Journal du 20 janvier


Liban et Turquie



Sommaire

    Les contextes     Le journal de route     Télé Lumière     Rencontre

    Istanbul     La photo de la semaine




Cartes

                          Liban              Turquie




Le contexte libanais

Héritiers de l'antique Phénicie, le pays fut conquis par les arabes (vers 637) et passa ensuite sous la domination des francs (1098-1289), des mamelouks d'Egypte (jusqu'en 1516) puis des Ottomans (XVIe). Après la victoire des alliés, le Grand Etat Liban fut placé sous mandat français en 1920, comme la Syrie. Signée en 1936, l'indépendance du Liban fut effective en 1943. En 1975, les Palestiniens expulsés de Jordanie s'installent au Sud du pays, impliquant d'emblée le Liban dans le conflit avec Israël. Suivent 15 années de guerre civile, de réactions et d'affrontements entre les diverses factions, avant que la Syrie ne vienne occuper le pays.
Economie :
La principale richesse est l'agriculture (notamment fruits) et la pêche. Le manque de matières premières freine l'industrialisation. Les grandes industries sont des cimentiers et des raffineurs de pétrole.

Population / géographie :
Dans un pays 50 fois plus petit que la France vivent 3,5 millions d'habitants. Cependant, la diaspora Libanaise dans le monde est évaluée à 13 millions. Le Liban est un pays très montagneux possédant une grande plaine fertile : la Bekaa. Les montagnes offrent au pays un réseau hydrographique très intéressant par rapport à ses voisins.
Politique :
République parlementaire où les principales confessions sont représentées. Mais le pays est toujours sous occupation syrienne.
Langues :
Arabe, français, anglais
Religion :
Le Liban est le seul pays où la constitution reconnaît de manière égale 18 communautés religieuses. 52% de musulmans (Sunnites et Chiites), 8% de Druzes, 42% de Chrétiens (principalement maronites).
Anecdote :
Le Liban est le pays à la plus forte concentration de téléphones portables.








Le contexte turc

Au IVème siècle, Constantin fonde la "nouvelle Rome" à Constantinople (actuelle Istanbul). Au XIII ème siècle, naît l'empire Ottoman. Les musulmans prennent Constantinople au milieu du XV ème siècle. L'empire Ottoman vit son apogée avec Soliman le magnifique au milieu du XVI ème siècle. Apres la première guerre mondiale, les alliés démantèlent l'empire. Mustafa Kemal libère et unifie le pays. Plébiscité par son peuple, il crée la république turque (en 1923) et entreprend de grandes réformes pour rapprocher la Turquie des pays occidentaux. L'Islam est séparé de l'état et l'alphabet arabe remplacé par l'alphabet latin. Aujourd'hui, le régime politique est un système parlementaire.
Religion :
99% de la population est musulmane. Il existe cependant 14 rites chrétiens.

Population / géographie :
La Turquie est installée à cheval entre l'Europe et l'Asie. 1,5 fois plus grand que la France, la Turquie abrite 62 millions d'habitants. 35% de la population a moins de 15 ans.
Economie :
L'agriculture (16% du PIB, 40% de la pop. active), les produits manufacturés et le tourisme sont les piliers de l'économie turque. Les richesses du sous sol ne sont pas négligeables non plus. L'Allemagne est le premier partenaire financier mais la France le premier investisseur. Inflation de plus de 100%. L'économie qui jusqu'ici connaissait un taux de croissance positif subit de plein fouet la crise asiatique et russe.
Langues :
Turque et le Kurde (usage privé autorisé depuis 1991)
Anecdote :
Atatürk donna le droit de vote aux femmes avant la France. La Turquie est le seul des 54 états musulmans a être laïc.








Journal de route


Du Liban à la Turquie



L'aumônerie de l'université nous demande de témoigner...

