Journal du 20 avril
Burkina Faso



Sommaire

    Journal de route     Aqua Viva     A.D.K.B.     Le portrait de la semaine

    Le coup de coeur     La photo de la semaine     Le coup de chaud de la semaine




Dans l'ordre, voici les légendes de nos photos :

1/ La mosquée de Bobo Dioulasso.
2/ Un aperçu des vergers de Teriya Bugu.
3/ Maternelle de Bafangué.
4/ Enfants Burkinabés.
5/ Quel bonheur de croiser l'eau sur la route de Ouaga.
6/ Nico, écrasé par la chaleur.




Journal de route




Vers une terre plus fertile où l'on cultive le riz...

Fini Bamako et la vie paisible au bord du fleuve Niger. Nous partons découvrir les régions rurales du Mali. Beaucoup de terres arrides et de forêts d'arbustes secs. Mais également des zones traversées par l'immense fleuve Niger et ses affluents. Les terres sont donc cultivables et nous le vérifierons en nous arrêtant dans la ferme de Teriya Bugu où se trouve l'association Sahel Aqua Viva.
De cette dernière étape au Mali, nous rejoignons le Burkina-Faso. Quelle surprise lorsqu'à la frontière, nous pénétrons une région humide, où règne un air frais (tout est relatif bien sûr!)! Si bien, qu'on y cultive le riz, que la végétation est verdoyante et qu'une petite couche de brume s'arrache du sol. Quelques kilomètres après, de nouveau un climat sec. Loïc, grand amoureux de la chaleur, aura pu renaître quelques instants, pendant que Nico, enclin à quelques hallucinations, aura compris que les magnifiques rôtis fumants assortis de frites et de coca glacés rencontrés le long de la route n'étaient que le fruit du martèlement solaire. Cruelle désillusion!

Bobodioulasso : artisans et marabouts...

Notre prochaine étape se nomme Bobo Dioulasso, chef-lieu de la région riche du Burkina-Faso. Le vieux Bobo, outre une mosquée traditionnelle, regorge de petits artisans. Le bois, le cuir et surtout le bronze, tout y est travaillé avec un savoir-faire unique. Nous nous arrêtons longuement pour admirer un artiste couler ses statues de bronze, héritage de l'art africain. Autre rencontre surprenante, ces signes animistes érigés à l'entrée de ce quartier pittoresque! Des plumes de poule accrochées à un totem, que tout nouvel arrivant doit venir saluer; les rites animistes et les marabouts ont un poid toujours important en Afrique. Rien ne laisse transparaître ceci à Ouagadougou, capitale qui se rapproche de nos villes européennes. C'est notre contact avec quelques locaux et une semaine passée chez des Burkinabés qui nous éclairerons "de l'intérieur", sur la vie quotidienne au Mali et au Burkina-Faso.

L'esprit de famille : accueil et écueil...

La famille est la clef de voûte de l'organisation sociale. Son caractère sacré permet une réelle solidarité et maintient un esprit fraternel. Mais ici, la famille, c'est "la grande famille", qui regroupe oncles, cousins, demi-frères, demi-cousins, ...(car beaucoup sont polygames). Il y a toujours du monde à la maison, et un passage quasi permanent, pour un repas, une nuit ou une semaine.
En revanche, nous entendons trop souvent qu'un membre fait vivre le reste de la famille(au moins 20 personnes). Poussé à l'extrème, cette vertu devient une faiblesse pour le pays : pourquoi s'activer si un "cousin" peut gagner de l'argent à ma place? Ceci n'éclipse pas la joie de ces peuples. Témoin de cet esprit, les nombreux chants et danses, la musique entraînante, les tenues aux couleurs vives et la coquetterie et la beauté des femmes (envoutantes...).

La misèe humaine et la richesse se cotoient sans cloisonnement...

