Cartes
Héritiers de l'antique Phénicie, le pays fut conquis par les arabes (vers 637) et passa ensuite sous la domination des francs (1098-1289), des mamelouks d'Egypte (jusqu'en 1516) puis des Ottomans (XVIe). Après la victoire des alliés, le Grand Etat Liban fut placé sous mandat français en 1920, comme la Syrie. Signée en 1936, l'indépendance du Liban fut effective en 1943. En 1975, les Palestiniens expulsés de Jordanie s'installent au Sud du pays, impliquant d'emblée le Liban dans le conflit avec Israël. Suivent 15 années de guerre civile, de réactions et d'affrontements entre les diverses factions, avant que la Syrie ne vienne occuper le pays.
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Population / géographie :
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Au IVème siècle, Constantin fonde la "nouvelle Rome" à Constantinople (actuelle Istanbul). Au XIII ème siècle, naît l'empire Ottoman. Les musulmans prennent Constantinople au milieu du XV ème siècle. L'empire Ottoman vit son apogée avec Soliman le magnifique au milieu du XVI ème siècle. Apres la première guerre mondiale, les alliés démantèlent l'empire. Mustafa Kemal libère et unifie le pays. Plébiscité par son peuple, il crée la république turque (en 1923) et entreprend de grandes réformes pour rapprocher la Turquie des pays occidentaux. L'Islam est séparé de l'état et l'alphabet arabe remplacé par l'alphabet latin. Aujourd'hui, le régime politique est un système parlementaire.
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Population / géographie :
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Après un bref passage dans le nord du Liban, nous reprenons le chemin de Beyrouth. Pour quelques jours encore, grâce aux jeunes rencontrés, nous aurons la joie de mieux connaître ce pays si symbolique. Leur enthousiasme vis à vis du “tour du monde de l'espérance” nous touche beaucoup et c'est naturellement que nous acceptons de témoigner pour l'aumônerie de l'université lorsque certains nous en font la demande. Sur les portes de chaque bâtiment, nous trouvons notre photo affichée (tirée de notre journal sur le Japon, nous y sommes déguisés en samouraï)...Ca promet d'être un témoignage sérieux! Environ 30 jeunes nous attendent dans le local de l'aumônerie. Nous avions déjà vu certains d'entre eux lors d'une animation de Noël pour les enfants défavorisés, preuve de leur engagement dans une ambiance universitaire qu'ils décrivent comme “plutôt matérielle”. La diversité de leurs questions et leur curiosité nous surprennent. Les uns nous interrogent sur le financement d'un tel voyage, sur le choix des pays traversés, les autres nous questionnent sur les associations ou les pays qui nous ont le plus touchés. D'une manière générale, ce genre d'initiative est pour eux totalement nouveau et nous sentons que certains se lanceraient bien à leur tour dans de tels projets... Tant mieux!
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Nous quittons avec regret nos amis libanais, mais c'est certain, nous reviendrons!! |
Après cette nuit blanche, nous atterrissons à Istanbul. Dernier pays musulman traversé, nous désirons rencontrer différentes communautés, notamment suite à une question posée au Liban : “L'espérance n'est-elle que chrétienne?” (nous attendons aussi le fruit de vos réflexions). L'ancienne Byzance et Constantinople marque la fin de notre périple en Asie. Nous sommes plutôt surpris par cette ville qui a cru démesurément en 40 ans (de 1 million à 12 millions d'habitants). Parmi les embouteillages et les nombreux HLM, nous nous repérons grâce aux minarets qui se détachent de l'horizon, mais aussi grâce au Bosphore, le détroit séparant la ville en deux. D'un côté, la rive asiatique, de l'autre, la rive.....Eh oui, européenne, c'est fou non? A Istanbul, on peut ainsi jouer des heures à un jeux très drôle : hop, je suis en Asie, je traverse le pont, et hop, je suis en Europe! Mais quelle que soit la rive où l'on se trouve, on est saisi par un sentiment étrange en contemplant cette cité symbole entre l'Orient et l'Occident, entre le monde chrétien et le monde musulman. Istanbul nous surprend, car à l'inverse de certaines cités hindoues, il faut ici prendre le temps de s'immiscer dans la ville et de sentir son souffle pour en découvrir les charmes et les trésors.
