Pour une culture vivante Le gag de la semaine La photo de la semaine
Carte
Les Turcs prirent le contrôle de la région à partir de 1514 et ne furent remplacés par les autrichiens qu'en 1697. En 1867 fut instaurée une monarchie mixte austro-hongroise. Après la première guerre mondiale, la Hongrie a perdu les 2/3 de ses territoires au profit de l'Autriche, de la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Roumanie. A partir de 1949 s'installe un régime communiste qui conduira la population à se soulever en 1956. L'insurrection fut écrasée par les chars Russes, faisant des milliers de morts. A partir des années 60 le gouvernement commença à introduire des réformes comprenant certains éléments d'économie de marché. Au printemps 89, la Hongrie démantèle son rideau de fer avec l'Autriche. Le pays est désormais gouverné par le FIDEZ, jeunes démocrates qui ont tous moins de 35 ans.
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Géographie :
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Toujours soutenue par notre fidèle Linda, nous arrivons péniblement en Hongrie. Après les rires des douaniers, les bruits de moteur nous inquiètent sensiblement. Le spectre des nombreuses pannes subies depuis Bucarest ressort. Et finalement, à quelques kilomètres de la première ville hongroise, c'est de nouveau la panne. Heureusement, des policiers hongrois passant par là nous viennent en aide, nous conduisent à un garage, et bien sûr n'oublient pas de nous demander la petite prime qui accompagne leur service. Les pauvres tombent mal. Après deux mois d'Afrique et un an autour du monde, nous sommes rodés ! Nous sommes surpris par l'efficacité du garagiste, un robuste hongrois. Contrairement aux bricoleurs roumains, il affiche fièrement un diplôme de garagiste et un matériel performant. Grâce à lui, en deux heures, Linda est de nouveau sur pied. Nous mesurons à travers cette petite aventure, la différence matérielle entre la Roumanie et la Hongrie. Nous allons tout de même devoir passer la nuit dans cette bourgade pétrifiée par le froid, le garagiste ayant terminé sa réparation une fois la nuit tombée. Nous logeons dans une " zimmer frei ", sorte de maison d'hôtes. Les tenanciers sont charmants et leur maison confortable, ce qui nous fait dire que les conditions sont plus faciles qu'en Roumanie. En revanche, la communication est très réduite, car le hongrois est littéralement incompréhensible…
Le lendemain, nous reprenons la route vers Budapest. Et 10 kilomètres après le départ, re-panne (toujours la même : un problème de compression des pistons), au milieu du brouillard et des plaines enneigées. Cette fois c'est décidé, nous nous en séparons. Trop, c'est trop ! Nous la revendons à une casse et prenons le premier train pour Budapest, non sans avoir le cœur fendu. Cependant, pas question d'abandonner, nous sommes déjà à la recherche de la moindre Trabant prête à relever le défi.
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Une grande patinoire en plein air permet aux hongrois de se divertir tout l'hiver. |
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La ville regorge de toits en mosaïques, comme celui de l'église Saint Mathias. |
Pour clore notre séjour dans la capitale, nous retournons à la colline du château. A l'église Saint Mathias, église royale (c'est là que les rois recevait la couronne de Saint Etienne, symbole de la légitimité dans le pays), nous assistons à un récital : l'Ave Verum Corpus et le Requiem de Mozart. C'est tout simplement unique et pour un prix très attractif ! La prestation est grandiose et les musiciens hongrois à la hauteur de leur réputation. La pureté des voix si harmonieusement mêlée aux instruments résonne grâce à l'acoustique de l'église. Nous sommes émus, des frissons nous traversent le corps ! Il fallait bien un instant solennel avant d'arriver à Vienne, notre prochaine étape.
La méthode mise au point par Andras Petö à partir de 1945 a pour objectif d'apprendre aux enfants atteints d'une Infirmité Motrice Cérébrale (IMC) à surmonter leur dysfonctionnement moteurs par des moyens simples pour parvenir progressivement à l'autonomie. Les enfants présentent des dysfonctionnement moteurs accompagnés souvent d'un léger retard mental. La pédagogie qui est mise en œuvre, appelée " éducation conductive ", est originale et donne des résultats étonnants. Un grand nombre d'étrangers déçus par les autres méthodes confient leur enfant à l'institut Petö.
Institut Petö
méthode conductive pour les enfants ayant un handicap moteur
Nous sommes dans un institut pour enfants handicapés moteurs et pourtant, il n'y a aucun fauteuil roulant, pas de corsets, pas de coquilles. L'ambiance est joviale, les conductrices dynamiques et souriantes. Les enfants se sentent chez eux…mais ça ne les empêche pas de travailler dur.
Une méthode hongroise qui fait ses preuves…
Aujourd'hui c'est le carnaval…
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Cette petite fille étudie à l'institut Petö où on lui a appris à vivre sans fauteuil roulant. |
Education : on ne parle pas de thérapie ou de traitement mais l'objectif est d'aboutir à l'indépendance et l'autonomie des enfants. Les parents sont d'ailleurs impliqués dans la méthode puisqu'il s'agit d'éducation.
Fermeté : les conducteurs des enfants ne cherchent pas à leur faciliter la vie en utilisant des fauteuils roulants ou en faisant les choses à leur place. " Si tu veux y arriver, donne t'en les moyens, mais je suis là pour t'aider ". Ils vont les faire travailler pour qu'ils arrivent à trouver une solution. Mais attention, fermeté dans une main de velours.