Nous sommes ensuite frappés par la différence entre les villes et les campagnes. Bamako est par exemple une concentration de mendiants, d'infirmes vivant sur les trottoirs et de riches commerçants ou fonctionnaires. On ne trouve pas de classe moyenne, la misère humaine se frotte à la richesse, sans cloisonnement, comme dans nos cités européennes. La campagne, elle, est un monde à part. Les ruraux, regroupés dans de petits villages, n'ont que le souci de se nourrir. C'est un combat permanent, sous l'autorité du chef de village, homme "sage" et tout puissant, qui est souvent un frein à l'évolution (qu'ils soient musulmans ou catholiques, ils n'en continuent pas moins de se tourner vers les marabouts et les "grigris"). Analphabètes pour la plupart, ils sont déconnectés de la vie du pays. Nous vous proposerons dans notre prochain journal nos impressions, fruit de témoignages et de discussions, sur le fonctionnement de ces pays, leur état actuel et leur avenir.




Aqua Viva




Une ferme qui fait vivre 500 personnes...

Sur la route entre le Mali et le Burkina-Faso, nous nous arrêtons chez le père Verspieren, fondateur de la ferme de Teriya-Bugu, qui fait vivre aujourd'hui près de 500 personnes. Cette association originale, lançée en 1979, peut se targuer de quelques succès. Son principe repose sur le développement de l'irrigation. Sur 10 hectares, on trouve des élevages de lapins, des poulaillers, des étangs creusés pour la pisciculture, une scierie, des vergers (300 000 arbres ont été replantés!), des potagers. Le tout avec un matériel moderne, une irrigation performante et des techniques comme le biogaz ou l'aerowatt pour être autosuffisante en énergie. On croirait presque de l'agriculture intensive!

Un centre financé par les touristes...

Mais les initiatives vont plus loin. Trois classes et des instituteurs assurent l'éducation de ces villages perdus au fin fond du Mali et un dispensaire fournit les soins. Les investissements sont évidemment très importants. Pour récolter des fonds, le père a imaginé d'accueillir des Européens pour des séjours. De nombreuses choses ont ainsi été construites pour rendre le site agréable. Une grande variété d'animaux, une piscine, des promenades en bateau sur le fleuve Bani... Une sorte de "village vacance" pour les donateurs de l'association.
Le succès est là. Les récoltes sont vendus dans les villes voisines et surtout la gestion est assurée par les Maliens (on trouve notamment un comptable, des instituteurs et un infirmier), signe éminent de la réussite. Cette association ne se limite pas à créer un petit paradis à Teriya-Bugu. Elle développe d'autres projets dans la région! Un signe d'espérance qui ne nous a pas laissé indifférents (la piscine non plus, n'est-ce-pas Nico?).




Aide au Dispensaire Koala Boassa




Eduquer et inculquer les notions d'hygiène de base aux enfants...

Nous avons rencontré cette association au Burkina-Faso. Fondé par le docteur Flahaut, elle agit dans des petits villages à la périphérie de Ouagadougou. Son action se concentre essentiellement sur l'éducation et les enfants, travers la construction d'écoles et de jardins d'enfants... Les maternelles ont pour but, entre autre, d'inculquer les notions d'hygiène de base aux enfants et de commencer l'enseignement . Les instituteurs sont épaulés en permanence par de jeunes volontaires français qui supervisent le tout. Des équipes également volontaires viennent l'été pour la construction des bâtiments et de quelques forages.
Nous avons été séduits par cette association et par l'importance de son action.

Des enfants qui ne demandent qu'à apprendre...

Elle est non seulement le complément indispensable d'autres associations plus axées sur les aspects matériels, mais aussi un modèle d'efficacité. Une personne de l'ambassade de France suit en permanence l'association, et les instituteurs sont presque tous diplômés d'état (gage de continuité). Les deux dynamiques jeunes (et jolies) filles rencontrées s'occupent de la comptabilité, de l'enseignement et du suivi des projets. Nous avons assisté à quelques classes et vraiment ces enfants ne demandent qu'à apprendre! Une initiative qui devrait plaire à notre partenaire Digital, particulièrement sensible au thème de l'enfance. Si vous vous sentez l'envie de réaliser un bon geste, aidez cette association fiable en envoyant vos dons à "A.D.K.B", 127 boulevard Raspail 75006 Paris!