Après un bref passage dans le nord du Liban, nous reprenons le chemin de Beyrouth. Pour quelques jours encore, grâce aux jeunes rencontrés, nous aurons la joie de mieux connaître ce pays si symbolique. Leur enthousiasme vis à vis du “tour du monde de l'espérance” nous touche beaucoup et c'est naturellement que nous acceptons de témoigner pour l'aumônerie de l'université lorsque certains nous en font la demande. Sur les portes de chaque bâtiment, nous trouvons notre photo affichée (tirée de notre journal sur le Japon, nous y sommes déguisés en samouraï)...Ca promet d'être un témoignage sérieux! Environ 30 jeunes nous attendent dans le local de l'aumônerie. Nous avions déjà vu certains d'entre eux lors d'une animation de Noël pour les enfants défavorisés, preuve de leur engagement dans une ambiance universitaire qu'ils décrivent comme “plutôt matérielle”. La diversité de leurs questions et leur curiosité nous surprennent. Les uns nous interrogent sur le financement d'un tel voyage, sur le choix des pays traversés, les autres nous questionnent sur les associations ou les pays qui nous ont le plus touchés. D'une manière générale, ce genre d'initiative est pour eux totalement nouveau et nous sentons que certains se lanceraient bien à leur tour dans de tels projets... Tant mieux!



Et c'est le dur moment des séparations...

Nous quittons avec regret nos amis libanais, mais c'est certain, nous reviendrons!!
Le soir, nous partons à Jounié retrouver d'autres ami(e)s pour un karaoké, histoire de faire admirer nos voix angéliques et de provoquer un déluge sur Beyrouth (depuis le temps qu'ils attendent la pluie...). Et voilà le douloureux moment du départ. Ca nous fait de la peine, mais il faut que l'on s'en aille. Le soir, nous retrouvons ceux qui nous avaient accueilli pour boire une dernière fois à l'amitié, l'amour, la joie. Léa, Rita, Arzé, Eddy et Maria tiennent même à faire une nuit blanche pour nous accompagner à notre avion (4 heures du matin)! Nous leur offrons symboliquement quelques cadeaux pour les remercier des si bons instants partagés avec eux. C'est peu comparé aux liens tissés et à la sincère amitié qui désormais nous unit.



Istanbul, la rencontre de l'Orient et de l'Occident...

Après cette nuit blanche, nous atterrissons à Istanbul. Dernier pays musulman traversé, nous désirons rencontrer différentes communautés, notamment suite à une question posée au Liban : “L'espérance n'est-elle que chrétienne?” (nous attendons aussi le fruit de vos réflexions). L'ancienne Byzance et Constantinople marque la fin de notre périple en Asie. Nous sommes plutôt surpris par cette ville qui a cru démesurément en 40 ans (de 1 million à 12 millions d'habitants). Parmi les embouteillages et les nombreux HLM, nous nous repérons grâce aux minarets qui se détachent de l'horizon, mais aussi grâce au Bosphore, le détroit séparant la ville en deux. D'un côté, la rive asiatique, de l'autre, la rive.....Eh oui, européenne, c'est fou non? A Istanbul, on peut ainsi jouer des heures à un jeux très drôle : hop, je suis en Asie, je traverse le pont, et hop, je suis en Europe! Mais quelle que soit la rive où l'on se trouve, on est saisi par un sentiment étrange en contemplant cette cité symbole entre l'Orient et l'Occident, entre le monde chrétien et le monde musulman. Istanbul nous surprend, car à l'inverse de certaines cités hindoues, il faut ici prendre le temps de s'immiscer dans la ville et de sentir son souffle pour en découvrir les charmes et les trésors.



Grâce à un expatrié, nous découvrons les secrets d'Istanbul...

Le Bosphore au coeur d'Istanbul, entre Europe et Asie.
Nous avons la chance d'être accueillis par le responsable local de la BNP. Dans le Bazar, grâce à sa passion pour Istanbul et les produits manufacturiers d'Asie mineure, nous nous initions aux secrets des tapis, des pipes à narghilé et autres objets de cuivre. Guidés par cet homme passionant, nous découvrons des échoppes reculées tenues par des hommes cultivant leur sens inné de l'accueil à coup de sourires et de tasses de thé. Comme quoi on peut être directeur de filiale et embrasser sur les deux joues les trois quarts du bazar d'Istanbul lorsqu'on est passionné par un pays, son histoire et ses hommes. En plein Ramadan, les propriétaires de boutique préparent activement la rupture du jeûne (l'Iftar). Chaque journée de privation se ponctue par un copieux repas auquel sont conviés la famille et les proches. A la tombée de la nuit, on entend les coups de canon qui marquent l'Iftar, et les chants des muezzins qui couvrent la ville comme s'ils se répondaient d'un minaret à l'autre. Le plus saisissant dans Istanbul, c'est qu'on y retrouve un concentré de ce beau pays, que ce soit les paysans anatoliens conduisant leurs troupeaux de moutons, les Kurdes, les artisans arméniens et colporteurs de toutes sortes, constituant une palette de métier plutôt colorée! Nous passons ensuite devant les anciens remparts de Constantinople un peu trop rénovés à notre goût...Ils résistent à l'usage des siècles comme s'ils s'octroyaient le devoir de témoigner du fabuleux passé d'Istanbul, ville qui a éblouit l'humanité pendant 9 siècles par sa concentration d'intelligence et de richesse .