Les conducteurs : une approche globale Il n'y a qu'une seule personne qui assure le traitement-suivi-enseignement. Les conducteurs sont à la fois kinésithérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes, enseignants avec de bonnes bases de pédagogie , psychologie et neurobiologie. L'avantage ? Les enfants ne sont pas trimbalés d'un spécialiste à l'autre, ce sont les mêmes personnes qui les suivent. Elles ont le temps de les observer dans leur globalité. Et surtout, les conducteurs ne passent que 4 à 5 heures par jour en contact direct avec les enfants. Ils peuvent donc être efficaces à 100%. Le reste du temps, ils prennent du temps pour réfléchir aux solutions à apporter à chacun.
Positifs : Pour les hongrois, un enfant handicapé atteint d'une IMC ne sera pas handicapé toute sa vie. Ils peuvent fonctionner seuls ; à nous de trouver le moyen. A un enfant qui ne sait pas manger seul, on ne lui dira pas qu'il ne peut rien faire. Non ! On remarquera qu'il est capable de bouger le petit doigt. A partir de là, on va travailler et faire des progrès.
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Nous sommes arrivés en plein carnaval, tous les enfants étaient déguisés et avaient préparé un petit spectacle. |
Une association de parents s'est constituée en France pour promouvoir la méthode de l'Institut Petö. Leur point commun : " Nous étions extrêmement déçus de l'avenir qui était proposé, en France, à nos enfants : une éternelle assistance et la perspective unique de la vie en fauteuil roulant et ceci malgré un système de prise en charge très sophistiqué. En France, 80% des efforts financiers pour un enfant atteint d'une IMC est destiné à la médecine contre seulement 20% pour l'éducation. En Hongrie, c'est l'inverse." La France semble faire la fine bouche et n'est pas encore prête à accueillir cette méthode dont ils reconnaissent les résultats. On n'a pas l'habitude de recevoir des leçons des pays de l'Est ? ? ? Et pourtant les anglais ont créé un institut Petö en Angleterre. L'association pour l'instant vise à promouvoir cette méthode notamment en faisant venir des conducteurs de Hongrie en France (Laval).
Pour une culture vivante
Ce soir, nous avons rendez-vous avec Katalin, 24 ans, étudiante en ethnologie et professeur de danse dans l'un des nombreux " Dans Hàz " que compte Budapest. Un " Dans Hàz " est un lieu où les hongrois se retrouvent pour apprendre et pratiquer tous types de danses.
Nous nous essayons aux danses hongroises
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Pendant toute une soirée, nous avons profité des cours de Katalin pour nous initier aux danses traditionelles hongroises. |
Mais comme nous le dit Katalin, beaucoup de jeunes s'inquiètent de l'invasion massive des modes de vie et de pensée en provenance de l' " ouest ". " Il ne faut pas que le développement économique se fasse au détriment de notre patrimoine, de notre culture et de nos valeurs. " C'est pourquoi certains groupes de musique et de danse comme celui que nous avons rencontré ce soir cherchent à approfondir, à rendre vivant et à transmettre leur patrimoine culturel et folklorique. Ces danses "Csango Mondvai " proviennent d'une région qui se situe entre les Carpates et la Moldavie, berceau de la culture hongroise du temps où cette partie de l'actuelle Roumanie appartenait à la Hongrie.
La conservation de ces danses et des valeurs en général de la culture hongroise paraît être un enjeu capital dans le processus de développement que poursuit la Hongrie. Espérons que ce mouvement engagé il y a déjà plusieurs année remplisse son rôle et puisse constituer un ferment d'unité au sein de la société hongroise.
Le gag de la semaine
Les bains hongrois
On ne vient pas à Budapest sans aller dans un bain thermal, c'est ainsi, les turcs ont laissé des traces. Conseillés par des hongrois, nous allons gaiement nous détendre dans un ancien bain turque. Nous avons encore à l'esprit nos expériences réussies des hamams marocains et des bains japonais. Ici, comme souvent, l'endroit est réservé aux hommes. A l'entrée, un employé nous distribue une sorte de mini pagne. Jusque là, tout va bien, on a hâte de plonger dans l'eau à 38°. Seulement, au moment où nous nous changeons, nous constatons d'un même élan que le pagne est assez spécial ! Il s'agit plus d'un ridicule bout de tissu blanc pendu à une ficelle et destiné à cacher nos attributs masculins, tandis que nos postérieurs sont à l'air libre. En réalité, ce qui nous gêne, c'est qu'on risque d'avoir froid aux fesses et d'attraper un méchant rhume. Ce serait fâcheux si près de l'arrivée. Mais nous nous disons qu'il faut s'accoutumer, et que si c'est la mode hongroise, allons y ! Une fois dans le bain, Kiki s'inquiète des regards et sourires furtifs, mais suffisamment expressifs, qui fusent de temps à autre. Lolo et Nico, sans leurs lunettes, ne voient rien et prient Kiki de cesser de se faire des idées. Mais tout de même, on a beau ne rien voir, l'instinct ne trompe pas souvent, et quelques comportements douteux commencent à sérieusement nous inquiéter. L'analyse de la situation est rapide : nous sommes dans un bain réservé aux hommes, certains ont l'air de plutôt bien s'apprécier et on se sent très mal à l'aise. Bref, même sans preuves flagrantes, on s'en va. Seul Loïc reste. Deux minutes après, il débarque en courant, affolé. Dans une petite salle recluse, à l'abri des regards, il a eu la preuve plus que flagrante : nous sommes tombés dans l'un des bains homosexuels de Budapest. Bilan de l'expérience involontaire de 20 minutes : plus jamais !
Nous regrettons l'ambiance naturelle et saine qui régnait dans les bains japonais et marocains. A Budapest, la prochaine fois, ça sera les bains mixtes, avec nos lunettes, comme le dit Loïc.
La photo de la semaine
Le parlement de Budapest, juste au bord du Danube, est l'un des plus beaux momuments de la ville.