Le coup de coeur La photo de la semaine La rencontre de la semaine
Dans l'ordre, voici les légendes de nos photos :
1/ Sur la piste qui mène au Mali.
2/ Femme malienne pilant le mil.
3/ Le studio de Radio Tabalé.
4/ Le centre des jeunes, réalisation de l'A.L.A.D.
5/ Pirogues de sabliers sur le fleuve Niger.
Nous atteignons enfin Nemma, pour nous rendre chez un médecin autrichien installée ici depuis 18 ans. Helga Seidl, que nous avons rencontré à Nouakchott, avait en effet demandé à son gardien d'accueillir tout étranger se présentant en son absence, et de le recevoir au mieux. Malheureusement, nous ne pourrons pas trainer dans cette ville étrange, mélange de maures et de maliens, balayée par la poussière et le vent. En réalité, Nemma avait son importance autrefois. Elle était une ville étape des caravanes entre le Maroc et le Mali.
La piste menant au Mali est un enfer, ce qui réjouit d'avance votre Schlesser préféré, et traumatise Nico qui va pouvoir creuser et pousser. Et c'est le cas...Une journée pour faire 200 km et arriver au poste malien, sans passer par le poste mauritanien. Sans nous en appercevoir, nous empruntons une piste secondaire qui contourne la douane mauritanienne, et nous pénétrons au Mali en ayant certainement gagné beaucoup de temps,... et d'argent.
En 20 km, nous comprenons que nous venons d'entrer en Afrique Noire. Fini les maisons rectangulaires en parpaing. Désormais, nous croisons des cases rondes aux toits de chaûme, entourées de longues herbes sèches. Fini les dunes de sable, désormais c'est la savane. Enfin, quelle différence de mentalité. Les maures sont tristes d'une manière générale, alors que les maliens sortent de leur village pour nous voir passer, et nous saluent de grands gestes amicaux.
Ils nous reste encore 400 km de piste de latérite rouge pour rejoindre Bamako! Sous une chaleur écrasante, la piste en tôle ondulée aura raison de deux ammortisseurs et d'un pneu de la pauvre Cindy. Mais nous arrivons enfin à Bamako crades et fourbus, couverts d'une poussière rouge qui s'est infiltrée partout, et dans les moindres recoins de la 104.
Radio Tabalé est née de la volonté de jeunes d'horizons divers, inscrits dans la nouvelle dynamique de transformation et de modernisation du Mali. Elle oeuvre à la construction d'une société plus conviviale et plus humaine, et se veut avant tout une radio de proximité.
Nous avons rencontré Tiemoko Koné, directeur de Radio Tabalé, et l'un de ses principaux fondateurs :
"En 1992, après la révolution, nous avons profités d'un vide juridique pour lancer notre radio libre. A la fois radio éducative et radio d'expression, radio Tabalé à pour projet de rendre les populations aptes à participer à leur propre développement. Le tout en évitant les propos arbitraires et détachés de la réalité locale."
Diffusant sur un rayon d'une centaine de kilomètres autour de Bamako, l'équipe de radio Tabalé, composée d'une trentaine de jeunes bénévoles, cherche à proposer des analyses, à susciter la réflexion et à confronter des idées.
Symbole de la liberté d'expression retrouvée, radio Tabalé poursuit la mission culturelle qu'elle s'est assignée, à savoir éduquer les masses et donner la parole aux sans-voix. Souhaitons que malgré les difficultés matérielles liées à son statut de radio libre, cette initiative indispensable et réellement impliquée dans le développement du Mali poursuive son ascension.
A ce jour, ils ont mis en place de nombreuses réalisations dans des domaines aussi divers que :
- l'agriculture (banques de céréales, périmètre irrigué),
- l'eau et l'assainissement ( puits, châteaux d'eau, ...),
- la santé (dispensaires, maternités, ...),
- des constructions scolaires et sociales (écoles, ateliers, centres culturels,...),
- des formations diverses (hygiène, nutrition, gestion, ...)
Nous avons eu la chance de rencontrer des gens qui connaissent parfaitement la situation sahelienne, particulièrement au Mali. Pierre Régnier-Vigouroux nous explique et nous montre durant plusieurs jours les tenants et les aboutissants de leur travail sur le terrain :
"Ils ont tout pour réussir : des ressources, de l'eau, un climat favorable, mais de nombreux freins demeurent. Certaines traditions et tabous, le fatalisme islamique, ainsi que le poids des vieux sont de sérieux obstacles, mais le Mali manque de chefs et peu ont le souci de l'intérêt commun, sans compter les nombreux problèmes de corruption. L'unique voie du développement passe par l'alphabétisation, la formation et l'éducation. Certaines classes d'âge ne peuvent plus s'adapter, les enfants et les jeunes sont le ferment du développement futur."
Nous avons en effet pu constater d'innombrables disfonctionnements, tant au sein de l'administration et du gouvernement que dans de nombreuses ONG, maliennes ou internationales. La plupart sont complètement détachées de la réalité locale, et gaspillent des sommes gigantesques, tout en faisant vivre une poignée de profiteurs. Contrairement aux idées répandues, les maliens ne souffrent ni de la faim, ni de la sécheresse, ni du manque de moyens, mais l'illetrisme et l'ignorance d'une grande partie de la population sert les intérêts d'une classe de dirigeants égoistes. Les détournements de fonds et l'enrichissement personnel constituent l'unique préocupation de ceux qui devraient au contraire se battre pour le développement du pays.
Des initiatives comme A.L.A.D., radio Tabalé et bien d'autres encore combattent cet état de fait et constituent un réel espoir pour ce pays.
Pirogues des sabliers au petit matin sur le fleuve Niger.