La Turquie, le seul pays laïque à forte majorité musulmane...

Nous profitons de nos rencontres avec quelques expatriés et des turques pour en apprendre plus sur les Turques eux-mêmes. La Turquie est le seul pays musulman (99%) dont l'état est laïque. C'est Mustafa Kemal (alias Attatürk), le père de la Turquie moderne, qui imposa cette décision après qu'il eût délivré le pays des grecs au début des années 1920. Les turques sont extrêmement attachés à la séparation entre la religion et l'état. Preuve en est les innombrables drapeaux nationaux couvrant les murs de la ville. Ornés du chiffre 75, ils symbolisent le 75ème anniversaire de la proclamation de la république. Autre signe de cette séparation radicale : l'alcool est en vente libre (pour la plus grande joie de Loïc). Istanbul concentre les plus grandes richesses du pays. Dans cet environnement professionnel, nous découvrons le côté travailleur et consciencieux des turques. Le responsable de la BNP nous confie ainsi que la banque organise chaque Samedi des cours d'Anglais. Et bien chaque Samedi, tous les employés sont présents...allez tenter pareille expérience en France ! En revanche, la répartition des richesses semblent assez inique. Parallèlement à l'existence d'une véritable élite, on croise dans les rues de nombreux cireurs de chaussures, vendeurs de mouchoirs, ...
Notre séjour à Istanbul, loin d'être achevé, nous permet ainsi de nous ouvrir à la fois sur la Turquie historique et sur la Turquie contemporaine, en attendant une virée en Cappadoce.




Télé Lumière


Un message d'amour, de paix et de rencontre

Au deuxième étage d'un immeuble anodin de Beyrouth, nous arrivons devant la banque d'accueil de Télé Lumière. Un panneau d'écrans de télévision retransmet les émissions en cours. Au fil des couloirs et des étages, nous découvrons les bureaux et les studios , nous assistons au montage d'un cours métrage, avant que Nicolas et Christian ne s'essayent devant les caméras d'un plateau. Mais nous avons rendez-vous avec frère Nour, le fondateur. Il nous accueille au milieu d'un couloir, son bureau, mais rien ne nous étonne depuis que nous avons découvert le personnage : barbe et cheveux non coupé, une bure usée et limée jusqu'à la toile, une vrai dégaine d'ermite !



Une histoire peu commune

Christian et Nicolas en manque de célébrité dans les studios de Télé Lumière.
Alors professeur à l'université, frère Nour, comme il se fait appeler désormais, a tout quitté pour se consacrer aux plus pauvres. Il a pris soudainement conscience que sa vie devait être tournée vers les autres, au service de la charité. Peu à peu, face à cet engagement total, on lui demande de faire des conférence, de témoigner, et son temps est de plus en plus pris par la " communication ", les interventions,… Il décide alors de fonder " La voix de la charité " (qui retransmet d'ailleurs nos émissions de Radio Notre Dame), une chaîne de radio chrétienne destinée à être le relais de ses actions, une radio d'éducation tournée vers la charité. Le succès de cette initiative le pousse encore plus loin. En 1991, il fonde alors Télé Lumière.



Notre société en convalescence cherche une Télé Lumière

Face à la société et à la situation sociale et politique libanaise, Télé Lumière est une chaîne de télévision particulière, conçue pour des objectifs bien précis :

diffuser la science et la culture comme un moyen pour l'homme d'évoluer et de se développer en pensées et en modes de vie.

consolider l'idée de paix entre les hommes et œuvrer à cette fin par tous les moyens avec un respect total de l'être humain et de ses droits naturels et sociaux.

donner aux hommes de toute origines et croyances l'occasion de se retrouver autour d'une tribune libre pour échanger idées et expériences.

Comme nous le dit frère Nour, Télé lumière est une réponse aux attentes de paix, de liberté et de dialogue de la société libanaise. Elle a pour but d'être un témoignage d'amour de réconciliation et de tolérance, une sorte de " signe de notre temps " dont la mission est d'orienter et de guider vers la Vérité et la Lumière, avec liberté et conscience (quel programme ! !)