Le portrait de la semaine




Accueillis chez le ministre des finances...

A Ouagadougou, nous avons été accueillis par la famille Wibgha, et en Afrique, l'accueil n'est ni un vain mot, ni une notion abstraite. Quelque soit les ressources de la famille, on a vraiment le sentiment que le bien-être de l'invité passe d'abord. Cette semaine passée chez eux aura été l'occasion de vivre avec des burkinabés impliqués dans la vie et le développement de leur pays. Tandis que Mr Pierre Wibgha s'investit dans la politique en tant que ministre des finances, son épouse, Célestine Wibgha s'investit dans l'action sociale, en marge de son travail au ministère de l'énergie.

Mobilisés pour améliorer la situation des femmes...

Avec un groupe de femmes de sa province d'origine, le Passoré, elle a mis sur pied une association dont l'objectif est l'autopromotion et l'amélioration de la situation de la femme et de l'enfant dans cette province.
Des études ont en effet démontré que les femmes et les enfants étaient les plus vulnérables aux problèmes rencontrés par le Burkina Faso. Représentant 52% de la population, les femmes assurent à elles seules toutes les corvées domestiques, ont une part prépondérante dans la production et la commercialisation des produits agricoles, et assurent en outre l'éducation, la santé et l'habillement des enfants. Elles ont donc un rôle incontournable dans le processus de développement du pays, et c'est dans le but de combattre les multiples difficultés que rencontrent ces femmes que l'association "Pag la Viim" (Femme, source de vie) a été créée.
Cette toute jeune association d'initiative entièrement burkinabé recherche désormais des partenaires. Nous l'avons mis en contact avec l'ADKB et l'ALAD, et si vous avez d'autres idées n'hésitez pas à le signaler à Mme Célestine Wibgha, 02 BP 5573 Ouagadougou, Burkina Faso, Tel : (226) 30 64 54. Cette initiative qui s'attaque aux véritables problèmes de l'éducation et de la santé, sources de développement, mérite d'être soutenue. La compétence de ces femmes et leur connaissance du terrain est un gage d'efficacité et de pérénité.




Le coup de coeur




Son talent compense miraculeusement l'origine peu noble de ses matériaux...

Le coup de coeur de cette semaine est consacré à la multitude de petits artisans rencontrés à Bobo Dioulasso. Ferroniers, sculpteurs sur bois ou couleurs de bronzes, nous avons été conquis par le savoir faire de ces artistes. Dans une échoppe de bronze, nous avons découvert de ravissantes statuettes toutes de grâce et de légèreté, représentant des femmes africaines ou des joueurs de balafon. Au fin fond d'une petite ruelle, un ferronier réalise des bougeoirs, des lampes ou des tables avec toutes sortes de métaux. Et son talent compense miraculeusement l'origine peu noble de ses matériaux. Les sculpteurs sur bois croisés peu après ne manquent pas non plus de savoir-faire et d'inventivité dans le travail du teck, de l'ébène et même de l'ivoire.
Ces multiples talents cachés ont fait notre bonheur et c'est bien parce que nous n'avons que deux sacs à dos que nous ne ramènerons pas ces petites merveilles.




La photo de la semaine




Quel bonheur de croiser l'eau, sur la route de Ouaga.






Le coup de chaud de la semaine




Nicolas, au bord de l'hyperthermie...

Cette semaine fut celle des grosses chaleurs; torrides, caniculaires, suffocantes, une épreuve pour nos organismes européens. Que ce soit au Mali, ou à Ouagadougou, nous avons atteint les sommets de la période la plus chaude dans la partie de l'afrique où il fait le plus chaud : tout un programme! Jamais moins de 40° à l'ombre, de jour comme de nuit, et parfois même plus de 50°! Pas un soufle d'air, et quand nous avons la chance d'avoir un ventilateur, une panne d'électricité nous ramène rapidement à la réalité. Nous révons de courir tout nu dans la neige et le vent que nous avons quitté en France. On n'est jamais content de ce que l'on a, n'est-ce-pas?




N'oubliez pas l' album photo...




Liste