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Le Bosphore au coeur d'Istanbul, entre Europe et Asie. |
Nous profitons de nos rencontres avec quelques expatriés et des turques pour en apprendre plus sur les Turques eux-mêmes. La Turquie est le seul pays musulman (99%) dont l'état est laïque. C'est Mustafa Kemal (alias Attatürk), le père de la Turquie moderne, qui imposa cette décision après qu'il eût délivré le pays des grecs au début des années 1920. Les turques sont extrêmement attachés à la séparation entre la religion et l'état. Preuve en est les innombrables drapeaux nationaux couvrant les murs de la ville. Ornés du chiffre 75, ils symbolisent le 75ème anniversaire de la proclamation de la république. Autre signe de cette séparation radicale : l'alcool est en vente libre (pour la plus grande joie de Loïc). Istanbul concentre les plus grandes richesses du pays. Dans cet environnement professionnel, nous découvrons le côté travailleur et consciencieux des turques. Le responsable de la BNP nous confie ainsi que la banque organise chaque Samedi des cours d'Anglais. Et bien chaque Samedi, tous les employés sont présents...allez tenter pareille expérience en France ! En revanche, la répartition des richesses semblent assez inique. Parallèlement à l'existence d'une véritable élite, on croise dans les rues de nombreux cireurs de chaussures, vendeurs de mouchoirs, ...
Notre séjour à Istanbul, loin d'être achevé, nous permet ainsi de nous ouvrir à la fois sur la Turquie historique et sur la Turquie contemporaine, en attendant une virée en Cappadoce.
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Christian et Nicolas en manque de célébrité dans les studios de Télé Lumière. |
Face à la société et à la situation sociale et politique libanaise, Télé Lumière est une chaîne de télévision particulière, conçue pour des objectifs bien précis :
diffuser la science et la culture comme un moyen pour l'homme d'évoluer et de se développer en pensées et en modes de vie.
consolider l'idée de paix entre les hommes et œuvrer à cette fin par tous les moyens avec un respect total de l'être humain et de ses droits naturels et sociaux.
donner aux hommes de toute origines et croyances l'occasion de se retrouver autour d'une tribune libre pour échanger idées et expériences.
Comme nous le dit frère Nour, Télé lumière est une réponse aux attentes de paix, de liberté et de dialogue de la société libanaise. Elle a pour but d'être un témoignage d'amour de réconciliation et de tolérance, une sorte de " signe de notre temps " dont la mission est d'orienter et de guider vers la Vérité et la Lumière, avec liberté et conscience (quel programme ! !)
N'ayant aucun but lucratif, politique ou confessionnel, Télé Lumière se veut un espace d'expression pour tous les libanais (chrétiens comme musulmans), et la grille des programme reflète bien cette aspiration. Parmi les programmes éducatifs, les émissions culturelles et artistiques, ont trouve des débats et des échanges sur des thèmes de société particulièrement actuels, comme le dialogue inter religieux.
Fondée par un groupe de laïcs, cette télé a été adoptée par la hiérarchie catholique. Elle est donc supervisée par un conseils réunissant des Patriarches, des Evêques et des laïcs engagés volontairement dans cette œuvre d'éducation et de rassemblement.
Pour rester fidèle à sa vocation initiale, Télé Lumière ne dispose d'aucune source stable de financement, et renonce à toute publicité ou émission commerciale. Elle ne vit que grâce à l'aide de donateurs, et du formidable réseau d'amis qui la soutient.
Disposant désormais d'une bonne implantation dans le paysage audiovisuel libanais, et forte d'une audience respectable, Télé Lumière poursuit sa mission de consolidation des valeurs morales, spirituelles, culturelles et artistiques…dans " un Liban qui, plus qu'un pays, est un message ".
Nous sommes dans le quartier de Bourg-Hammoud, c'est le quartier pauvre de Beyrouth. Rita, qui nous accompagne, va dans ce quartier depuis peu, elle en avait un peu peur avant de le connaître. Pour nous, ces rues nous semblent assez normales, comparées aux taudis de Calcutta, mais finalement, la misère ne se voit pas toujours sur les murs, et c'est souvent dans ces cas là qu'elle est la plus difficile à toucher.
Nous sommes invités dans un petit appartement de ce quartier ouvrier. Sœur Odile nous ouvre la porte. Venus pour le café, nous repartirons le soir après un bon dîner, tant l'ambiance dans cette communauté de sœurs est accueillante et leurs récits passionnants.
Ce quartier souffre du chômage, avec tous les problèmes qui en découlent. Il y a beaucoup de main d'œuvre étrangère, notamment syrienne et égyptienne qui font le boulot que les Libanais ne veulent pas faire pour un salaire indécent au Liban. Seul les ouvriers originaires de pays très pauvres peuvent y trouver leur compte. Sans emploi, beaucoup de jeunes Libanais traînent. La guerre les a marqués aussi , certains ne sont pas allés à l'école, ils sont souvent déboussolés.
Les sœurs vont rencontrer les jeunes, elles discutent avec eux dans la rue, ils savent que la porte est toujours ouverte. Elles parlent avec eux des sujets qui les intéressent. Certains viennent à la maison pour discuter d'un thème à plusieurs. La violence, par exemple car ils sont parfois bien incapables de se respecter, même entre eux. Dès qu'il y a un plus faible, ils le frappent.