Un fonctionnement original

N'ayant aucun but lucratif, politique ou confessionnel, Télé Lumière se veut un espace d'expression pour tous les libanais (chrétiens comme musulmans), et la grille des programme reflète bien cette aspiration. Parmi les programmes éducatifs, les émissions culturelles et artistiques, ont trouve des débats et des échanges sur des thèmes de société particulièrement actuels, comme le dialogue inter religieux.
Fondée par un groupe de laïcs, cette télé a été adoptée par la hiérarchie catholique. Elle est donc supervisée par un conseils réunissant des Patriarches, des Evêques et des laïcs engagés volontairement dans cette œuvre d'éducation et de rassemblement. Pour rester fidèle à sa vocation initiale, Télé Lumière ne dispose d'aucune source stable de financement, et renonce à toute publicité ou émission commerciale. Elle ne vit que grâce à l'aide de donateurs, et du formidable réseau d'amis qui la soutient.
Disposant désormais d'une bonne implantation dans le paysage audiovisuel libanais, et forte d'une audience respectable, Télé Lumière poursuit sa mission de consolidation des valeurs morales, spirituelles, culturelles et artistiques…dans " un Liban qui, plus qu'un pays, est un message ".




La rencontre de la semaine


Les soeurs franciscaines



Les sœurs Franciscaine, une présence dans le quartier pauvre de Beyrouth

Nous sommes dans le quartier de Bourg-Hammoud, c'est le quartier pauvre de Beyrouth. Rita, qui nous accompagne, va dans ce quartier depuis peu, elle en avait un peu peur avant de le connaître. Pour nous, ces rues nous semblent assez normales, comparées aux taudis de Calcutta, mais finalement, la misère ne se voit pas toujours sur les murs, et c'est souvent dans ces cas là qu'elle est la plus difficile à toucher.
Nous sommes invités dans un petit appartement de ce quartier ouvrier. Sœur Odile nous ouvre la porte. Venus pour le café, nous repartirons le soir après un bon dîner, tant l'ambiance dans cette communauté de sœurs est accueillante et leurs récits passionnants.

Ce quartier souffre du chômage, avec tous les problèmes qui en découlent. Il y a beaucoup de main d'œuvre étrangère, notamment syrienne et égyptienne qui font le boulot que les Libanais ne veulent pas faire pour un salaire indécent au Liban. Seul les ouvriers originaires de pays très pauvres peuvent y trouver leur compte. Sans emploi, beaucoup de jeunes Libanais traînent. La guerre les a marqués aussi , certains ne sont pas allés à l'école, ils sont souvent déboussolés.



Rencontrer les jeunes déboussolés

Les sœurs vont rencontrer les jeunes, elles discutent avec eux dans la rue, ils savent que la porte est toujours ouverte. Elles parlent avec eux des sujets qui les intéressent. Certains viennent à la maison pour discuter d'un thème à plusieurs. La violence, par exemple car ils sont parfois bien incapables de se respecter, même entre eux. Dès qu'il y a un plus faible, ils le frappent.
Ils ont aussi besoin de se défouler. Ici, ils peuvent dire ce qu'ils veulent puisqu'on ne les juge pas. Dans la rue, ils pourraient être réprimés.



" Mais comment faites vous pour créer le premier contact ? "

Sœur Hélène, qui n'a pas sa langue dans sa poche nous répond :
" Un jour, je rencontre un jeune qui me lance :  vous les sœurs, les prêtres, je ne vous supporte pas ! Alors je lui répond : " tiens, c'est curieux, moi non plus je ne te supporte pas ! Mais au fait, comment t'appelles-tu ? " Surpris par ma réaction, il s'est laissé faire, on a discuté pendant une heure, et ensuite, on s'est donné rendez vous le lendemain. Il m'a parlé de ses problèmes avec son père, il n'en avait jamais parlé à personne d'autre que sa maman. Aujourd'hui, il ramène ses copains pour discuter avec nous. "



" Et vous arrive-t-il parfois de perdre espoir ? "

" On pourrait perdre espoir si on ne basait pas notre action sur l'espérance ! Quand au bout de 2-3 ans on voit les résultats, on est ébahit ! Les jeunes qui viennent nous voir sont parfois révoltés par ce qu'ils voient et nous demandent pourquoi on ne ferait pas quelque chose pour les plus pauvres. Ils changent, c'est un signe d'espérance ! Annick dont nous parlions tout à l'heure nous a dit un jour : " J'étais une ordure, vous m'avez redonné ma dignité " Il avait tout simplement besoin d'être écouté.



