maroc nécessitent 430 000 tonnes de bois/an! Sachant que le rendement est de 28% (beaucoup de bois brulé pour peu d'énergie dégagée), le centre a mis au point un système doté d'une rentabilité de 80%. Là aussi sans grands changements, juste par quelques petites astuces. Vu les économies de bois réalisés (150 tonnes/an), l'équipement est rentabilisé en 4 mois. Ces innovations permettent d'éviter une dégradation de l'environnement et améliorent les conditions de vie. Voilà un bel exemple de coopératoin qui mérite d'être souligné. Et preuve que les Berbères et les Marocains adoptent ce système : un ouvrier du centre, chanteur à ses heures, a composé une chanson à la gloire de l'énergie renouvelable!




Coup de coeur




Une place à la sortie du souk où des arracheurs de dents, des apothicaires, des conteurs, des montreurs d'animaux, des charmeurs de serpents, des primeurs, des danseurs, des musiciens et bien d'autres artisans encore créent une petite foire, jusqu'au bout de la nuit. Ajouté à cela un petit vent tiède, des lumières se réfléchissant sur les remparts ôcres : on approche l'éternité. On peut également y diner, en choisissant l'un des cinquante petits restaurants, chacun présentant des plats différents. Installés sur des charettes, il suffit de s'assoir autour et de profiter de la compagnie des Marocains, la place étant très fréquentée par les gens du coin.




La tuile




Cette tuile là n'est pas la pire, mais c'est la première d'une longue série, ce qui lui donne un grand prix.
A la porte d'Orléans, le moteur chauffe et c'est la première panne! Une performance digne d'une palme dans le livre des records.Sur les 10 000km qui nous séparent de Niamey, le 7ème est le début des ennuis. Mais c'est sans compter sur la capacité de réaction de nos deux voyageurs des temps modernes. Pendant que Nico prépare le goûter, Lolo débranche deux fils, le ventilo retourne, et nous repartons vers Bilbao, ou plutôt jusqu'au prochain lieu décidé par Cindy. Mais depuis cet incident, le moindre bruit, la moindre odeur nous alerte. Nous ne faisons plus qu'un seul corps avec Cindy, notre fidèle compagne.




La photo de la semaine




Petit village andalou croisé sur notre route, un véritable paradis.





Le gag de la semaine




Arrivée à la douane marocaine. Après les formalités administratives, nous entamons la fouille de Cindy.
- Rien à déclarer?
- Non, non.
- Pas de cigarettes, pas de bombes lacrymogènes, pas d'alcool?
- Non, non, juste quelques paquets de cigarettes.
- Et çà, c'est quoi? (montrant le bouchon d'une bouteille de Red Label qui dépasse malencontreusement du vide-poche).
- Ah!, çà, ce n'est rien, juste une petite bouteille de prune fabriquée en France. Elle est excellente, vous voulez goûter?
- Non, non, c'est bon, vous pouvez y aller.
Ouf...(il aurait pu se la siffler!)




N'oubliez pas l' album photo...




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