Ils ont aussi besoin de se défouler. Ici, ils peuvent dire ce qu'ils veulent puisqu'on ne les juge pas. Dans la rue, ils pourraient être réprimés.
Sœur Hélène, qui n'a pas sa langue dans sa poche nous répond :
" Un jour, je rencontre un jeune qui me lance : vous les sœurs, les prêtres, je ne vous supporte pas ! Alors je lui répond : " tiens, c'est curieux, moi non plus je ne te supporte pas ! Mais au fait, comment t'appelles-tu ? " Surpris par ma réaction, il s'est laissé faire, on a discuté pendant une heure, et ensuite, on s'est donné rendez vous le lendemain. Il m'a parlé de ses problèmes avec son père, il n'en avait jamais parlé à personne d'autre que sa maman. Aujourd'hui, il ramène ses copains pour discuter avec nous. "
" On pourrait perdre espoir si on ne basait pas notre action sur l'espérance ! Quand au bout de 2-3 ans on voit les résultats, on est ébahit ! Les jeunes qui viennent nous voir sont parfois révoltés par ce qu'ils voient et nous demandent pourquoi on ne ferait pas quelque chose pour les plus pauvres. Ils changent, c'est un signe d'espérance ! Annick dont nous parlions tout à l'heure nous a dit un jour : " J'étais une ordure, vous m'avez redonné ma dignité " Il avait tout simplement besoin d'être écouté.
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Soeur Odile découvre Internet, et les photos du Japon... |
Nous quittons nos sœurs franciscaines dont l'humour et la bonne humeur nous ont bien fait rire. Leur témoignage nous touche et cette petite communauté de 4 femmes très différentes illustre bien l'intérêt de mettre en commun leurs richesses.
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Un magnifique Christ pantocrator en mosaïque parmi les splendeurs de l'église Saint Sauveur in Chora. |
L'église byzantine de Saint-Sauveur-in-Chora est un chef d'œuvre du 11ème siècle ayant connu depuis ce temps de nombreuses transformations. A l'image de Saint-Germain-des-Prés, elle était à l'époque entourée de champs (Chora signifie " hors les murs "). Nous sommes surpris par sa sobriété extérieure : aucun signes exubérants et une taille modeste couronnée par quelques coupoles. En revanche, l'intérieur, par sa magnificence, justifie la réputation des lieux. Cette volontaire opposition entre un contenant discret et un riche contenu traduit la spiritualité byzantine. La grandeur de Dieu, comme le chemin qui mène à lui, sont intérieurs. D'où ces multiples fresques murales et mosaïques retraçant des scènes de la vie du Christ ou de Marie.
Nous nous rendons ensuite à Sainte-Sophie, le symbole de l'empire byzantin mais aussi le grand monument de la chrétienté jusqu'à la construction de Saint-Pierre de Rome ! Datant du 6ème siècle, on imagine à peine l'effort humain que sa construction a nécessité. Sa coupole, haute de 55 mètres, a résisté à tous les tremblements de terre, ce qui tient d'un prodige architectural inégalé jusque là. Aujourd'hui encore, nous sommes incapables de reproduire sans l'aide d'un ordinateur les calculs qui ont permis aux 2 architectes grecs de bâtir un tel monument! Mais plus que la splendeur intérieure, c'est le caractère massif qui impressionne, car les mosaïques, l'autel en or incrusté de pierres précieuses et toutes les merveilles de Sainte-Sophie ont disparu au cours des siècles. Plus qu'un amas de trésor, la cathédrale est la mémoire vivante des siècles passées. Avant l'arrivée d'Atatürk qui l'a transformé en musée, un croissant remplaçait le crucifix…Istanbul est une étrange rencontre entre la chrétienté et l'Islam, fruit des conquêtes guerrières.
La mosquée bleue, contemporaine de Saint-Pierre de Rome, est une réponse à la grandeur solennelle de Sainte-Sophie. Espacé de cette dernière par quelques centaines de mètres, on ne peut s'empêcher de comparer les deux architectures : à l'évidence, la mosquée bleue a une beauté extérieure que n'a pas la cathédrale. A l'intérieur, on découvre l'immense dôme central, qui n'a cependant pas su dépasser le génie de celui de Sainte-Sophie. Le bleu vient de ces innombrables carreaux de faïences (représentant des roses, des œillets et des tulipes…) qui tapissent les murs du bâtiment.
On ne regrette évidemment pas la compétition entre musulmans et chrétiens lorsque intelligente, elle engendre de tels chefs d'œuvre !
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