Chacune a son rôle

Soeur Odile découvre Internet, et les photos du Japon...
Sœur Martina vient de Singapour et s'occupe des enfants de la garderie. A travers les familles musulmanes et chrétiennes, elle apprend à connaître ce pays qui lui est totalement étranger et qui lui semble bien compliqué ! Tant de rites, tant de subtilités, mais tant de richesses ! C'est fou !
Rania est novice et a rejoint la communauté après ses études de psychologie à Paris et deux ans dans l'arche de Jean Vannier avec des personnes handicapées. Elle donne un coup de main en participant aux actions de chacune des sœurs.
Sœur Odile est française et infirmière. Elle passe soigner les démunis du quartier. Elle est aussi la grande copine des vieux solitaires qui viennent souvent lui rendre une petite visite.

Nous quittons nos sœurs franciscaines dont l'humour et la bonne humeur nous ont bien fait rire. Leur témoignage nous touche et cette petite communauté de 4 femmes très différentes illustre bien l'intérêt de mettre en commun leurs richesses.




A la découverte d'Istanbul




Un magnifique Christ pantocrator en mosaïque parmi les splendeurs de l'église Saint Sauveur in Chora.
Le passé historique et culturel d'Istanbul est immensément riche. Au cours de notre visite de la ville, nous avons pu en mesurer l'étendue à travers la découverte de quelques monuments clés. Des églises rappellent la présence chrétienne en ces lieux depuis le jour où l'empereur Constantin a décidé de faire de Byzance la capitale de son empire.

L'église byzantine de Saint-Sauveur-in-Chora est un chef d'œuvre du 11ème siècle ayant connu depuis ce temps de nombreuses transformations. A l'image de Saint-Germain-des-Prés, elle était à l'époque entourée de champs (Chora signifie " hors les murs "). Nous sommes surpris par sa sobriété extérieure : aucun signes exubérants et une taille modeste couronnée par quelques coupoles. En revanche, l'intérieur, par sa magnificence, justifie la réputation des lieux. Cette volontaire opposition entre un contenant discret et un riche contenu traduit la spiritualité byzantine. La grandeur de Dieu, comme le chemin qui mène à lui, sont intérieurs. D'où ces multiples fresques murales et mosaïques retraçant des scènes de la vie du Christ ou de Marie.

Nous nous rendons ensuite à Sainte-Sophie, le symbole de l'empire byzantin mais aussi le grand monument de la chrétienté jusqu'à la construction de Saint-Pierre de Rome ! Datant du 6ème siècle, on imagine à peine l'effort humain que sa construction a nécessité. Sa coupole, haute de 55 mètres, a résisté à tous les tremblements de terre, ce qui tient d'un prodige architectural inégalé jusque là. Aujourd'hui encore, nous sommes incapables de reproduire sans l'aide d'un ordinateur  les calculs qui ont permis aux 2 architectes grecs de bâtir un tel monument! Mais plus que la splendeur intérieure, c'est le caractère massif qui impressionne, car les mosaïques, l'autel en or incrusté de pierres précieuses et toutes les merveilles de Sainte-Sophie ont disparu au cours des siècles. Plus qu'un amas de trésor, la cathédrale est la mémoire vivante des siècles passées. Avant l'arrivée d'Atatürk qui l'a transformé en musée, un croissant remplaçait le crucifix…Istanbul est une étrange rencontre entre la chrétienté et l'Islam, fruit des conquêtes guerrières.

La mosquée bleue, contemporaine de Saint-Pierre de Rome, est une réponse à la grandeur solennelle de Sainte-Sophie. Espacé de cette dernière par quelques centaines de mètres, on ne peut s'empêcher de comparer les deux architectures : à l'évidence, la mosquée bleue a une beauté extérieure que n'a pas la cathédrale. A l'intérieur, on découvre l'immense dôme central, qui n'a cependant pas su dépasser le génie de celui de Sainte-Sophie. Le bleu vient de ces innombrables carreaux de faïences (représentant des roses, des œillets et des tulipes…) qui tapissent les murs du bâtiment.
On ne regrette évidemment pas la compétition entre musulmans et chrétiens lorsque intelligente, elle engendre de tels chefs d'œuvre !




La photo de la semaine






La mosquée bleue au crépuscule.





N'oubliez pas l' album photo...

Coordonnées des personnes rencontrées



Liste

 

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